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Bilan Du Conseil Des Ministres Decentralise A Matam : Les Contreverites Du Gouvernement

Bilan Du Conseil Des Ministres Decentralise A Matam :  Les Contreverites Du Gouvernement

La crédibilité de l’Etat et des institutions de la République dépend fortement de la valeur de la parole des hommes qui l’incarnent. Honteusement au Sénégal, de nos jours, la parole de nos dirigeants n’a plus aucune valeur parce que conçue dans le but de tromper et endormir son peuple.

En écoutant, récemment, le Premier Ministre et le Porte-parole du gouvernement sur le bilan des Conseils des ministres décentralisés, nous avons été tous ébahi (y compris les plus farouches défenseurs de l’APR) sur le chiffre donné pour la Région de Matam. Nous nous sommes même demandés : de quelle Matam parlaient-ils ? En effet, le gouvernement a osé, sans sourciller, avancer le chiffre de 141% comme taux de réalisation du Programme Triennal d’Investissement (PTI) 2013-2015. Par devoir de Morale, au nom de l’honnêteté et de l’honneur Politique dont nous nous efforçons d’inspirer et d’insuffler à nos militants, il nous incombe la Responsabilité de vous dire toute la Vérité et rien que la Vérité : et la Vérité, c’est qu’il en est absolument rien !

Pour rappel, les opportunités et besoins d’investissements de la région identifiés par le Conseil interministériel et validés en Conseil des ministres étaient estimés, sous réserve d’évaluation, à 532 milliards de francs CFA dont le PTI s’élevait à plus de 127 000 000 000 francs CFA. Ce programme concernait essentiellement les infrastructures, les aménagements hydro-agricoles, la santé, l’enseignement supérieur, les activités agricoles, l’électrification rurale, l’habitat social et tant d’autres promesses que nous avons délibérément choisi de ne pas rappeler.

Pour montrer l’ampleur du fossé qu’il y a entre les chiffres du gouvernement et la réalité du terrain, voici l’état des lieux.

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  • Sur le plan des infrastructures, le Chef de l’Etat ayant constaté de visu l’enclavement de cette 11e région, avait dit ceci « La seule issue est de procéder le plus rapidement possible à un désenclavement aérien…Une piste d’aviation aux normes sera mise en place à compter de cette année 2013 pour vous faire  oublier les affres  de l’enclavement.» Jusque-là…Rien !

Au chapitre des infrastructures routières, oui, il y a quelques avancées surtout en ce qui concerne les pistes rurales même si beaucoup d’entre-elles n’ont pas pu résister aux inondations de l’année dernière. Pour la route Linguère-Matam (240 km) qui était achevée jusqu’à Patouki (184 km) par le régime libéral, le bitumage du dernier tronçon Patouki-Ourossogui (56 km) a été effectué entre la fin de l’année 2012 et au courant de l’année 2013. Le bitumage des routes départementales de Matam (qui passe d’Orefondé à Doumga Ouro Alpha) et de Kanel (qui va de la commune de Matam à Dembankani) n’a pas commencé et fait toujours rêver. L’axe Ndioum-Ourossogui et Ourossogui-Bakel n’avance pratiquement pas. L’étude et le financement des trois ponts de Matam, a été déjà bouclé par le précèdent régime. C’est conscient de cela, d’ailleurs, qu’Abdoulaye Wade avait menacé d’arrêter les travaux dans cette partie du pays quand il avait senti que l’électorat du fouta était entièrement acquis à celui qui fait aujourd’hui l’objet de doute quant à sa volonté de sortir Matam du gouffre.

  • Pour les aménagements hydro-agricoles dont le potentiel est estimé 55 000 ha, des efforts ont été tout de même consenti avec l’aménagement de plus de 9 000 ha.

Le programme d’accroissement et d’intensification  des cultures est en cours, et cela a permis la double culture l’année dernière. Mais la volonté de promouvoir le riz de la vallée à travers le consommé local reste toujours un slogan.

  • En ce qui concerne la Santé, l’ouverture de l’hôpital de Matam construit avant 2012, n’a pas encore permis de relever le niveau du plateau médical de la région. En réalité, malgré les grands discours politiciens, la région de Matam est encore gravement malade de son système de santé moribond.
  • Au niveau de l’Enseignement Supérieur, la réalisation de l’Institut Supérieur d’Enseignement Professionnel (ISEP) de Matam reste toujours à l’état de projet.
  • Pour ce qui est des activités agricoles, la mise en place de fermes et la création  d’unités de transformation de productions animales comme le lait qui sont promises par le Chef de l’Etat n’est pas encore à l’ordre du jour.
  • Quant à l’électrification rurale, la déception est encore plus grande. Hormis les quelques villages du Dandé mayo de Kanel, ceux du département de Matam sont toujours dans les ténèbres. Il est vrai que certains villages comme Sinthiou diamdioro, Sylla, Dial, Mollé, Gababé, Sinthiou boumak, Ndiafane, Dioguel, Thiaski et Diorbivol, ont déjà reçu leurs poteaux électriques mais l’électricité n’est toujours pas au rendez-vous. Dans le Dièri, il n y a encore rien de nouveau. Ni aménagement concret, encore moins d’électrification sérieuse.
  • Le programme d’habitat social promis à l’endroit des émigrés n’a, pour le moment, fait l’objet d’aucune étude sérieuse encore moins de pause de première pierre.
  • Le sous-emploi des jeunes qui ne bénéficient d’aucune ligne de crédit pour les activités génératrice de revenu allonge la liste non exhaustive des engagements non tenus par l’Etat du Sénégal lors de la présence du gouvernement à Matam en 2013.

Eu égard de qui précède, dire que le gouvernement a tenu tous les engagements pris à Matam relève quand même d’une aberration et  frise le ridicule.

En définitive, jamais dans l’histoire politique du Sénégal, une personnalité publique et de surcroit un homme politique n’aura suscité autant d’espoir dans la région de Matam plus que Macky Sall. Mais force est de constater, aujourd’hui, que la déception  est en train de prendre à grand pas la place de l’immense espoir qui a été placé en ce « fils du terroir » pour qui les populations étaient prêtes à tout.

Nous appelons le gouvernement à beaucoup plus de sérieux et au travail au lieu de donner, à coup de tête, des chiffres qui n’existent pas. Aux populations de Matam, nous invitons à laisser de côté les débats puérils et stériles entretenus par une bipolarisation politique régionale sans aucun avantage concret pour les populations qui ont toujours soif du vrai changement.

 

Elimane Abdoul FALL

Conseiller municipal de la commune de Bokidiawé

Président du mouvement PELLITAL

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