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Civicus : Pour Pérenniser Dans Le Cœur Des Sénégalais Le Culte Et L’amour Des Couleurs Nationales

I – Introduction

Alors que le vert plante en nous l’espoir de lendemains nourriciers, le jaune du fruit mûr lui emboîte le pas pour nous assurer cette nourriture à même de nous féconder de l’énergie, de la vigueur et de l’endurance au labeur qui, avec la sueur qui dégouline sur nos fronts, ne sont pas sans rappeler cet autre sacrifice, celui de la vie qui offre son sang pour l’inscription de notre pays, le Sénégal, sur les tablettes de l’éternité. Vert, Jaune, Rouge, une injonction permanente pour le don de soi sur un parcours de citoyen illuminé par les cinq branches scintillantes de l’amour de la Patrie. D’où le nom de ce projet : Civicus, un adjectif latin renvoyant à la fois à l’état de citoyen, aux obligations civiques du citoyen et aux affaires de la cité.

Dès lors, il importe de cultiver la permanence du fanion tricolore dans la vie de tout un Sénégalais et à tout instant. Mais, force est de le reconnaître, notre tricolore est très peu présent dans notre vie de tous les jours. Chacun et chacune d’entre nous peut passer toute une journée sans l’apercevoir nulle part dans la capitale ou dans le village le plus enclavé du pays.

A l’indépendance, en 1960, quand le drapeau était levé, tout le monde s’arrêtait y compris les véhicules. Les commerçants arboraient notre tricolore dans leurs boutiques et échoppes avant, pendant et après le 4 Avril, et les drapeaux des écoles étaient d’une propreté immaculée. Il ne reste presque plus rien de ces bonnes habitudes et pratiques. Et il est arrivé même, il y a de cela quelques années, dans la ville de Kébémer, que des hommes politiques, mécontents, en viennent à déchirer tout bonnement le drapeau, symbole de notre existence commune.

Déchirer ou brûler le Vert, Jaune, Rouge, frappé de l’étoile verte, c’est réduire en cendres sa propre existence et se montrer indigne de responsabilités locales ou nationales. Il faut alors que mille drapeaux flottent et fleurissent partout au Sénégal, pour que les koras soient pincés, les balafons frappés et que le lion rugisse dans sa majestueuse dignité. Or, nos rues sont nues, nos bâtiments administratifs nus, nos écoles nues, nos places publiques nues. Nulle part – ou presque – nous ne pouvons retrouver ce symbole de notre fierté et de nous-mêmes : les représentations symboliques de notre Patrie, il faut le dire et le reconnaître, sont chroniquement absentes de notre paysage de tous les jours.

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Cette situation, fort regrettable, jure d’avec l’ambition du président de la République de donner un coup de fouet au patriotisme et a l’engagement civique au Sénégal. Lui-même, tous les premiers lundis de chaque mois de l’année, ne sacrifie-t-il pas, avec l’ensemble de son gouvernement, à la cérémonie de levée des couleurs partout où il se trouve sur le territoire national ? Ce rituel doit assurément faire tache d’huile, mais il doit aussi être accompagné par cette autre initiative devant assurer sur la durée l’omniprésence du drapeau national.

Comparaison pourrait ne pas être raison, mais au sortir de certains aéroports dans certains pays (Turquie, Tunisie, États-Unis), la première chose qui frappe le visiteur est la multitude de drapeaux nationaux aux dimensions impressionnantes et à la propreté immaculée qui flottent allégrement au bout de mâts tout aussi bien astiqués. Le drapeau nous dit tout de suite dans quel pays nous sommes et nous donne aussi une certaine idée du patriotisme ambiant. Le Vert, Jaune, Rouge, frappé de l‘étoile verte à cinq branches, doit être manifeste partout dans le pays de la «Téranga».

II – Premiers sites porteurs de l’étendard national à Dakar et environs

A Dakar, outre le Palais présidentiel, les ministères et autres bâtiments administratifs, certains lieux publics devraient très rapidement changer de visage par la visibilité des couleurs nationales :

1 – L’Aéroport international Léopold Sédar Senghor : ce site ne porte pratiquement le drapeau que lorsque des chefs d’État sont attendus à Dakar pour des visites officielles ou des conférences internationales. Or, c’est la première porte d’accès sur le territoire national. Autant que l’éclairage très vif que l’on y note une fois la nuit tombée, les couleurs nationales devraient aussi y être très visibles en plusieurs points névralgiques.

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2 – Le Monument de la renaissance africaine : situé en hauteur, ce site devrait se particulariser par la présence des couleurs nationales qui devraient y être visibles de partout dans la capitale sénégalaise. De la même façon, ce monument qui célèbre l’ensemble du continent africain devrait voir se déployer sur son périmètre, en biens des endroits, les fanions des différents pays africains ainsi que les drapeaux de l’Union africaine (Ua) et de la Cedeao, à côté du symbole national de la République du Sénégal.

3 – La Place de l’obélisque et la Place de l’indépendance : en ces deux lieux emblématiques de l’indépendance nationale, l’omniprésence du drapeau devrait être de règle. « A nos Morts, la Patrie Reconnaissante ». Le premier symbole auquel tout soldat s’attache et auquel tout soldat est prêt à sacrifier sa vie, c’est le drapeau national. Sur ces deux lieux, la montée et la descente des couleurs nationales, avec arrêt complet du trafic, devraient être de rigueur tous les jours ouvrables.

4 – Tous les autres lieux publics de la capitale sénégalaise et de ses extensions devraient faire flotter le drapeau.

III – Dans le reste du pays

Le bon citoyen se pétrit, dès le jeune âge, avec en particulier une mémorisation parfaite de l’hymne national, l’apprentissage du salut à la montée et à la descente des couleurs nationales et l’inoculation de bonnes habitudes civiques : enlèvement des ordures, discipline, respect du bien public, etc. En conséquence, tous les lieux d’apprentissage et d’éducation – garderies d’enfants, écoles primaires, collèges, lycées, universités, etc. – devraient arborer le drapeau et veiller à son respect en tout temps.

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Il devrait en être de même au niveau des gouvernances, des préfectures, sous-préfectures, hôpitaux, centres et cases de santé, services administratifs régionaux, stades régionaux et municipaux, etc.

IV – Autres symboles africains qui devraient être rendus visibles.

L’Union africaine et la Cedeao ont des drapeaux et des hymnes…que presque personne ne connaît au moment même où les gouvernements et la société civile africaine parlent de plus en plus d’intégration sous-régionale et régionale. Il ne serait peut-être pas une mauvaise idée que, dans tous les Palais présidentiels de la Cedeao, le fanion de cette organisation sous-régionale soit visible à côté des symboles du pays concerné, dans le bureau du président autant que dans les différents ministères. Il devrait aussi en être de même pour le drapeau de l’Union africaine au moment même où les hymnes de ces deux institutions sous-régionale et régionale devraient être mémorisés par tous les jeunes apprenants des pays membres.

Nous ne sommes pas obligés de reprendre des modèles venus d’ailleurs, mais les bonnes pratiques le sont habituellement par tout le monde. A cet égard, le drapeau de l’Union européenne est visible partout en Europe. Pourquoi celui de la Cedeao et celui de l’Union africaine restent invisibles ?

Le Drapeau, c’est notre âme. Le planter et l’arroser de notre respect et de notre amour, c’est faire preuve de devoir et d’engagement civiques garants d’un Sénégal éternel !

 

Professeur Ousmane Sène

Directeur du Warc

Général Mamadou Mansour Seck

Ancien Cemga, ancien ambassadeur

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