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De L’impérieuse Urgence De Rompre Avec « la Politique Du Ventre » En Faveur D’un Engagement Citoyen Au Service Du Sénégal

De L’impérieuse Urgence De Rompre Avec « la Politique Du Ventre » En Faveur D’un Engagement Citoyen Au Service Du Sénégal

Une vision kaléidoscopique de la façon dont la politique est perçue ou pratiquée en Afrique en général et au Sénégal en particulier nous amène à nous demander si notre  »classe politique » et même les citoyens à qui sont destinés les « offres politiques » comprennent les véritables enjeux et les finalités authentiques de l’action politique .Cette dernière est considérée vulgairement comme un rapide moyen de promotion sociale , un astucieux instrument d’enrichissement spontané .La politique telle qu’elle est pratiquée sous nos cieux semble être aux antipodes d’une mission sacerdotale et patriotique dont l’ultime but est non pas de se servir mais de servir loyalement sa patrie.

S’il est vrai que nos sociétés modernes ne sauraient guère se passer d’acteurs politiques dont le rôle devrait en principe se résumer à imaginer ou à penser une société idéale et à mettre en œuvre des actes, des stratégies capables de promouvoir le bien-être de la communauté toute entière; il faut tout de même constater avec une grande amertume que la chose politique semble avoir perdu ses lettres de noblesses au point que  »l’espace politique » s’apparente plus à une  » arène de gladiateurs  » où toutes les bassesses sont permises et tous les coups tordus sont autorisés qu’à une assemblée démocratique où prévaut la confrontation libre des idées .

L’engagement politique il faut bien l’admettre, n’existe quasi plus chez nos politiques, il a en vérité disparu au profit de l’opportunisme politique lequel se manifeste par une transhumance débridée, par des invectives puériles, des attaques ad hominem, des sophismes ou de beaux discours creux et stériles .Ce qui est plutôt de mise de la part de nos  »politiciens professionnels », c’est une volonté maléfique de manipuler le peuple, d’accéder aux instances de prises de décision afin de s’accaparer du bien commun et de plonger notre pays dans un chaos perpétuel.

Wolé Soyinka avait sans doute raison de dire :

Quand l’intelligence déserte le forum, la médiocrité s’installe et tout finit en dictature.

C’est d’ailleurs pourquoi lorsqu’on passe à la loupe le débat politique ,il tourne essentiellement autour de questions électoralistes telles la refonte du fichier électoral, de la durée du mandat des élus, du nombre de députés, de la création d’institutions plus destinées à caser la clientèle politique qu’à promouvoir la culture démocratique ou à répondre aux aspirations du peuple .Toutes ces alliances politiques ou toutes ces coalitions politiques sont nouées sur le dos du peuple et ne servent généralement qu’à former une majorité numérique et/ ou mécanique permettant de conquérir le pouvoir efficacement afin de jouir de ses privilèges.

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C’est dans cette perspective qu’il s’agit d’inscrire le rythme soutenu de création des partis politiques dont la seule et vile finalité est plus de profiter des délices du pouvoir que de proposer les voies et moyens de sortir leurs concitoyens de la misère. C’est ainsi qu’il n’est pas étonnant pour dire qu’il est pratiquement devenu  »normal » que des partis politiques aux idéologiques et aux programmes totalement antinomiques s’adonnent à des alliances de circonstance pour accéder au pouvoir et s’y maintenir le plus longtemps possible .

L’échiquier politique est recomposé à chaque fois que des joutes électorales approchent ou en fonction des contingences électoralistes. Il convient de constater qu’ au Sénégal les partis qui constituent aussi bien la mouvance présidentielle que l’opposition sont d’une telle hétérogénéité programmatique , qu’on ne saurait ne pas nous demander ce que ses formations politiques aux contradictions idéologiques(libéraux, socialistes, trotskystes) font ensemble. Cela nous amène à douter de la sincérité de ces  »entreprises politiciennes », car des farouches opposants que rien ne prédestinaient à travailler ensemble , deviennent comme par enchantement de  »fidèles alliés » d’aujourd’hui .

