Se prononçant sur l’actualité politique, Ahmed Khalifa Niass, peut être, a voulu dire que le consentement des Français était nécessaire pour faire élire des autorités pendant la colonisation, au Sénégal ? Ainsi, il soutient que Bouna Alboury, alors qu’il voulait appuyer Senghor pour sa candidature à la députation au parlement français, a adressé un courrier à l’administration française pour solliciter son soutien ! Ahmed K Niass veut simplement dire que jusqu’à aujourd’hui nous sommes sous la tutelle de la France et que rien ne peut se faire sans son aval.
A cet effet, je me permets d’apporter quelques éclaircissements sur le fait que Bouna A. Ndiaye n’a jamais sollicité la France pour l’élection de Senghor. En effet, comme l’a si bien relaté son fils Mansour Bouna dans l’émission « Temps de Paroles » chez Sada Kane, c’est Senghor en premier qui avait adressé un télégramme à Bouna Alboury le 28 octobre 1945 pour lui demander son soutien d’une part et qu’il initie une campagne de propagande en sa faveur. Et Bouna Alboury de répondre : « regrette pouvoir faire propagande ».
Tenu au courant, Lamine Gueye aurait même signifié à Senghor que Bouna Alboury n’était pas du genre à faire de la propagande puisque de Blaise Diagne à nos jours il ne s’est jamais intéressé à la politique et que c’était une grosse erreur de sa part d’avoir fait une telle demande. C’est par la suite que Lamine Gueye s’est attelé à présenter et à faire connaitre l’excellent parcours de Senghor afin que ce dernier soit mieux connu. Par la suite,Bouna a écrit ceci : « Clemenceau avait dit sans doute par ironie de voter pour le plus bête. Et moi Bouna, je dis de voter pour le plus instruit qui servira de modèle pour la jeunesse du pays. »
Cette posture et cette vision de Bouna Alboury a donné plus de crédit et plus de chance à Senghor jusqu’à ce qu’il emporte les élections.
Il est avéré qu’il n’y a aucune correspondance faite avec les autorités françaises pour exprimer une quelconque position unanime de tous les chefs de cantons et de leur souhait de faire de Senghor un député contrairement à ce qu’a relaté Ahmed Khalifa Niass. Comme en attestent les correspondances qu’il a eu à adresser à un des ses parents, Bouna avait même refusé de demander la pension que devait lui verser la France à la fin de ses jours bien que ce fût son dû.
Par ailleurs, lorsqu’Abdou Salam Kane lui avait demandé d’intervenir sur une tension, Bouna Lui avait fait savoir que« depuis 1920, il s’était désengagé de la chose politique et que sa préoccupation ne serait autre que sa religion, l’éducation de sa famille et les affaires économiques du Jolof…. ». « Je reste neutre d’autant plus que la révolution actuelle se fait inéluctablement », a-t-il dit.
Voilà des précisions que je tenais à apporter et qui ne sont destinées qu’à rétablir des faits historiques.
Bocar Ndiaye