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Affaire Amy Collé Dieng : Non à Un État Policier !

Affaire Amy Collé Dieng : Non à Un État Policier !

«Quand il lut quelque part que fumer pouvait provoquer le cancer, il arrêta de lire. »A. kirwan

Comme ce fumeur dont parle A. Kirwan, nos dirigeants se trompent de solution et refusent de voir en face la réalité de la situation sociale tendue dans laquelle se trouve actuellement notre pays. Plutôt que de se remettre en question, de faire une autocritique sincère de leur gestion calamiteuse des affaires publiques pendant ces cinq dernières années et d’essayer de comprendre les raisons qui font sourdre une certaine colère au sein de la population – au lendemain des élections les plus chaotiques et les plus mal organisées de l’histoire de notre pays – ils ont encore une fois fait montre d’un autoritarisme inutile en envoyant la D.I.C (division d’investigation criminelle) à leur solde chercher et arrêter Amy Collé, à la suite d’une sorte de chasse à l’homme, après autosaisine du Procureur de la République. La chanteuse est accusée d’avoir tenu des propos jugés irrespectueux à l’endroit du Président de la République. Autant dire de crime de lèse-majesté.

Pour « offensant » que son discours puisse être ou paraître, il ne cache pas moins les critiques et l’indignation bien fondées d’une citoyenne mécontente de son président et de sa gestion des affaires de son pays. De plus, dans le contexte social actuel, l’attitude de la chanteuse n’est qu’une partie visible de l’iceberg des déceptions, des frustrations et colères qui prévalent dans le pays. Car, contrairement à elle, beaucoup de ses concitoyens ont juste préféré se taire pour mieux ronger leur frein dans l’anonymat puisqu’il suffit d’être un observateur sensé et impartial pour reconnaître qu’il existe actuellement dans le pays plusieurs raisons pouvant pousser à la colère et à la frustration.

Dès lors nos dirigeants ne doivent pas s’attendre à recevoir des messages de félicitation et d’encouragement. Surtout de la part de ceux qui sont mécontents et déçus de leurs actions.

NON, on ne félicite pas un État qui a dilapidé l’argent du contribuable pour se faire onéreusement confectionner des cartes d’identité numériques truffées d’erreurs;

NON, on ne tresse pas des lauriers à un gouvernement qui a battu le record d’avoir organisé les élections les plus catastrophiques de l’histoire du pays en plus de bafouer quotidiennement les libertés publiques;

NON, on ne félicite pas des dirigeants d’un pays où il y’a des défaillances permanentes dans le secteur de la santé et de l’enseignement, sans parler des services de l’eau et de l’électricité;

Non, on ne peut pas être content quand les membres du gouvernement distribuent à tour de bras des millions pour acheter des consciences lors de la campagne des législatives pendant que beaucoup de gens ont du mal à manger à leur faim dans le pays;

NON, on ne peut pas être satisfait quand certains des membres du gouvernement s’enrichissent illégalement, et à une vitesse exponentielle, alors qu’une bonne partie de la population s’appauvrit progressivement ;

NON, on ne peut qu’être frustré quand l’antienne de l’émergence que les dirigeants chantent à longueur d’année tarde à se concrétiser dans la vie de tous les jours;

NON, on ne peut pas être content quand l’État est engluée dans beaucoup dossiers onéreux dont la gestion est plus que nébuleuse.

Est-ce à dire pour autant qu’il faut traiter les représentants de l’État de tous les noms d’oiseau? Une bonne symbiose entre la sagesse, le bon sens, la responsabilité et une réelle liberté d’expression réelle peut aider à mieux répondre à cette question.

Au niveau de l’État, les dirigeants doivent prendre de la hauteur et savoir que leurs fonctions exposent forcément à la critique et que certaines critiques peuvent leur être bénéfiques en les poussant à améliorer leurs actions. Ils doivent aussi savoir que tous les problèmes ne se réglent pas par la police. Surtout dans un contexte social très tendu. Au contraire, trop de police non seulement tue la police, mais mène tout droit vers un État totalitaire. Or, notre président a utilisé l’avion du contribuable pour aller marcher à Paris auprès de François Hollande pour soi-disant défendre une liberté d’expression très controversée. Pourtant Oulèye Mané est toujours emprisonnée pour avoir caricaturé ce même président. Nous ne devons pas oublier qu’Abdoulaye Wade avait tenu des propos plus graves que ceux d’Amy Collé. Il avait accusé l’actuel Président de la République d’esclave et d’anthropophage. Malgré cela, le procureur de la République, qui s’est rapidement autosaisi, n’avait même pas daigné lever un petit doigt.

En définitive, si on veut avoir un pays stable et une paix sociale durable, il nous faut une justice et une police justes en plus d’une certaine cohérence dans la conduite des affaires de l’État. L’autorité n’est pas un argument, encore moins une raison. Comme l’a si bien dit Louis de Bonald :

«On conduit les enfants par la raison de l’autorité et les hommes par l’autorité de la raison : c’est au fond, la même chose, car la raison est la première autorité, et l’autorité la dernière raison. »

 

Bosse Ndoye

Montréal

momarboss@gmail.com

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