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Pourquoi La France Doit DÉboulonner Les Symboles Du Racisme

Le président Emmanuel Macron aura donc choisi de refuser la discussion sur le passé colonial, esclavagiste et raciste français. Pendant que bruissent les revendications de justice raciale sur l’espace public, le chef de l’État expose ses lacunes et abandonne le terrain de la justice pour celui de la morale.

Car fondamentalement c’est de la question de la réparation qu’il s’agit. De la réparation d’un crime contre l’humanité et de ses conséquences dont la pandémie multiséculaire du racisme anti-Noirs.

D’Haïti, qui, pour son indépendance, a dû payer 90 millions de francs aux colons de la colonie la plus riche d’Amérique au XVIIIe siècle, à la Guadeloupe, où la République a indemnisé les esclavagistes après 1848, en passant par les législations spécifiques justifiant le travail forcé auquel les Africains ont été soumis pendant la seconde colonisation, justice peine à être rendue pour les spoliations que l’Afrique et ses descendants subissent sur le continent comme en diaspora.

Et, en déclarant que « la République n’effacera aucun nom ou aucune trace de son histoire », Emmanuel Macron juge nulles et non avenues des mobilisations citoyennes qui essaient de redéfinir une nouvelle conscience historique et progressiste sur un espace public mondialisé en proie à de vives tensions. Par son incapacité à définir un cap et une vision des relations sociales entre des communautés heurtées par les injustices raciales pandémiques, l’État français risque d’accroître les tensions exacerbées depuis la mort de George Floyd à Minneapolis.

Crime contre l’humanité

L’acuité nouvelle de ces mobilisations interraciales interroge la subsistance des symboles du racisme sur l’espace public perçus comme une sorte « d’apologie du racisme ». Il est très édifiant qu’elles aient d’abord pris pour cibles les honneurs rendus à des personnalités qui se sont enrichies grâce la traite des noirs et à l’esclavage. Comme si ce crime contre l’humanité continuait de hanter la conscience contemporaine mondiale. Comme si ce passé ne passait toujours pas.

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Il est vrai qu’à l’exception de la France et du Sénégal, pratiquement aucun autre pays n’a qualifié dans son corpus législatif ce crime contre l’humanité et ne commémore le souvenir de cette tragédie. Pourtant, les études historiques sont là. Quelques romanciers en dégagent une matière sensible partageable. Quelques musées en racontent les modalités. De rares artistes s’en saisissent pendant que le cinéma européen est quasiment absent de l’évocation et de la mise en images et en sens d’une histoire plus proche qu’on ne veut le penser et le voir.

C’est ainsi que de Minneapolis à Dakar, en passant par le Cap, Abidjan, la Martinique et Bristol, le monde s’interroge sur l’usage du passé et son instrumentalisation dans l’espace public. Des statues sont bousculées, des monuments déboulonnés, des rues renommés et des États sommés de répondre à cette colère inédite dans l’histoire contemporaine.

Pandémie de quatre siècles

Si les mobilisations du Black Lives Matter ont pris ce tour symbolique, c’est que les circonstances historiques et politiques de la mort de George Floyd réveillent une pandémie de quatre siècles que les démocraties occidentales peinent à éradiquer. L’agonie de George Floyd est donc ouvertement reliée aux siècles d’oppression raciale et de brutalisation que les noirs subissent indifféremment de leur situation géographique dans le monde et de leur statut social.

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