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L’amélioration Des Conditions De Vie De La Femme En Milieu Rural, Une Grande Priorité

L’amélioration Des Conditions De Vie De La Femme En Milieu Rural, Une Grande Priorité

Quand j’étais petite fille, habitant à Thiadiaye, un village à la croisée des chemins, aux confins des régions de Thiès et de Fatick (au Sénégal), je voyais des femmes accomplir bon nombre de tâches lourdes et « pénibles ». Elles passaient une grande partie de leur temps à chercher de l’eau, bien souvent très loin de leurs habitations, car il n’y avait pas de bornes fontaines ou de puits à proximité. Elles revenaient portant sur leur tête des bassines remplies d’eau. Elles faisaient preuve d’une adresse digne des grands acrobates. Il ne fallait pas que ces déesses des cirques d’antan perdent une goutte de ce précieux sésame.

Durant leurs différentes corvées, certaines devaient aller chercher du bois pour la cuisson. A l’époque, il y avait très peu de moulin. Elles pilaient le mil, écrasaient des céréales ou malaxaient des feuilles (aides culinaires) dans un mortier avec un pilon.

Piler avec un mortier et un pilon, quel beau geste, quelle posture tout en grâce !

J’adorais les regarder faire. Elles étaient impressionnantes par leur adresse. Elles n’avaient pas besoin de garder un œil rivé sur leurs accessoires. Elles ne tapaient même pas à côté. Elles concoctaient des repas sous une chaleur ardente, dans une cuisine dénouée de tout confort. Parfois, juste une porte-fenêtre permettait d’évacuer la fumée. Certaines femmes moins nanties étaient obligées de cuisiner au charbon ou au feu de bois, dans un fourneau à l’air libre, sous un soleil au zénith. En plus, il leur fallait faire le ménage, laver le linge à la main, s’occuper de leur famille et élever leurs enfants, tout en tenant un petit commerce pour faire vivre leur maisonnée. En période d’hivernage, elles s’acquittaient de l’usante tâche consistant à cultiver leurs champs.

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Elles recommençaient jour après jour et saison après saison, accomplissaient leurs tâches ménagères avec bravoure, dignité, sourire, amour et dévotion. Je ne les entendais jamais se plaindre. S’étaient-elles résignées dans ce rôle ou accomplissaient-elles juste leurs devoirs ? Pendant ce temps, les hommes ne vivaient pas les mêmes contraintes.

Les rares distractions de ces braves femmes restaient leurs séances de tressage, quelques cérémonies familiales ou coutumières.

A quelques variantes près, c’était leur quotidien. C’étaient leurs seuls horizons. C’était leur vie…

Les jeunes filles commençaient cet apprentissage très tôt, vers l’âge de 5 à 6 ans. Sous d’autres cieux, à cet âge, les jeunes filles jouent à la poupée ou à se déguiser en princesse. Elles aidaient leurs mamans et bien souvent, aucune autre alternative ne s’offrait à elles d’ailleurs. A cette époque, les mariages étaient majoritairement « précoces » et survenaient, en moyenne, bien avant l’âge de 18 ans. Et je me posais souvent cette question : de ma génération, combien de filles mariées plus tard et vivant toujours dans les environs accompliraient encore ces tâches ménagères, sous cette forme quand elles seraient mariées et mères de famille ? Aucune, j’espérais ardemment.

Tous les ans, la journée du 8 mars qui leur était dédiée faisait plus que sens. C’était le jour qui pointait davantage l’attention des citoyens sur leurs conditions de vie difficiles. Le but était alors de rendre moins pénibles leurs tâches quotidiennes et de leur donner accès à plus de confort, à plus de modernité et à bien plus d’avancées socio-technologiques.

Plus de 30 années sont passées. Au Sénégal, certes les conditions de vie des femmes ont connu des avancées notables. Mais, force est de constater que certaines questions subsistent toujours !

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  • Comment les défaire totalement du joug des tâches chronophages et sans valeur ajoutée ?
  • Comment les accompagner dans une meilleure maitrise de leur taux de fécondité et de réduction des naissances ?
  • Comment les faire accéder massivement à l’école au moins à finir leur cycle primaire ?
  • Comment leur assurer à toutes des soins de santé nécessaire et éradiquer toutes ces maladies dues à l’extrême pauvreté ?
  • Comment les aider à tirer un meilleur parti de leur situation, à mieux profiter des formations d’adultes et autres coopératives pour créer de la valeur, générer des revenus et gagner en autonomie ?
  • En d’autres termes, comment réduire les inégalités et favoriser l’équité pour tendre vers l’Afro responsabilité initiée par le Dr Mathias Mondo ?

Malgré les Omd, malgré de nombreux programmes et plans gouvernementaux, malgré les Odd, le problème reste entier.

Certaines femmes du monde rural sont toujours confrontées à l’extrême pauvreté. Elles doivent encore faire face à de nombreuses urgences de survie de manière quotidienne.

Dans un Sénégal en quête d’émergence, l’intégration de l’amélioration des conditions de vie de la femme en milieu rural devra rester au cœur des priorités d’allocation des ressources de l’Etat. Avoir accès à une eau potable en quantité, à l’assainissement et aux installations sanitaires sont juste des pré-requis.

Oui à plus d’équité pour inverser la courbe de l’exode rural.

Oui au renforcement de leur rôle dans la cellule familiale.

Oui à l’idée cruciale de les défaire de ces tâches pénibles et chronophages leur permettant de convertir ce temps dans des activités créatrices de valeur pour la communauté.

En cette quinzaine de la femme, oui pour la conscientisation sur les conditions de vie de ces femmes !

Cette quinzaine de la femme est un appel aux femmes pour que le combat continue pour plus de justice sociale et d’équité. Ces femmes méritent mieux ou plus dans leur quotidien, elles ont plus que jamais droit à un mieux-être social et durable.

 

Cécile THIAKANE, Paris

Email : cthiakane@gmail.com

Cécile THIAKANE
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