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Démocratie Et Bonne Gouvernance En Afrique : Et Si On S’inspirait De Thierno Souleymane Baal

Démocratie Et Bonne Gouvernance En Afrique : Et Si On S’inspirait De Thierno Souleymane Baal

La démocratie comme la bonne gouvernance figure en bonne place parmi les questions les plus débattues par les analystes, politistes, économistes…

De telles questions sont si présentes dans la gouvernance actuelle des Etats et dans la place publique à tel point qu’aujourd’hui le profane même en parle à travers son propre analyse. Dans un autre registre, il apparait clairement que les donneurs de leçons (européens et américains) de ce monde croient et pensent avoir été les premiers à opiner et parler sur ces sujets alors que déjà en Afrique et singulièrement au pays de la téranga (Senegal), un grand savant, sage et visionnaire avait montré la voie qu’il fallait entreprendre pour accéder à la réalisation pratique de ces idéaux.

Ce sage et imam se nomme THIERNO SOULEYMANE BAAL

Ainsi, la question centrale qui taraude les esprits et qui mériterait d’être posée est celle de savoir : quels sont les principes prônés par Thierno Souleymane BAAL à l’endroit de la Bonne Gouvernance et de la Démocratie ?

Le Sage de Fouta Tooro préconisait durant son vivant de :

« Détrônez tout imâm dont vous voyez la fortune s’accroître et confisquez l’ensemble de ses biens ; combattez-le et expulsez-le s’il s’entête »

Il sied de rappeler que le terme « imam », au-delà de celui qui dirige les prières, scelle les mariages… renvoie ici à toute autorité investie d’une charge publique au sein de la communauté. Selon la conception islamique, est imam: le chef de l’Etat, le Ministre, le gouverneur le commissaire… voire toute personne qui, pèse sur ses épaules une quelconque responsabilité.

Ce premier principe peut renvoyer ici à l’idée (d’enrichissement sans cause). Et chez nous on parle de biens mal acquis, d’enrichissement illicite. Car, estime-t-il, l’autorité publique qui a pour mission principale de servir l’Etat donc les citoyens ne doit pas utiliser le pouvoir ou tout autre moyen pouvant la permettre de bâtir un empire financier ou d’accaparer des avoirs faramineux acquis généralement en toute illégalité.

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Et par conséquent celui qui fait recours à une telle pratique qui est en déphasage avec la gouvernance vertueuse doit voir sa fortune acquise de façon malsaine récupérée et redonnée à la société. L’application de ce principe aiderait certainement à faire entrave aux capitaux illicites qui sortent chaque année du continent et qui pouvaient être utilisés pour faire face à un certain nombre d’urgences socio-économiques qui ont pour nom : éducation, santé, assainissement…

En un mot, disons que ce principe englobe tout ce qui est en croisade contre détournement de deniers public suivant des intérêts personnels, corruption… donc la mal gouvernance qui constitue aujourd’hui la problématique cruciale et la question la plus épineuse dont les Etats africains sont confrontés.

Le second principe avancé par Baye Thierno est de soutenir l’idée selon laquelle

« veillez bien à ce que l’imâmat ne soit pas transformé en une royauté héréditaire où seuls les fils succèdent à leurs pères »

Ici l’érudit de Fouta alerte et met en garde ce que l’on appelle dans nos démocraties modernes la dévolution monarchique du pouvoir (un pouvoir qui se transmet de père en fils).

Une autre problématique très préoccupante qui se trouve au cœur de la vie politique africaine et qui fait l’objet de plusieurs débats virulents voire d’actions qui peuvent mener à la dérive. C’est dire donc que THIERNO S. BALL avait prévenu et montré la voie à suivre sur ce plan pour ne pas sombrer dans ces genres de problèmes qui ont tendance à nous détourner de l’essentiel.

Dans cette même ordre d’idées, il ajoute aussi que :

« l’imâm peut être choisi dans n’importe quelle tribu. Il ne faudra jamais limiter le choix à une seule et même tribu ».

Rattaché au second principe prôné par le grand sage dans sa constitution, nous pouvons dire que par-là, il soutient et fait référence à une autre dimension essentielle de la démocratie qui est le pluralisme. Cela veut tout simplement dire que la démocratie constitue un système qui admet la diversité sous toutes ses formes (politique, religieuse ethnique…). En d’autres termes, il faut qu’il ait participation de tous et sur toute chose qui intéresse la bonne marche de la communauté dans les règles de l’art, gage d’un respect de l’idéal républicain.

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Enfin, il met en exergue le critère de compétence et d’aptitude dans la conduite des affaires de la Cité en disant :

« Choisissez toujours un homme savant et travailleur ; fondez-vous toujours sur le critère de l’aptitude »

En sa qualité d’homme religieux, THIERNO s’est fortement inspiré de l’enseignement de l’islam pour édicter de tels principes O combien nobles et fondamentaux dans tout Etat. Le messager de Dieu avait dit à ses compagnons un jour de se préparer au venu du jour dernier quand la confiance sera banalisée. Et ces derniers de lui demander à quel moment la confiance sera-t-elle banalisée ? Il leur répondit quand la responsabilité sera confiée aux non ayant droits.

A travers ces deux derniers critères de choix du chef ( président, Ministres…) le savant de Fouta Tooro veut nous faire comprendre que même si la démocratie accepte le pluralisme, il n’en demeure pas moins que ceux et celles à qui on doit confier les charges et responsabilités dans la société en générale et au sein de l’Etat en particulier doivent être aptes à la fois au plan physique, mental et intellectuel sinon, c’est tous les citoyens qui empâteront et s’en suivra sans doute l’échec.

C’est dire donc que démocratie ne doit pas rimer avec incompétence.

En définitive, partant de cette analyse, il apparait en toute évidence que le chemin des chantiers de la gouvernance vertueuse comme ceux de la démocratie ont été balisés depuis belle lurette par cet éminent fils de l’Afrique si Sage et si éclairé.

Pourquoi donc nous africains, acceptons de suivre à la lettre les orientations en termes de démocratie et de bonne gouvernance venant de la part des occidentaux qui ont pensé alors qu’on a des réalités qui nous ont propres ?

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Pourquoi ces nobles principes dégagés par cet éminent personnalité ne sont pas jusqu’ici valorisés et enseignés dans notre système éducatif ?

Pourquoi ceux et celles qui se réclament de l’intelligentsia ne font pas recours à ses pertinentes idées lorsqu’il s’agit de parler de démocratie et de la vie politique en générale ?

Pourquoi acceptons-nous toujours de baigner dans une cécité intellectuelle et un complexe d’infériorité vis-à-vis des intellectuels occidentaux ?

La réponse face à toutes ses interrogations est tout simplement de dire que l’occident ou les Etats-Unis n’ont aucune leçon à nous donner surtout quand il s’agit de parler de démocratie ou de bonne gouvernance en ce sens que les érudits et intellectuels africains de tout bord se sont toujours penchés sur l’idéal et le fonctionnement d’une société avant que d’autres ne s’en inspirent et en font une récupération.

Il est urgent pour nos décideurs de toute obédience confondue de se lancer dans une logique de valorisation de l’enseignement des savants et guides africains dans l’optique de refonder des systèmes politiques, économiques, éducatifs qui vont épouser nos réalités et laissé à l’occident son système caduque, archaïque dépassé, malsain, pourri et inadéquat face à nos besoin liés à l’édification d’une nation forte et saine et au développement tout court.

 

CHEIKH DIOP

ETUDIANT EN SCIENCE PO, UGB

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