Le disciple de Socrate a-t-il vécu au Sénégal, au XXIe siècle ? Pourtant non, il n’a jamais connu notre pays ; bien que ses propos soient sénégalaisement pertinents. En réalité, deux mille cinq cent dix sept années séparent son époque de la notre.
Alors, silence chers compatriotes, Platon nous parle : « Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus, au-dessus d’eux, l’autorité de rien et de personne, alors, c’est là, en toute beauté, et en toute jeunesse, le début de la tyrannie. »
Jadis, les chefs de famille connus sous les noms de « père et mère » étaient des Hommes de valeurs. Et par le biais de l’éducation, ils ne faisaient que transmettre ces valeurs aux enfants. A l’école, le maître accomplissait bien sa mission, car il avait reçu une éducation de qualité de ses parents et une bonne instruction d’un système éducatif sans faille.
Aujourd’hui, l’occidentalisation sociale du Sénégal vicie l’environnement familial au point de le déstructurer. Ainsi les père et mère deviennent serviteurs des enfants qui, à leur tour, se conduisent comme des rois dans la maison. Désormais les ordres sont donnés par les petits et exécutés par les grands.
Chers compatriotes, que la transposition de cette situation catastrophique dans nos écoles ne nous ébranle point. Car le maître et ses élèves, quels qu’ils soient, ne proviennent point d’ailleurs. Ce sont bien des produits de chez nous. Donc que l’insolence d’un fruit quelconque de notre environnement scolaire et/ou familial ne nous surprenne guère.
Assane DIOUF, Amy Collé DIENG, Penda BA et Oulèye MANE ne sont que des concitoyens sénégalais parmi tant d’autres qui peuvent être plus dégueulasse. Et leurs actes ne sont guère isolés, mais plutôt la confirmation des lacunes de notre système éducatif qui, contrairement à toute appréhension du Ministère de l’Education, englobe aussi bien l’éducation offerte à l’école que celle prise en charge par les parents.
Et relativement à ces numéros de grossièreté et d’impolitesse, d’aucun vous diront que « c’est l’Etat qui est responsable », tandis que d’autres soutiendront que « ce sont les parents qui sont responsables. »
Néanmoins, n’est-il pas l’heure de nous ressaisir ? N’est-il pas temps de nous ouvrir les yeux ? Pourquoi refusons-nous de comprendre que tout ceci n’est que l’avertissement d’un malheur qui risque de nous surprendre si nous ne le prévenons pas ? Assane DIOUF, Amy Collé DIENG, Penda BA et Oulèye MANE ne sont que les termes d’une suite qui ne date point d’aujourd’hui :
-que dire de représentants du peuple qui tiennent les même propos qu’Assane DIOUF ;
-que dire d’un Président de la République qui met à l’index une communauté de concitoyens en les minimisant et en les traitant indirectement de terroristes.
Il faut que nous mettions immédiatement un terme à ces dérives qui peuvent mettre en danger notre République. Ne sous-estimons pas ces formes d’anarchie qui ne profitent même pas à leurs auteurs. En réalité, un Etat ne se construit pas dans le désordre.
Par contre si nous avons octroyé à l’Etat le monopole de la violence légale, c’est pour qu’il l’utilise à des fins salutaires. Si nous avons révolutionné l’Assemblée nationale par un nombre de parlementaires sans précédent, avec d’un budget de plusieurs milliards, c’est pour qu’elle légifère pour nous suivant nos besoins les plus urgents et les plus adéquats. Si nous avons recruté des centaines de magistrats, avec un salaire de plus d’un million et demi par mois, c’est pour qu’ils sécurisent notre République par une application stricte et impartiale des lois. Donc Messieurs les gouvernants, Honorables députés, Messieurs les justiciers, faites sérieusement votre travail et le Sénégal ne souffrira d’aucune insécurité.
Assane DIOUF, Amy Collé DIENG, Penda BA et Oulèye MANE ont tous commis des actes condamnables et condamnés par la loi. De ce fait, ils doivent impérativement subir les conséquences. Par ricochet, le législateur devrait se prononcer quant à leurs défenseurs, en créant une loi condamnant l’apologie de tout acte délictueux. Car si on ne libère pas des garde-fous fermes et républicains pour remédier à ces formes de « libertinage », nous risquons pareille situation que la Côte d’Ivoire ou le Centrafrique.
Vous constatez qu’au-delà de la République que nous constituons, nous formons, par la grâce de Dieu, une Nation qui a des bases très solides. Si au Sénégal, les gens ne s’entretuent pas comme ailleurs, c’est à cause d’une configuration historique de nos liens communautaires.
Cependant la conservation de tels rapports sociétaux ne correspondra jamais à une quelconque satisfaction des associations de lutte pour les droits de l’homme qui doivent savoir que « la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. »
Souvent nous avons du mal à comprendre la logique de certaines personnes comme Mamadou Sy TOUNKARA dans son plaidoyer : « si un individu dérape dans ses propos, il peut faire l’objet de remontrances et d’éducation civique. Mais jamais de peine de prison. »
Ne sait-il pas que le voleur est en prison parce qu’il a dérapé ? Ne sait-il pas que le violeur, le meurtrier et autres détenus sont en prison parce qu’ils ont dérapé ? Que tout le monde sache que le dérapage, quel qu’il soit, ne puisse être permis par la loi.
En définitive, quand un Président de la République exécute une mauvaise politique de développement, le peuple qui l’a élu a diverse manière de le lui manifester sans avoir recours au « gros mot ». Nous ne pouvons pas comprendre pourquoi, au Sénégal, on ne peut plus parler sans s’ouvrir à des invectives et insultes ?
Assane Bocar NIANE
Parcelles Assainies, Dakar
assanebocarbaydi@yahoo.fr