Dès le lendemain de la publication des listes de candidatures pour les élections législatives du 30 juillet 2017 un large débat s’est instauré à l’échelle du pays et de la diaspora ; chacun appréciant positivement ou négativement le privilège ou le peu de considération qui a été réservé à sa collectivité.
Mais, paradoxalement, malgré le potentiel électoral dont dispose la commune (soit, en 2014, 10, 64 % de l’électorat régional et 20, 19 % de l’électorat du département), lesrésultats qu’elle obtient pour chaque élection et l’absence presque totale de probables représentants à la 13ème législature,la commune de Nabadji Civol est restée muette.
La Commune de Nabadji Civol, commune la plus peuplée de la région de Matam (61 560 habitants en 2015 ) est aussi la plus fournie en termes d’électeurs (19 088 en 2014 ).Elle était suivie par la commune de Bokidiawé (17945 électeurs ) et elle devançait très largement les communes d’Ogo (14656 électeur) ,de Matam (10412 électeurs) , des Agnam (10224 électeurs) , d’Ogo (14656 électeurs) ,d’Ourossogui (9191 électeurs ), de Dabia (8036 électeurs),d’Oréfondé (6755 électeurs) , et de Thilogne (5480 électeurs) .
Au regard de ce potentiel électoral, on pourrait dès lors se demander, en toute légitimité, si la commune de Nabadji Civol s’est résignée suite au sort qui lui a été réservé ou est-elle orpheline de ses responsables au point qu’aucune voix ne s’est levée pour dire le sentiment de frustration généralisée qui anime ses populations.
La même attitude avait été observée suite au choix des membres du conseil économique social et environnemental, du Haut Conseil de la République.
Aux yeux des observateurs avisés, ce silence est compréhensible car il traduit fidèlement le malaise politiqueou le laisser pour compte qui, depuis les élections locales de juin 2014, est la chose la plus partagée ; le sentiment de désespoir s’amplifie et s’intensifie de jour en jour. .
En effet, depuis cette date, la discrimination, la méfiance, la marginalisation, l’absence de dialogue ou de concertation, érigées en règle de gestion des rapports entre les leaders, entre eux d’une part et les « responsables autoproclamés » et le reste de la population d’autre part, ont fini d’impacter négativement tous les domaines de la vie.
Au plan social, les aides en faveur des étudiants ont été amoindries d’année en année avant d’être, aujourd’hui, retirées du budget. Les associations sportives peinent à faire leurs activités et les financements de l’Etat, alloués aux femmes, sont distribués de manière sélective en tenant compte des affinités et clivages politiques.
Mieux, la multiplication des associations et amicales (de jeunes, d’étudiants, sportives etc.) qui résulte de la marginalisation érigée en règle de gestion, a sérieusement entamé la cohésion sociale, freiné l’élan de solidarité et amoindri l’implication des forces vives dont dispose la commune.
Au plan politique on note avec regret, une discrimination voire une stigmatisation basée sur des considérations de statut ou d’opinion. Les cadres (jeunes et adultes) et les acteurs de développement, sont traités en fonction de leur proximité avec tel ou tel autre responsable.
Aussi, à tort ou à raison, les cadres, surtout la génération montante, ont-ils pensé être combattus pour leur enlever toute possibilité de promotion ou de consécration sociale ou politique.
Il s’y ajoute que la différence de langue, qui n’a jamais été convoquée dans le débat politique est aujourd’hui utilisée pour mettre face-à-face des groupes ethniques (surtout Pulaaret Wolof) qui ont toujours vécu en toute complicité sur cette terre du Fouta multiculturelle qu’ils chérissent tous.
Au plan économique, la commune manque terriblement de nouvelles réalisations et d’initiatives d’accompagnement des populations. En dehors des « casiers agricoles » réalisés par l’Etat, mais distribués de manière discriminatoire, du projet d’électrification et des pistes rurales effectués par le gouvernement, du chantier de l’hôtel de ville ; aucuneinfrastructure nouvelle n’est érigée, au compte de la municipalité, sur le territoire de la commune.
La question de l’emploi , principale préoccupation des jeunes n’a pas été jusqu’ici , correctement traitée, Peut- être , ne disposant pas d’un « relais politique » crédible, l’Etat n’a pas eu en amont , suffisamment d’informations afin de faire vivre à cette jeunesse , « la joie du premier emploi ».
C’est certainement en réponse à ce déficit de communication qu’on note d’une manière répétitive des conférences de presse, des marches et autres types de protestations alertant sur le vécu difficile de quelques franges de la population.
En mettant en relation tous ces faits, on comprendrait dès lors pourquoi la commune de Nabadji Civol si mal organisée est toujours muette à chaque fois qu’elle devrait prendre la parole pour se défendre ou engager les populations.
Certes, cette posture ne devrait pas être celle de cette «, grande commune » qui regorge de talentueux concitoyens(jeunes et adultes) qui n’ont pour ambition que le développement et l’émergence de ce terroir.
Il urge dès lors de taire les querelles, de se retrouver en toute responsabilité, pour non seulement réconcilier les parties et fédérer les forces mais surtout, mettre en place une plateforme d’analyse, de réflexion et d’actions pour favoriser et accompagner le développement économique, culturelle et sociale de la commune.
La commune de Nabadji Civol n’a pas besoin d’un « chef » qui l’organise et le dirige mais d’un leadership fort et affirmé. Mettons nous alors dans les rangs et manifestons notre humilité car, personne ne peut à elle seule, fut-elle riche ou talentueuse, développer la commune ; Nabadji Civol a besoin de l’ensemble de ses fils.
En définitive, ce qu’il nous faut aujourd’hui, c’est de faire un « SURSAUT » car, il est temps d’agir et « d’Agir dès Maintenant » pour que la commune de Nabadji Civol cesse enfin d’être orpheline.
Alassane Mangane – Citoyen de la commune Nabadji Civol