Le politiquement correct n’existe pas chez nous. Je le sais depuis très longtemps. Pourtant pendant un laps de temps, mon idéalisme aidant, j’ai cru qu’il y aurait un jour un changement. Mais je me suis trompé. Le Sénégal est un sale pays politique.
D’abord, il n’y a aucune morale dans le champ politique sénégalais. L’éthique de responsabilité et l’éthique de conviction sont vouées aux gémonies par une classe politique qui n’a aucune idéologie claire, aucune orientation tactico-stratégique. Ensuite, il faut remarquer que la transhumance est une loi d’airain (c’est le moment de revoir la copie de Pareto) car la majeur partie des professionnels politiques ont déjà changé de parti politique. Macky Sall, chantre incontesté de la transhumance a été évincé immoralement du PDS.
Aminata Touré était communiste, Djibo Leyti, le Michael Phelps de la transhumance sénégalaise, excellent saltimbanque est devenu « allié ». Et Moustapha Niasse est un grand démocrate, je veux dire « dolécrate » qui chasse quiconque ose s’opposer. Attention lui a été dans presque tous les gouvernements depuis 1960. Il a été Directeur de cabinet, Ministre à maintes reprises. Et dans « l’ère » républicaine beige et marron, lui, le fossile politique, est encore là. Idrissa Seck, l’homme aux cinquante nuances de Grey, est aussi dans la danse, maire abonné absent à tout ce qui est important et majeur dans l’histoire politique du Sénégalais ne sait rien d’autre que faire des discours chocs pour attirer l’attention. L’homme aux mille flous sur fond de scandale financier lié aux chantiers de Thiès peut-il être le donneur de leçons du moment ?
Même si on sait que le patrimoine de Macky Sall reste encore mal justifié. Dans cette liste de personnes politiques dont on peut douter du sens moral, la liste est longue. Ces personnes sont devenues de véritables satellites du pouvoir central et ne se gênent jamais d’avoir un poste quelque absurde qu’il puisse être. Ministre des Machins, Directeur Général des trucs-choses. Peu leur en chaut, puisque c’est le contribuable qui paie. La question qui se pose est : Qu’est-ce que ces personnes ont apporté à la démocratie sénégalaise ? Ont-elles permis ou ralenti le processus de développement du Sénégal ?
Je pense carrément ce sont ces professionnels politiques qui sapent la marche sociale vers le mieux-être.
Le champ politique sénégalais est plein de ces requins, caïmans et caméléons qui ont une lecture opportuniste et clientéliste de la chose publique.
Enfin c’est le moment de se demander parmi les différents partis politiques qui concourent pour l’acquisition du pouvoir de décider au nom de tous qui a un projet politique clairement écrit, débattu avec l’électorat, critiqué, défendu dans l’espace public sénégalais ? Autrement dit, quel est le projet politique du Parti Démocratique Sénégalais ? Est-ce que ce parti a en un ? Qui l’a déjà lu ? Quelles sont les orientations stratégiques de Rewmi ? Quel est l’aspect éducation du projet politique de la Ligue démocratique ? Que préconise le projet politique d’And Jef pour accéder à l’autonomie énergétique ? Qu’est-ce que l’Act d’Abdoul Mbaye propose pour endiguer le terrorisme qui frappe à nos portes ?
C’est en gros les questions d’intérêt national à propos desquels on devrait voir un choc des réflexions idéologiques, une divergence des solutions proposées pour régler les problèmes sénégalais. Mais hélas, rares sont les professionnels politiques qui peuvent convaincre. Tout ce qu’ils savent faire c’est l’injure publique (Abdoulaye Wade traitant Macky Sall de cannibale et d’esclave, Massaly traitant Aminata Tall de prostituée politique, et accusant la gendarmerie, Iba Der Thiam et Djibo Ka traitant Abdou Diouf de menteur, Moustapha Cissé Lo qu’on ne présente plus en termes de frasques, entre autres), l’esquive, la diversion et le saupoudrage médiatique.
La démocratie sénégalaise est une illusion pour les masses, illusion entretenue par le consensus hypocrite entre professionnels politiques, d’une part, et d’autre part les collusions entre les professionnels politiques et les professionnels des médias. Le cas Yakham Mbaye, le cas de Souleymane Jules Diop et d’Abdoulatif Coulibaly sont à méditer. Parce que dans une démocratie « normale », les professionnels des médias ne font pas de politiques, ils permettent l’occurrence du débat publique sans jamais en faire. Enfin les journalistes doivent rester indépendants pour le bien du jeu démocratique. Enfin, je pense que j’en ai trop dit…
Il faut assainir le champ politique sénégalais… la société civile sans corruption, à vous…
Hamidou Samba BA
Ecrivain, chercheur en science politique