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Privilégier L’action Dans Le Secteur De L’éducation

Privilégier L’action Dans Le Secteur De L’éducation

Tout le monde a constaté que la rentrée scolaire 2016-2017 n’a pas été effective partout. La plupart des écoles de certaines zones sont plus ou moins envahies par les eaux, ou ne présentent pas de bonnes conditions d’hygiène, en dépit des efforts faits à la dernière minute pour les assainir. Dans la banlieue dakaroise par exemple, de nombreux élèves n’ont pas pu rejoindre les classes le premier jour. Au même moment, des potaches, fréquentant des collèges mieux entretenus, n’hésiteront pas à continuer de rester chez eux pendant au moins une semaine. Dans des localités situées très loin de la capitale, on ne manquera pas de voir encore les fragments de ces abris provisoires, endommagés par les fortes pluies, dans des cours d’école sans clôture. Dans le département de Matam, en particulier, les autorités académiques ne cachent pas leur désarroi face à un départ massif d’instituteurs et de professeurs. Et j’ai eu l’impression que le concept Ubi tey Jang tey est devenu tout simplement un slogan. Il est évident que, chez nous et ailleurs, dès que l’école ouvre ses portes, on ne devrait trouver aucun prétexte pour évoquer des problèmes de démarrage des enseignements-apprentissages.

Peut-être, en multipliant, au moment opportun, les initiatives appropriées en la matière, parviendrons-nous sans tarder à réaliser cet insigne objectif.

Par ailleurs, le ministre de l’Education vient d’affirmer qu’il rencontrera une fois par mois les partenaires sociaux. Certes, cette volonté de dialoguer régulièrement est louable. Néanmoins, nous devons éviter que des concertations et des pourparlers, organisés à un tel rythme, annihilent finalement l’action pressante et déterminante, qui est requise dans la solution des maux déjà identifiés dans notre système éducatif. Il y a le temps du dialogue constructif et le temps de l’action, qui précède nécessairement l’évaluation.

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L’annonce de l’octroi, chaque année, d’un Grand prix du chef de l’Etat pour l’éducation à l’enseignant le plus méritant du Sénégal, avec des encouragements à deux autres, fait transparaître également une bonne intention du même ministre. C’est, au fond, une initiative qui s’inscrit dans une perspective de motiver au plus haut point les serviteurs de l’école. Parallèlement, je pense à une augmentation des occasions d’honorer, en même temps, un grand nombre d’enseignants.

Personne ne perd de vue que, dans notre système éducatif, ce sont différentes composantes qui concourent au même but : la performance. Dans ce système, constitué essentiellement de trois ordres d’enseignement, chaque composante ne pourra pas bien fonctionner et nous mener inéluctablement vers l’excellence, si les autres ne fournissent pas concomitamment ou successivement les sacrifices idoines. De surcroît, je présume que mettre en exergue le mérite d’une seule personne, un infime élément d’un ensemble ainsi constitué, ne sera nullement facile.

D’une manière générale, nous aurons tort, dans le monde actuel, de ne pas oser souvent nous inspirer de ce que l’on fait dans d’autres pays. Nous ne nous plaindrons pas, pour autant, si nous acceptons, en permanence, que nos différences avec les autres s’offrent à nous comme un trésor inestimable, susceptible de nous procurer fierté, plénitude et réussite totale quand nous décidons d’entreprendre ou de relever des défis. Et sans doute, les critères, qu’il conviendra de déterminer en l’occurrence, rendront la tâche de nos compatriotes, chargés de choisir au bout du compte ce primus inter pares, moins ardue. En tout état de cause, il ne faudrait pas que l’on pensât trop à l’argent. Par contre, j’admets volontiers que, pour les récompenses à prévoir, l’on propose une maison, un terrain viabilisé, divers équipements, ou un voyage de découverte en compagnie de son conjoint…

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A vrai dire, nous avons intérêt, dans un milieu réputé austère, à prendre davantage en compte les canons, bien établis, avec lesquels il s’avère pertinent de reconnaître le mérite d’un agent de l’Etat. Recevoir les Palmes académiques ou les autres décorations nationales, dans une institution de la République, en présence des membres de leurs familles, aura toujours l’approbation unanime des vrais soldats de l’Eduction et de la Formation. Je veux parler, avec déférence et en considérant le système de manière globale, de mes collègues chevronnés, au parcours couronné de succès, de ceux-là qui, même en vieillissant, ne seront jamais las de leur métier, de ceux-là qui méritent des lauriers et qui se contenteront seulement d’un réconfort sublime qu’est la satisfaction morale.

J’ai l’habitude de recommander à mes stagiaires, à la fin d’une formation sanctionnée par un diplôme d’aptitude à l’enseignement, d’être sérieux, généreux et, à la fois, exigeants, dans le processus d’organiser les activités de leurs élèves, pour que ces derniers s’approprient les savoirs qui leur permettent d’agir sur le réel. Pour ce cas-ci, ces nouveaux professeurs de langue pourront, par le biais de l’approche communicative, bien orienter leurs élèves et faire en sorte qu’ils soient capables de construire des situations qui ne les coupent pas de la vie. Je répète ici que l’enseignant est le principal concepteur, pour ainsi dire, de la qualité dans notre système éducatif. Mais, pour qu’il puisse s’acquitter valablement de cette mission, il doit être bien formé d’abord, efficace dans sa classe et bien motivé par un environnement professionnel adéquat. Et je n’oublie pas l’amélioration raisonnable de ses conditions de vie. De ce point de vue, je peux me rendre compte que les revendications de mes jeunes collègues ne sont pas entièrement inacceptables, même s’il m’arrive parfois de déplorer un certain «dérapage syndical» dans leur façon de s’engager dans une lutte, le jusqu’au-boutisme à bannir.

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Notre attachement constant aux valeurs démocratiques de l’école républicaine, la nôtre, et ce besoin partagé de mettre fin à un cycle-plus d’une décennie- de tension, dans le secteur de l’Education, doivent amener le Gouvernement et les Syndicats des enseignants les plus représentatifs, à dissiper, au début de cette rentrée scolaire, les malentendus sur quelques accords, jugés «réalistes et réalisables». J’espère aussi que les membres du Haut conseil du dialogue social et les responsables des Associations des parents d’élèves ne se lasseront pas d’imaginer et de mettre en œuvre des stratégies de médiation porteuses. Dans un contexte, où l’on a commencé à s’interroger sur le pourcentage de l’application des conclusions des Assises nationales de l’Education et de la Formation, je suis enclin à croire que le meilleur choix, dans le domaine en question, est de privilégier maintenant l’action.

 

Badiallo dit Boucounta BA

Ancien Chef du Département de didactique des Langues romanes à la Fastef/Ucad

 

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