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Le Syndrome Du Pétrole : Pourquoi Le Sénégal Doit-il être Une Exception ?

Le Syndrome Du Pétrole : Pourquoi Le Sénégal Doit-il être Une Exception ?

D’après la Société pétrolière du Sénégal (Petrosen), de 1952 à 2014, plus de 20 compagnies pétrolières ont réalisé, à terre comme en mer, près de 168 forages dont 160 puits secs avec plus de 500 milliards F Cfa investis dans l’exploration et le développement au Sénégal, dans quasiment les mêmes conditions et gymnastiques contractuelles, en vain. Et cela, sans tambour ni trompette. Il a fallu attendre en fin d’année 2013 l’arrivée du groupe pétrolier britannique Cairn, par le biais d’un Contrat de partage de la production (Psc) avec le gouvernement du Sénégal, couvrant une superficie d’environ 7 000 km2 au niveau des trois blocs exploratoires situés au large du pays : Rufisque offshore, Sangomar offshore et Sangomar deep (profond), pour commencer à sentir les premières lueurs d’espoir. La joint-venture se composait comme suit : Cairn, en tant qu’opérateur, à travers sa filiale Capricorn Sénégal limited, pour le compte de l’association, détient les 40% de participation directe, Petrosen (10%), Conoco Phillips (35% des parts rachetées par la suite par l’Australien Woodside pour une valeur de 350 millions de dollars, soit plus de 175 milliards de francs Cfa, en plus d’un ajustement d’environ 80 millions de dollars (40 milliards de francs Cfa)) et First australian resources (15%).

Pour ce faire, le magnum britannique, coté en bourse (Londres, New York et Sydney), avait dirigé les opérations de forage sur une profondeur d’eau de 1 500 mètres ayant nécessité un investissement colossal, à ses risques et périls, de plus de 200 millions de dollars, soit plus de 120 milliards de F Cfa avant de voir les premières retombées en octobre 2014. Ainsi, grâce à la bénédiction divine, la dame nature, nous réserva, à l’entame du premier forage Fan-1, d’un programme de deux, sis à une centaine de km au sud-ouest de Dakar, précisément au bloc Sangomar deep, la découverte d’un pétrole léger, d’une épaisseur nette de 29 mètres de sable, imprégné sur un intervalle total de plus de 500 mètres et commercialisable, d’après les experts dès réception. Contrairement à celui dit lourd,  contenant quant à lui d’énormes produits lourds et du fuel et dont la valeur ajoutée dans le raffinage demeure extrêmement faible. Ainsi, 250 millions de barils sont prouvés sur les 2,5 milliards estimés dans cette zone avant que le puits Sne-1, à 24 kilomètres de cette dernière, ne jaillisse 1 mois à peine après, à son tour, à 1 100 mètres de profondeur pour des estimations allant de 150 millions de barils de pétrole (avec une probabilité de 90%) à 670 millions de barils (avec une probabilité de 10%), avec une perspective moyenne de 330 millions de barils (probabilité de 50%) .

Un bonheur n’arrivant jamais seul, le second rapport 2014 du Comité national, depuis son adhésion en octobre 2013 à l’Initiative pour la transparence des industries extractives (Itie) indiquait une nette progression du secteur extractif, générant plus de 117 milliards de F Cfa de recettes pour l’Etat en 2014, soit une hausse de 71 milliards de F Cfa par rapport à l’année précédente. Ce qui confortait davantage la place du secteur minier comme premier contributeur au budget de l’Etat. Ainsi, tout commençait à prédestiner un avenir meilleur pour le Sénégal avec la découverte de cette nouvelle manne pétrolière sous le magistère de Monsieur le président de la République, Macky Sall (Thiine bou naré nékh bou bakhé khégne).

Et hop ! Bonjour «les patriotes». D’avis d’amateurs aux remontrances de soi-disant experts en passant par les accusations gratuites, tout y passe. Normal, vous me direz là, puisqu’il s’agit en l’espèce de défendre à tout prix l’intérêt supérieur du Peuple sénégalais. Nous, nous vous dirons plutôt que quoi qu’il advienne, il faudrait toujours savoir raison garder, surtout lorsqu’il s’agit d’une affaire aussi sensible. D’autant plus qu’il a été démontré que contrairement aux affabulations de certains, ces contrats pétroliers faisant l’objet d’attaques et signés par le précédent régime les ont été conformément à la loi 98-05 du 8 janvier 1998, portant Code pétrolier, définissant les conditions d’exploration, de développement et d’exploitation des hydrocarbures, sous format standard, à l’instar de ceux des autres pays africains et par conséquent loin d’être léonins, comme ils le présument.