Nos politiques sont capables de se crêper le chignon pour des postes budgétivores pourvoyeurs de  »caisse d’avance », de » fonds politiques », de per diem, de frais de mission , mais ils brillent par leur carence quand il s’agit de débattre de questions aussi c que le chômage des jeunes, l’autosuffisance alimentaire, la santé ,la sécurité et l’éducation de leurs populations mandataires.

C’est d’ailleurs ce qui explique qu’un tout petit pays comme le Sénégal soit doté d’une kyrielle de Ministres, d’une pléthore de députés, d’un nombre démesuré de conseillers sociaux, économiques et environnementaux qui sont payés gracieusement aux frais de la République ,alors qu’au même moment des hôpitaux peinent à s’équiper , des abris provisoires servent de salles de classe, des agriculteurs voient leurs récoltes bradées, que des familles entières croupissent dans la misère, que de précieuses vies humaines soient quotidiennement fauchées par des accidents de la route, que des quartiers pataugent dans des inondations toute l’année, que des populations perdent leur quiétude à cause de la criminalité exponentielle, qu’une jeunesse désœuvrée meurt dans le désert lybien ou périssent dans les eaux macabres de la mer méditerranéenne.

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Il devient donc impérieux de centrer l’action politique autour de la  »demande sociale » et de la désaxer des préoccupations purement électoralistes pour ne pas dire politiques politiciennes à la solde d’une minorité véreuse qui tient le pays en otage en fonction de leurs agendas électoraux .Pour cela, il faut qu’on comprenne que la politique stricto sensu ne saurait faire l’économie de l’engagement sans faille de chaque citoyen dont le rôle est non seulement de procéder à un choix éclairé de ses gouvernants ,mais surtout de contrôler de manière constante les actions de leurs représentants.

Qu’on le veuille ou non, on ne peut pas être apolitique ,c’est-à-dire rester en dehors de la sphère politique du fait que l’homme est par essence » un animal politique » comme le pensait le philosophe Aristote. Se détourner de l’action politique au nom du mépris des agissements inélégants et inappropriés de nos hommes politiques reviendrait par conséquent à renoncer à sa citoyenneté .

C’est pourquoi , si on ne doit pas se détourner de la politique non pas dans la perspective nécessairement de militer dans un parti politique ou d’occuper des postes électifs, mais au sens d’assumer sa citoyenneté pleine et entière par une participation responsable dans les débats qui interpellent le devenir de notre pays, par combattre l’injustice d’où qu’elle vienne par une contribution patriotique de quelque forme que soit au progrès de son pays. Sans cette affirmation politique de chaque citoyen, notre pays continuera à être le jouet de cette classe politique sclérosée ,tympanisante et improductive qui nous mène tout droit vers l’impasse .

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C’est en cela que la démission du magistrat Ibrahima Hamidou Déme du Haut Conseil de la Magistrature pour dénoncer les dérives et l’opacité de notre justice, que la révolte de l’inspecteur des impôts Ousmane Sonko pour dénoncer la gestion nébuleuse de nos déniés publics, que le combat de l’inspectrice générale d’État Nafi N’gom Keita après la remise de son rapport au Président de la République faisant état de la corruption endémique de nos autorités sont des actes patriotiques voire héroïques allant dans le sens de montrer l’alternative politique et citoyenne que tentent de nous confisquer les politiques. Il ne faudrait donc pas être laisser les hommes politiques nous dicter leurs lois au risque de voir s’enliser notre pays dans une logique de campagne électorale permanente source de troubles et de régressions économique et sociale. C’est sans doute ce qui avait inspirait le Président Abraham Lincoln à déclare :

Lorsque l’homme s’habitue à voir les autres porter les chaînes de l’esclavage, c’est qu’il accepte lui-même un jour de les porter.

 

Ciré AW

Ciré AW

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