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Haut Conseil Des Collectivités Territoriales Du Sénégal : Pertinence Et Enjeux?

Haut Conseil Des Collectivités Territoriales Du Sénégal : Pertinence Et  Enjeux?

L’avènement de la seconde alternance a été une occasion pour revoir et faire avancer notre système de gouvernance depuis notre accession à la souveraineté nationale jusqu’à nos jours.

Partant du principe que les sociétés les mieux organisées sont les plus avancées sur tous les plans, il est heureux de constater que le Sénégal a toujours fait des efforts dans ce sens. Depuis l’indépendance, des réformes ont été entreprises pour organiser le territoire national sur le plan géographique avec des découpages en régions, départements et arrondissements; mais aussi sur le plan de la fonctionnalité de ces structures pour rapprocher le plus possible le citoyen de son administration.

En matière de gouvernance locale, certes de nombreuses réformes ont été entreprises jusque là, mais aucune n’a été aussi profonde que celle connue sous la seconde alternance que nous sommes en train de vivre. En effet, commençant par l’Acte III de la décentralisation jusqu’à la mise en place du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), la préoccupation majeure est, non seulement de renforcer le rapprochement de l’administration locale des administrés, mais surtout de faire participer de manière inclusive toutes les forces vives au développement économique et social de leur terroir.

La particularité de la réforme de l’Acte III de la décentralisation, c’est de revenir sur la création de grands ensembles territoriaux économiquement viables appelés «Pôle économique». En fait, le principe voudrait que ce qui rassemble soit toujours meilleur que ce qui divise. Or beaucoup de réformes institutionnelles ont conduit à un effritement de notre territoire national. Partant de sept (7) régions à l’indépendance, nous sommes à quatorze (14) aujourd’hui. Cette sorte de balkanisation de notre territoire pour des raisons de politique politicienne n’a jusqu’à présent conduit ni à une facilité de la gouvernance locale ni à une soutenabilité des besoins économiques des localités. Cette division n’a fait qu’augmenter les divergences à tout point de vue et créer des rivalités injustifiées fondées sur des caprices et des positionnements politiques de bas étage. Au lieu que l’on bénéficie d’une démocratie avancée telle que souhaitée au départ, on aboutit à faire reculer notre démocratie sur certains points de gouvernance locale.

Par contre, l’approche de la mise en œuvre de la gouvernance locale avec l’Acte III de la décentralisation encadré par le Haut conseil, conduit inéluctablement à une émergence économique durable, telle que souhaitée par les populations en général et celles du milieu rural en particulier. C’est ce qui porte toute la pertinence des pôles économiques territoriaux prévus dans l’acte III de la décentralisation. L’articulation du découpage géographique avec les potentialités économiques des zones, constitue une nouvelle vision et une nouvelle approche de l’organisation territoriale dans une perspective de création d’une autonomie économique durable. En créant des ensembles économiquement homogènes, cela pourrait aider à booster le plus rapidement possible l’émergence économique du pays.

C’est pourquoi, ne pas comprendre ou ne pas accepter la pertinence du concept de pôle économique territorial comme moyen privilégié de construction d’une économie durable à partir de la base, parait relever d’une mauvaise foi intellectuelle simplement. Les principes élémentaires des mécanismes les plus fiables pour asseoir une économie solide fondée sur une bonne prise de conscience et sur une implication réelle des acteurs à la base et bénéficiaires de cette économie, sont connus de tous. Mettre en pratique ces principes dans un environnement favorable devrait aboutir à un résultat probant.

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Si le référendum précédent prévoit un organe de gestion pour assurer l’harmonie et la cohérence des activités qui vont se dérouler depuis la base (c’est-à-dire depuis le territoire), il ne peut pas y avoir d’instance plus pertinente que le Hcct. Cette chambre dont les membres sont composés d’élus à la base et par la base, constitue l’une des plus représentatives du peuple. Le Hcct sera un espace d’échanges et de dialogue entre les élus locaux, mais aussi un trait d’union entre la base et le sommet de l’Etat. Il reflétera, plus que toute autre représentation, l’émanation des préoccupations du peuple avec plus de fiabilité, de fidélité et de pertinence des réalités du vécu des populations. Il donnera également à l’élu local plus de crédibilité et de sentiment d‘utilité plus accrue à l’œuvre de construction du développement économique et social de son terroir et de son pays en général. Cette chambre lui permettra de faire valoir les compétences et les idées des mandants véhiculées par les élus locaux.

En tant que chambre consultative pour l’exécutif, elle permettra d’assurer une grande fiabilité des informations issues de la base, que le gouvernement pourra utiliser à tout instant comme intrants de grande valeur dans sa planification aussi bien stratégique qu’opérationnelle. Les actions gouvernementales seront plus articulées aux besoins réels des populations, conduisant à plus de pertinence et de cohérence dans les dépenses budgétaires. En quelque sorte, le pouvoir sera mieux conseillé dans ses actions de développement pour sortir les populations de la grande pauvreté et du sous développement endémique. Les solutions endogènes qui seront issues du travail du Hcct permettront de mieux définir des politiques de développement facilement mises en œuvre car ayant déjà l’assentiment des acteurs et bénéficiaires à la base.

L’autre facette de cette problématique du Hcct est l‘organisation des terroirs qui ont des similitudes de potentialités économiques pour les constituer en pôles économiques régionaux. Cette idée de construire de grands ensembles homogènes économiquement, devrait faciliter le développement de la production de richesses (agricoles, minières, artisanales, halieutiques…) Cette forme de production par cercles concentriques permettra de couvrir les besoins du pays et réduire rapidement les dépenses à l’importation.

En jouant sur les principes de mise en cohérence et d’harmonisation des spéculations, on devrait aboutir sur un échéancier très court à une autosuffisance dans un premier temps et à l’exportation des productions dans un second temps.

