«La vraie alternative de développement pour le Sénégal n’est pas celle que l’on croit. Les vraies réformes ne débutent pas en dehors de soi, s’en prenant à ceux d’en face. Elles consistent en un radical changement de regard, de mentalité, d’attitude et de génération pour un développement durable de notre patrie, de notre nation et du peuple sénégalais».
La volonté d’Un seul n’est certainement pas celui de plus de 12 millions de Sénégalais souffrant d’un manque de couverture sanitaire totale, d’un système éducatif gangrené avec ses problèmes que nous venons de traverser, avec des enseignants ayant pris en otage ces pauvres écoliers, cette pauvre jeunesse, espoir de la nation, d’une autosuffisance alimentaire non atteinte, d’un système agricole pas encore capable de subvenir à tous nos besoins, un approvisionnement énergétique sans notion de durabilité, pris en otage par une minorité malsaine.
Dans ce brouhaha des discours politiques, aucun Sénégalais ayant un tant soi peu de culture politique, ne rêve de miracles politiciens. Personne, pas même notre actuel Président, dont il faut de manière objective néanmoins, saluer les efforts, avec toute la marque de considération qui lui sied, n’est ou ne sera un messie, le prophète omnipotent de notre développement durable. Ce dernier qui fait partie d’une chaîne de continuité a apporté, et continuera, jusqu’à la fin de la durée prédestinée de son ministère, juste à apporter, sa modeste contribution à l’édification de notre patrie, et un autre après lui, suivra.
L’ambition d’Un seul, n’est pas l’ambition du Sénégalais moyen, qui se débat dans ses déboires journaliers. Le père de famille qui court du matin au soir pour espérer subvenir aux besoins vitaux de sa famille. Il est absolument regrettable, voir écœurant que l’on puisse croire, que notre nation ne porte pas en son sein «un plus grand que Senghor», pour pouvoir mener notre pirogue sur les flots du développement.
En ce 21ème siècle, la communication est au cœur de tous les enjeux. Mais communiquer, ces politiques communiquent en vérité sur quoi ? Des milliards ? Le mendiant, le talibé, le pauvre Sdf, la femme enceinte qui meurt sur la charrette la menant vers le poste de santé le plus proche sur une route non bitumée, ceux là ont-ils vraiment des préoccupations de milliards ? Un bout de pain, le sourire à la naissance de son enfant de cette mère, voila leurs préoccupations, en plus de savoir leurs vies sauves, parce que bien prise en charge. Au nord du Sénégal, dans certains villages, les femmes accouchent encore à domicile. Alors de grâce, que nos chers politiciens ne nous leurrent pas emmitouflés dans leurs beaux 4×4 rutilants, neufs, brillants comme des diamants. Au coin de la rue, un enfant pleure, parce que loin de ses parents, en otage dans un de ses piteux daaras ou simplement abandonné dans la rue.
Il serait temps de repenser le message politique et de se préoccuper de la nation de manière citoyenne et patriotique. Personne, n’en déplaise à tout politicien, ne sera à la tête de ce pays, sans des compétences et une confiance des électeurs.
C’est au pire des cas «Le moindre mal» qui présidera aux destinées du Sénégal, au soir de ces élections à venir et obscurcies déjà par ce verbiage politicien sans véritable substance. La richesse ne se trouve pas en faisant de la politique.
Mais dommage que des gens soient riches par la politique. A la sueur de ton front tu gagneras ton pain quotidien, nous enseignent les Ecritures saintes, et non sur la sueur de tes pairs tu te feras ton ombrage. Tout se paie dans ce «monde du dedans et dehors», comme nous l’enseigne le grand soufi musulman Rumi.
Alors rien ne sert de se targuer de capacités que l’on n’a certainement pas et que l’on n’aura jamais. La vraie préoccupation devrait être cet enfant qui naît, doit être pris en charge médicalement, doit aller à l’école, avoir une bonne éducation, acquérir un métier, et avoir un emploi lui permettant de subvenir à ses propres besoins et fonder sa famille, participer au développement durable de son pays.
Ce pays, «Rewmi», ne sera jamais la propriété d’un seul, ce pays est à nous tous. Et seul celui qui répond le mieux à nos attentes présidera à sa destinée. Dakar, ses problèmes, ne sont pas les problèmes d’un petit village au fin fond du Fouta, où l’on dort encore dans des cases au toit de paille. On ne cesse de nous servir, de manière inconvenante, un justificatif sur l’âge du président. Mais ceux là, ont-ils depuis la date de création de leurs partis, accepté d’être remplacés à la tête de leur organisation politique ? Si ce n’est pas la mort, l’impotence, la défaite électorale, ou une lutte sans merci de leadership, aucun chef de parti, jusqu’à aujourd’hui n’a renoncé au pouvoir de direction d’un parti. Il ne faut pas reprocher à l’autre ce que l’on s’applique pas soi-même.
Ce pays Rewmi, ne sera pas la propriété d’un seul ou d’un groupe d’intérêts économiques.
Deux sages africains nous interpellent encore et toujours : Amadou Hampaté Ba disait : «Un chef qui commence à tuer devient très vite un gardien de cimetière».
Et Wolé Soyinka, comme pour lui donner la réplique ajoutait : «Un homme meurt chaque fois que l’un d’entre nous se tait devant la tyrannie».
L’Article 22 de la déclaration universelle des droits de l’Homme stipule : «Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l’effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l’organisation et des ressources de chaque pays».
De véritables activistes des droits de l’Homme devraient avoir plus que du pain sur la planche, en s’évertuant dans l’application et la réalisation universelle de cet article unique ; et arrêter de nous tympaniser avec des plaidoyers affairistes.
Ils aiment encore plus le pouvoir que les politiciens à ce jour.
Messieurs les Hommes de pouvoir, méditez bien cette pensée de cette militante de la liberté Aung San Suu Kyi : «Ce n’est pas le pouvoir qui corrompt, mais la peur: la peur de perdre le pouvoir pour ceux qui l’exercent, et la peur des matraques pour ceux que le pouvoir opprime.»
Donc entre «ngor et gorée» quel sera ton chemin, patriote ?
Alassane DIAGNE
Ecrivain -Poète – Auteur de livres pour enfants
Consultant en éducation, gestion environnementale et énergies renouvelables
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