Nous sommes des citoyens de ce pays, nous sommes nés ici, nous sommes majoritaire ici, nous avons grandi ici, nous avons étudié ici, nous devons servir ici, nous allons mourir ici, advienne que pourra, cette citoyenneté nous donne droit à une responsabilisation dans la gestion de la cité. Car comme disait Che Guevara : «L’argile fondamentale de notre œuvre est la jeunesse. Nous y déposons tous nos espoirs et nous la préparons à prendre le drapeau de nos mains ».
Aujourd’hui la diabolisation dont la jeunesse sénégalaise est victime, a suscité une réaction de rejet. Car disent-ils, cette frange qui représente près de 60% de la population n’est bon à rien, elle est « inemployable » et ainsi les jeunes demeurent des éternels mécontents qui sont laissés en rade dans la bonne marche de la nation. A ceux-là qui le prétendent je leur réponds que : « nous sommes tout le contraire de ce qu’ils sont, c’est-à-dire que nous représentons l’espoir (avenir prometteur) et eux le désespoir (passé et présent peu reluisants)». C’est dans ce cadre que j’affirme : la jeunesse en tant que telle ne constitue pas une bombe à retardement mais plutôt le traitement dont elle fait l’objet.
La jeunesse constitue pour l’être humain la période où il se forge, où il vit projeté vers l’avenir et/ou prenant conscience de ses potentialités, il bâtit ses projets pour l’âge adulte. C’est dans ce sens même que les jeunes sont l’incarnation de l’espoir, de l’initiative, du changement et de l’émergence dans nos pays sous-développés. Et pour parler comme Francis Bacon je dirais que la jeunesse est plus apte à inventer qu’à juger, à exécuter qu’à conseiller, à lancer des projets nouveaux qu’à poursuivre des anciens.
Dans un pays comme le nôtre, qui submerge les adolescents d’informations contradictoires très rarement neutres ou objectives, les jeunes doivent être capables de réfléchir consciemment et individuellement afin de devenir des citoyens actifs et responsables. C’est pourquoi je ne suis pas d’avis avec les jeunes de Y’en a marre qui pensent que l’engagement de la jeunesse ne se limite qu’au seul jugement ou procès de l’action du gouvernement ou des élus. La jeunesse doit plutôt agir de manière exemplaire pour changer la donne.
Il faut que nos dirigeants soient conscients que le problème de la jeunesse ne se limite pas qu’aux seuls emploi et formation, loin s’en faut ! Nous n’avons pas besoin d’une formation juste pour travailler, d’un travail juste pour du revenu, du revenu juste pour consommer, de consommer juste pour exister. Sinon ça serait un manque notoire d’ambitions. Nous voulons apporter notre pierre à l’édifice de la nation. Les jeunes doivent être au début et à la fin de toute initiative menant à l’émergence de notre patrie. On doit voir les jeunes comme les moteurs de l’entreprenariat et du changement. On doit les encourager à prendre à leur compte tous les défis d’autosuffisance alimentaire, d’économie d’énergie, de protection de l’environnement de paix, de sécurité, de lutte contre l’extrémisme et de développement.
Dans un monde marqué par de nouveaux défis sécuritaires liés aux nouvelles formes de terrorisme, les jeunes devraient être incités à jouer le rôle de sensibilisation et de sentinelle vis-à-vis des populations. Mais pour cela, on doit laisser aux jeunes une place à la table de décision. On doit les mettre à cheval entre la définition de la politique de l’Etat et sa mise en œuvre. Malheureusement, force est de constater , que les jeunes, cette frange majoritaire, idéaliste et créative de la société, sont relégués au second plan, voire même troisième plan dans la gestion et la prise de décision au niveau des hautes sphères de la nation au détriment de vieux conservateurs qui s’accrochent comme des sangsues à ses responsabilités de la nation que nous jeunes sommes plus aptes à gérer.
C’est dans ce sens que je lance un appel solennel au Chef de l’Etat. Monsieur le Président de la République, pour que notre fameux Plan Sénégal Emergent (PSE) puisse arriver à bon port, il faut qu’il s’arrime à la jeunesse. Cette pertinente aspiration à un mieux-être se déclinant en une vision qui est celle d’«Un Sénégal émergent en 2035 avec une société solidaire dans un État de droit» ne peut et ne pourra reposer que sur la jeunesse. Il faut impérativement que les jeunes soient associés à la mise en œuvre, à l’évaluation et au suivi du PSE. Certes vous ne serez plus à la tête de l’Etat lorsque le bateau du PSE arrivera au port de l’émergence en 2035, mais la nation entière louera votre courage, votre clairvoyance et vous donnera le mérite de l’avoir embarqué. De plus le Sénégal ne veut pas seulement s’arrêter au port de l’émergence, notre plus grande ambition c’est le développement et seuls les « capitaines » du PSE d’aujourd’hui pourront enclencher la marche vers le développement de demain. Car seules les pépites d’aujourd’hui deviennent les champions de demain. Je prône qu’une parité absolue adulte-jeune soit instituée au Sénégal dans toutes les institutions totalement ou partiellement électives. Il faut que les jeunes soient promus à des postes de responsabilité qui leur permettent de développer des idées et des solutions à des problèmes concrets, sociaux en lien avec la cité.
Tout le monde chante machinalement que la jeunesse, c’est l’avenir, mais tout le monde reste conscient que l’avenir tel qu’on peut le percevoir ici au Sénégal et en Afrique dans le cadre général n’intègre pas la jeunesse. Cependant une chose est possible : la prise en main de sa destinée par la jeunesse elle-même.
A suivre
Ben Oumar Thiam
Pour une responsabilisation de la jeunesse. benoumarthiam@yahoo.com