A l’occasion de son discours d’inauguration du « pont de l’émergence », le Chef de l’Etat a arboré pendant quelques instants, sa casquette de Chef de Parti pour apostropher l’opposition et tous ceux qui pensent différemment en des termes guerriers! Il a même convoqué la jungle en s’arrogeant d’office le titre de son Roi: « le lion…qui dort. » Le lendemain, et répondant à son interpellation, deux chefs de partis, Ousmane Sonko et Cheikh Bamba DIEYE, pour ne citer que ceux-là, se sont livrés sous le mode de la dérision, à des commentaires sur » le lion qui dort » et la symbolique qu’ils en déduisent… Tout cela, remis en contexte, ne devrait pas constituer un événement. Nous aurions dû tout au plus en sourire: Un chef de parti à parlé. Des chefs de parti lui ont répondu. A la volée !
Ce qui, par contre, pose un gros problème c’est l’annonce de la « suspension » de l’inspecteur des impôts et domaines Ousmane SONKO.
– Quelle faute aurait-il commise, en cette qualité pour mériter cette sanction?
– En sa qualité de chef de parti n’aurait-il plus la latitude de porter la réplique à un autre chef de parti?
– Tous les partis ne tirent-ils pas une égale dignité de la Constitution?
Notre pays serait en danger si cette mesure passait comme lettre à la poste! Il semble que des zélateurs mal intentionnés donnent de bien mauvais conseils au Président de la République. Ils devraient pourtant lui rappeler toutes les épreuves traversées entre 2008 et 2012!
– Lui rappeler ce qu’il sait déjà: que l’excès est nuisible en terme d’exercice du Pouvoir.
– Lui suggérer de respecter les opposants dont chacun pourrait le remplacer demain.
N’ayons pas la mémoire courte et n’insultons pas l’avenir!
Cela étant dit, et dans la même foulée, les spécialistes disent que le mandat de Madame Nafi Ngom KEITA ne se terminerait qu’au mois de Mars 2017. Le respect de l’Etat de droit et des institutions de la République incombe, au premier chef, au President de la République. A défaut de nous convaincre du contraire, il devrait différer la prise de fonction du successeur désigné de Madame KEITA au mois de mars. Sinon où se trouve l’urgence ?
Parlons, enfin, du pauvre policier qui s’est fait piéger par des jeunes dames hilares et inconscientes des conséquences de leur acte: elles se sont, en effet, filmées en flagrant délit de » corruption de fonctionnaire » ! Évidemment qu’elles n’envisageaient pas ce revers de la médaille! Va t-on les sanctionner pour cela ou allons nous profiter de cette alerte, indubitable, pour prendre des mesures vigoureuses en vue de nettoyer notre police et, plus généralement notre administration de toutes ses brebis galeuses? L’avenir nous dira le choix des autorités.
Tout cela pour dire que La Démocratie est une construction de longue haleine. La capacité des hommes en charge de la bâtir est le coefficient le plus déterminant dans cette belle entreprise. Le sens de l’écoute de la critique constructive est, à cet égard, le meilleur viatique. Notre pays a besoin de retrouver un sens de la Grandeur. Restaurer les repères spirituels et moraux, sans lesquels les comportements déplorables qui essaiment autour de nous auront encore longtemps droit de cité, est un impératif de salut public.
En attendant, tâchons de rester justes. En toutes circonstances. C’est la marque des grands esprits.
Amadou Tidiane WONE
woneamadoutidiane@gmail.com
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