Au sortir de la Cop 21 à Paris, avec l’accord historique conclu et surtout les fortes promesses à l’endroit des pays africains pour le développement des énergies renouvelables, un pays comme le Sénégal devrait au plus vite développer une stratégie d’absorption des financements promis.
Vu le taux d’électrification de notre pays plus que faible, surtout en zone rurale où plus de deux tiers de la population n’ont pas accès à l’électricité, il urge d’accélérer vers une transition énergétique durable. Et pour ce tournant énergétique, le Sénégal a besoin d’une feuille de route transcendale de tous les secteurs économiques de la vie, sociétalement inclusive et politiquement courageuse.
Cette feuille de route de la transition énergétique devra traiter toutes les ressources énergétiques du Sénégal telles que le solaire, l’éolien, l’hydraulique et la biomasse, mais aussi les potentialités de l’efficacité énergétique et le relèvement de la qualité du réseau de la transmission et de la distribution. Et c’est seulement ainsi qu’elle pourra impulser une croissance économique avec des dividendes thésaurisés, bases d’un réinvestissement garanti et d’un développement durable et équitable.
Le secteur énergétique, comme il se présente aujourd’hui, n’est sur le plan financier, social comme écologique, pas du tout efficace en raison de sa dépendance à l’importation de ressources énergétiques fossiles. Jusqu’à 10% du produit intérieur brut (Bip) doivent chaque année être consacrés à l’importation des combustibles fossiles, et dedans, le secteur de l’électricité a une part qui tourne autour de 86%. Il est bien vrai que les fortes dépenses de compensation tarifaire ont été réduites ces deux dernières années, presque à néant, du fait surtout d’un prix du baril de pétrole en-dessous de 28 dollars Us, mais les augmentations notées ces derniers jours devraient nous pousser à plus de vigilance. En 4 mois et demi, le prix du baril a été multiplié par deux pour passer le 9 juin à plus de 52 dollars Us.
L’enjeu crucial, ou même vital que constitue la lutte contre la précarité énergétique, comme le souligne d’ailleurs l’objectif N°7 des objectifs de développement durable adoptés par l’Onu, doit pousser un pays comme le Sénégal, avec toutes ses potentialités, à considérer les énergies renouvelables comme l’énergie du futur, et le tournant énergétique comme irréversible. Et cela, malgré l’engouement créé par les découvertes récentes de gaz et de pétrole.
Au vu des multiples projets de construction de centrales solaires et éoliennes initiés par la coopération internationale et des privés, nous sommes bien sûr, sur une bonne voie pour avoir un vrai déploiement des Energies renouvelables (EnR) dans le pays. Cependant, la transition énergétique est plus qu’une massification de la production d’électricité à base de ressources renouvelables ! Il est aussi important de donner plus d’importance aux autres aspects de la transition énergétique, que sont l’efficacité énergétique, les systèmes énergétiques intelligents et bien sûr, les innovations.
Le roadmap de la transition énergétique devra, si cette dernière doit être efficiente, inclure les objectifs suivants, bien que la liste ne soit pas exhaustive :
- Objectifs réglementaires : élaboration par des experts nationaux de normes et réglementations issues des expériences gagnées sur des sites de référence nationaux ou régionaux.
- Objectifs juridiques : adoption de lois garantissant un traitement dans des délais raisonnables des demandes et autorisations de réalisation de projets à EnR.
- Objectifs organisationnels : Réorganisation et ouverture de la commission de régulation du secteur de l’électricité aux acteurs des EnR pour une meilleure prise en compte de cette thématique et pour un traitement équitable des contentieux engendrés par l’accès au réseau électrique et le coût de rachat !
- Objectifs de développement d’innovations : Réduction des barrières à l’investissement dans la maîtrise d’énergie et mise en place d’incitations pour la rendre plus attractive.
- Objectifs de réduction des émissions des Ges : Détermination à travers des mesures scientifiques de la contribution de chaque secteur de l’économie nationale aux émissions de CO2 et mise en place d’une réelle politique de substitution des «grands pollueurs».
Avec la transition énergétique, la production d’électricité par des sources renouvelables, indigènes et inépuisables, permettra de renforcer notre économie nationale et de créer enfin les emplois verts tant attendus !!!
El Hadji DIOP
TERRA Technologies – EH.Diop@T-online.de
Commentaire sur “Transition énergétique Au Sénégal : Il Nous Faut Enfin Un Roadmap”
Très belle analyse.
Que l’état commence surtout à mettre en place une direction des énergies renouvelables au MEDER