Malgré les slogans et déclarations pompeuses du Gouvernement, force est de reconnaître que nous ne sommes pas encore sortis de l’ornière.
A qui la faute ? Bien évidemment, à un régime au charme communicationnel extraordinaire. Des slogans, rien que des slogans au lieu de prendre à bras-le- corps les problèmes les plus élémentaires du Peuple : sécurité, éducation, épanouissement social, environnement sain, nourriture saine et équilibrée, accès à la santé, droit à l’entreprenariat et à la richesse, droit à la justice et à l’équité. Si cela manque, que nous reste-t-il de nos droits de citoyens ?
Pourtant, les tenants de la communication gouvernementale ne se gênent pas de continuer à nous dresser un tableau édénique de la situation du pays où rien ne manque et où tout clignote au vert.
Pour preuve, le ministre Porte-parole du Gouvernement, s´était permis le 9 octobre 2015, à la veille de l’ouverture de la session budgétaire, de nous présenter les chiffres suivants : Pour la première fois dans l’histoire de notre pays, le budget initial de l’Etat dépasse le cap des 3 000 milliards de F Cfa, pour atteindre 3 022,398 milliards de F Cfa. Pour vous donner une idée de ce volume de financement qui sera injecté l’année prochaine dans notre économie, je rappelle qu’en 1960, le budget du Sénégal était de 19 milliards de F Cfa. En 2012, le budget initial s’élevait à 2 344 milliards de F Cfa, soit une progression en 2016 de 678,398 milliards en valeur relative et 28,94% en valeur relative.
Or, ce que le ministre devait savoir, c’est que si le budget a augmenté de 1960 à 2016 de 160 fois, qu’est-ce qui empêche qu’on puisse régler les questions les plus basiques et vitales ? Pourquoi nous continuons de manquer d’eau, d’électricité avec des coupures journalières injustifiées? Pourquoi à chaque fois que les étudiants doivent percevoir leurs bourses, ce sont des arrestations, des blessés ou parfois des morts ? Pourquoi les citoyens continuent de fuir les hôpitaux et postes de santé par manque de moyens et en raison de la cherté du coût de la santé publique ? Pourquoi tant de mendicité dans les rues et les banlieues des grandes localités sénégalaises qui plutôt devraient être des pôles attractifs pour des activités plus porteuses et plus saines ? Pourquoi nos régimes successifs ne peuvent-ils pas nous doter d’une justice indépendante et de développement ? Enfin, si cela est avéré, qu’est-ce qui explique la violation flagrante des droits des travailleurs du pays : enseignants, médecins, fonctionnaires des collectivités locales, et j’en passe?
Autant d’interrogations que n’importe lequel de nos compatriotes peut se poser après avoir écouté ou lu ces déclarations à la fois rocambolesques et paradoxales du ministre Porte-parole du Gouvernement.
A la lumière de ces sempiternels déclarations et slogans d’un régime dont les tenants ont la cécité politique, il est grand temps de se poser la question de savoir si ceux qui nous gouvernent continuent d´être les «Cavaliers blancs» porteurs d’espoir au soir du 25 mars 2012 ou tout au contraire, s’ils sont les «Cavaliers de l’Apocalypse» porteurs de funestes desseins pour un Peuple abandonné à lui-même, en proie à tous les dangers imaginables : cinq accidents au moins par jour, pénurie d’eau dans tous les azimuts de la capitale et les autres localités du pays alimentées par le lac de Guiers, hausse exponentielle des factures d’eau et d’électricité en dépit du manque constant, flambée des produits de consommation, entre autres épreuves dont pâtissent horriblement les populations sénégalaises.
En dépit de tout, on nous clame une augmentation historique des ressources du pays. Faut-il continuer à vivre dans un pays où seuls ceux qui gouvernent ont droit à l’opulence et à l’aisance ? Faut-il continuer d’accepter qu’un régime viole délibérément le pacte qui le lie au Peuple pour des ambitions bureaucratiques, ploutocratiques et oligarchiques ? Je crois que non, la voix du Peuple doit être la seule qui vaille. Or, le Peuple dit non à la gabegie des ressources publiques dont il est le contribuable et l’ayant-droit.
Bref, nous disons non à l’érection par l’Etat Benno bokk yaakaar d’une institution budgétivore pour faire la promotion d’une clientèle politique bourgeoise ayant pour seul et unique objectif de sucer et utiliser les finances publiques à des fins politiciennes et partisanes ; comme dirait Pierre Vermeren, Professeur d’Histoire contemporaine de l’Université Paris 1, je le cite : Le desserrement de la contrainte jacobine a créé de nouvelles baronnies gérées par des élus locaux prompts à la dépense pour assurer leur réélection.[…] Dans ce vivier se recrutent les professionnels de la politique, qu’un cursus honorum conduit du conseil municipal au Sénat. Rarement entrepreneurs, moins encore ouvriers, les professionnels de la politique, sans être fonctionnaires, passent leur vie aux frais de la République à investir et à distribuer de l’argent public. Fin de citation (Figarovox/Tribune, 3 juin 2014).
Vous comprendrez aisément les soubassements et mobiles politiciens et viles qui fondent la création du Haut conseil des collectivités territoriales et notre position par rapport à sa création.
Pour le culte de l’éthique !
Pour la restauration de la dignité et l’intégrité de l’homme politique !
Pour une vraie République !
Pour un gouvernement compétent et responsable !
Cap vers la cohabitation en juin 2017 !
Ibra MBOUP
Directeur de l’Ecole d’AJ/Pads