Aux risques que d’aucuns se demandent de quoi je me mêle s’ils venaient à prendre connaissance de cette lettre ouverte, je me permets de jeter mon grain de sel dans les grèves cycliques des greffiers et autres personnels exerçant des fonctions dans le service public de la justice.
Je n’ai pas la prétention de prodiguer des recettes pour le règlement de ces mouvements de grève, mais de donner mon point de vue en ce qui les concerne, car participant dans l’œuvre de justice en tant qu’auxiliaire de justice, j’ai intérêt à ce que son fonctionnement normal ne soit pas paralysé périodiquement comme c’est le cas depuis un certain temps.
C’est pourquoi je pense qu’il est plus que temps que votre département, celui de la Fonction publique et celui des Finances, conjuguent leurs efforts pour qu’enfin une solution soit trouvée au malaise des greffiers et autres participants au fonctionnement de la justice.
Cela n’est sans doute pas une mince affaire, à en juger par le fait qu’aucun de vos prédécesseurs n’y est parvenu. Mais pourquoi ne seriez-vous pas enfin le ministre de la Justice qui ne quitterait pas ce département d’importance capitale en y laissant un problème réglable, qui ne demande qu’à l’être, mais qui demeure toujours ?
En tout cas, une des caractéristiques fondamentales qui font les héros est leur faculté de réussir ce que les autres n’ont pas réussi à faire.
Mais est-ce vraiment une difficulté insurmontable de rendre justice à cette catégorie de travailleurs qui participent à la distribution de la justice ? D’aucuns seraient tentés de le croire, si tant de praticiens du droit, avocats, magistrats et professeurs de droit, qui se sont succédé à la tête du département ministériel que vous dirigez, n’ont réussi à régler au mieux le malaise des greffiers pour tourner définitivement cette page.
En tout cas, se trompent lourdement ceux qui pensent que l’administration de la justice peut se passer allègrement des greffiers dûment formés pour les fonctions qui sont les leurs pour les remplacer par des greffiers ad-hoc, chaque fois qu’ils usent de leurs droits d’aller en grève pour des causes justes.
De deux choses l’une, ou discuter sérieusement sans a priori avec les représentants des greffiers grévistes et leur démontrer que leur grève n’a pas sa raison d’être, ou faire droit à leurs revendications dans le cadre de négociations. La solution du pourrissement n’est pas la meilleure et est caractéristique d’une faiblesse de l’autorité et peut entraîner la pratique du laisser-aller dans l’exercice de leurs fonctions par les grévistes qui se sentiraient ignorés et qui se résigneraient. La qualité du résultat de leur travail en pâtirait. Et les perdants au premier chef seraient les justiciables.
Maître Wagane FAYE