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Toutefois, le principal défi qu’auront les gestionnaires de cette chambre, sera la problématique de la formation. Il faudra que tous les membres soient suffisamment outillés par des formations appropriées, mais également, que les acteurs à la base soient accompagnés par des formations spécifiques sur l’appropriation des missions de leur nouvelle structure et aussi sur les techniques de production massive de qualité et sur les nouveaux systèmes de gestion qui rendent les produits plus compétitifs sur les marchés national, sous régional et international. Ce vaste programme de formation, de sensibilisation et d’information, devra nécessairement accompagner le fonctionnement de cette nouvelle structure depuis la base jusqu’au sommet. Ainsi, des résultats de performance substantiels de ce qui représente toute la quintessence de l’Acte III de la décentralisation seront assurés.

Aujourd’hui que nous sommes à l’ère des découvertes pétrolières et gazières dans notre pays, il serait également utile de mettre en place des programmes de formation qui préparent aux différents métiers d’exploitation de ces ressources. Les jeunes des régions qui abritent ces gisements devraient être préparés à ces métiers en y implantant des Ecoles supérieures polytechniques à formation professionnelle de courte durée : Bac +2 (Esp). Cette approche prospective permettra d’absorber les emplois qui seront créés durant la période d’exploitation de ces ressources minières.

Les détracteurs de l’existence de cette chambre militent probablement pour un centralisme totalement dépassé par les modes de gestion du 21ème siècle. En effet, il faut bien reconnaître que plus on arrive à fédérer les différentes préoccupations issues de la base, mieux on est proche de cette base et encore mieux on est apte à prendre en charge ces préoccupations. Il ne sert à rien d’avoir des instances dont les membres sont éloignés des réalités du terrain parce que issus des listes confectionnées sur la base d’affinité politique ou sentimentale, et non sur la base de compétence ou élus par le peuple lui-même.

Aujourd’hui plus que jamais, notre pays a besoin de bons esprits positivistes comme des managers compétents avec un sens élevé du patriotisme et de l’éthique. Le nihilisme n’a ni le temps, ni la place dans le cours de l’évolution de notre pays, à l’heure où nous sommes. Il faut donc créer un environnement propice aux activités de développement socio-économique en invitant les citoyens à un changement de mentalités et de comportements.

Dans une démocratie avancée, il faut certes des critiques et des moments de reddition de comptes, mais il faut aussi des moments de réflexion positive et de travail réel. Il faut réduire, sinon supprimer les polémiques stériles et inutiles qui induisent en erreur certains bons citoyens qui aiment leur pays et souhaitent vivre dans la paix et la dignité.

Enjeux a-t-on dit? Oui, parce que le Haut Conseil suscite beaucoup de convoitises et de nombreuses personnes s’agitent pour contrôler ou participer à sa gestion. Il y a donc des enjeux éminemment politiques autour du Président de la République, qui seul peut nommer au poste de responsable pour cette nouvelle structure très importante dans la marche du système de gouvernance de notre pays.

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Toutefois, il est bon de reconnaître la légitimité pour tout parti politique de convoiter la gestion de cette deuxième assemblée du pays dont le rôle, pour une bonne gouvernance et une bonne orientation des politiques de développement de l’Etat, n’est pas à démontrer. L‘influence que devra porter les avis de cette chambre sur la marche correcte du pays peut aider un parti à être très proche des affaires et surtout avoir des informations très utiles pour une bonne compréhension de la conduite d’un Etat moderne qui doit s’appuyer sur des valeurs comme la transparence, l’éthique et la gestion vertueuse des ressources avec le concours des nouvelles technologies de l’information et de la communication (Tic).

Mais il semblerait que le choix est déjà fait sur M. Ousmane Tanor Dieng pour diriger cette structure. Si tel est le cas, en portant un choix sur le fils du terroir, M. Ousmane Tanor Dieng, Sg du Ps et membre de la coalition Beeno Book Yaakar (Bby), le Président aura encore montré la clairvoyance dans ses options, la cohérence dans ses démarches et ses aptitudes de grand stratège politique. Le Président Macky Sall, étant très conscient de l’importance et de la valeur de la coalition Bby, aurait ainsi choisi de passer par cette voie pour consolider cet acquis exceptionnel au Sénégal en responsabilisant M. Dieng au même titre que son homologue, Président de l’Assemblée nationale et Sg de son Parti. Le Président aura réussi ainsi à faire un équilibre dans la gestion des affaires de l’Etat par la coalition et respecter son slogan «Gagner ensemble et gérer ensemble». M. Ousmane Tanor Dieng étant du reste, un homme de valeur qui mériterait bien cette posture. Il est vrai qu’il a été, à plusieurs reprises, un candidat malheureux à la présidentielle du pays, mais il n’en demeure pas moins un homme du sérail qui a beaucoup d’expérience de l’administration de l’Etat et du Parti le mieux structuré du pays. Il est connu pour son sérieux, sa sobriété et sa rigueur dans la gouvernance des affaires de l’Etat. Une personne ne saurait être mieux indiquée que lui sur le plan politique et comme sur celui des compétences. Dans tous les cas, s’il est nommé à ce poste, les véritables patriotes ne sauraient que s’en réjouir et lui souhaiter une excellente réussite dans sa nouvelle mission.

 

Adama FAYE

Ancien de l’école normale William Ponty, enseignant et administratif de l’Education nationale de carrière, titulaire d’un DESS en Ingénierie de Gestion des systèmes d’éducation et de formation, spécialiste en Suivi-évaluation des projets et programmes, actuel Directeur Général Adjoint de Esup Dakar,

Ressortissant de Fatick et ancien candidat à la mairie de Thiaroye sur mer.

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