De plus, en application de sa ferme décision de placer son mandat sous le signe de la transparence et de la gestion vertueuse des ressources publiques, le président de la République, par la loi constitutionnelle n° 2016-10 du 05 avril 2016, portant révision de la Constitution de 2001, fait ajouter à l’article 25 de cette dernière, en plus des alinéas 1 et 3, un autre au 2, stipulant clairement que «…l’exploitation et la gestion des ressources naturelles doivent se faire dans la transparence et de façon à générer une croissance économique, à promouvoir le bien-être de la population en général…».

Courant septembre 2016, lorsqu’une polémique stérile et puérile tendant à freiner cet élan salutaire et innovateur fût soulevée, les autorités étatiques avaient décidé tout bonnement de mettre à la disposition de nos compatriotes tous les documents relatifs au Code pétrolier ainsi qu’aux contrats visés à l’époque, en autorisant leur publication en ligne sur le site du gouvernement sénégalais.

Joignant toujours l’acte à la parole, le président de la République installa dès décembre 2016, soit près de 3 mois après ce fameux épisode, un Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (Cos-Petrogaz), organe de pilotage stratégique, chargé «d’assister le président de la République et le gouvernement dans la définition de la politique de développement du secteur pétrolier et gazier et d’assurer le suivi de la mise en œuvre, à travers son secrétariat permanent qui en est l’outil de supervision».

Par ailleurs, pensant à la génération future, comme tout bon dirigeant politique, un projet de loi portant sur une utilisation pertinente de revenus pétroliers leur a été demandé dans un souci de mise en cohérence de nos objectifs de développement et des principes de transparence et d’équité. En d’autres termes, une loi permettant «de planifier l’utilisation des ressources futures avec une clef de répartition entre ce qui ira au budget d’investissement et de fonctionnement et la part réservée aux générations futures, logées au Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis)» est attendue incessamment. Compte non tenu de la création d’un nouvel Institut national du pétrole et du gaz à Diamniadio.

Cette vision assez futuriste a permis à certains spécialistes nationaux du domaine tel que Monsieur Fary Ndao, ingénieur géologue, qui, dans un article publié le 18 août 2016, nous avait gratifiés d’une estimation bien argumentée et évaluée à plus de 1 723 milliards en termes de gain pour notre pays à partir de 2023. Montant estimé, suivant le rapport du 1er semestre de Cairn, publié le mardi 18 août 2016 et indiquant que suite aux forages d’évaluation «(qui servent à préciser la taille du gisement de pétrole) qui ont été réalisés durant l’année 2015 et début 2016, les réserves récupérables (appelées ‘’réserves 2C’’) pour le gisement Sne s’élèvent à 473 millions de barils de pétrole. Ce qui correspondrait, d’après un calcul basique, sur une période de 20 ans, à environ 65 mille barils de pétrole/jour, soit environ l’équivalent de l’actuel production journalière d’un pays comme le Cameroun, 12ème producteur africain de pétrole».

Ce qui devrait en outre nous pousser à garder notre mal en patience puisque, selon également Petrosen, le démarrage de la production du pétrole offshore dans le pays ne devrait pas intervenir avant 2019-2020. Surtout qu’après la découverte, suivent deux autres phases, toutes aussi importantes l’une que l’autre, à savoir : l’évaluation du potentiel du gisement et le développement.

Eu égard à tout ce qui précède, nous nous permettons de nous dire que notre pays peut bel et bien résister au syndrome du pétrole, défini comme «une aubaine et/ou une malédiction», à chaque découverte dans un pays dit en voie de développement, si et seulement si nous agissons de part et d’autre en dirigeants responsables. Alors de grâce, évitons de sombrer dans cette pensée de l’écrivain français Pierre Dumarchey, dit Pierre Mac Orlan (1882-1970), dont l’œuvre est une évocation du monde marginal et disant que «le pétrole me paraît très nettement être l’odeur la plus parfaite du désespoir humain, si le désespoir humain a une odeur».

Qu’Allah Swt nous en préserve et veille sur notre cher Sénégal ! Amen

Elhadji Daniel SO

Président d’en Mouvement !

Défar Sénégal

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