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Notre Vision De L’ums

«La vision sans l’action est tout simplement un rêve. L’action sans la vision ne fait que passer le temps. Une vision jumelée à l’action peut changer le monde», Joël A. Barker.

Chers collègues,

Après mûre réflexion, nous avons décidé de présenter notre candidature pour diriger l’Union des magistrats du Sénégal.

Cette décision est fondée sur la ferme conviction que les défis auxquels notre justice est con­frontée commandent une autre vision de l’Ums.

Plusieurs décennies durant, des hommes et des femmes, qui se sont relayés à la tête de notre association, ont généreusement mis leurs qualités humaines et professionnelles, leur engagement et leur haute idée de la justice au service de la magistrature. Leurs efforts et leur sens du sacrifice nous ont valu des acquis indéniables, tant sur le plan des conditions matérielles de travail que de la revalorisation salariale.

Mais s’il faut se féliciter de ces avancées, force est d’admettre que jamais, depuis quelques années, la perception que l’opinion publique a de notre justice ne semble avoir été aussi mauvaise. En effet, les attaques et critiques contre les magistrats et le système judiciaire se font de plus en plus récurrentes et virulentes.

Au-delà des réactions d’indignation que nous pouvons légitimement manifester, cette situation nous interpelle tous et doit nous faire réfléchir sur ses causes profondes ainsi que la façon d’y remédier.

Notre conviction est que l’Ums, dirigée avec vision et engagement, peut contribuer à restaurer la crédibilité du magistrat et de la justice. C’est, précisément, cette nouvelle vision que nous nous proposons de vous exposer dans ses grandes lignes, à travers ses deux aspects que sont :

Les axes programmatiques

La démarche envisagée

I. Les axes programmatiques

La justice est à la fois un service public qu’il faut travailler à rendre plus performant et un pouvoir qui doit rester indépendant et impartial.

Sa mission de défense des intérêts matériels et moraux des magistrats exige de l’Ums qu’elle s’investisse dans des activités qui renforcent la justice dans ces deux dimensions.

A. La contribution à l’amélioration du service public de la justice

La qualité du service public de la justice tient aux conditions matérielles de travail de ses agents, à la formation du personnel et aux procédures judiciaires en vigueur. L’Ums doit entreprendre et encourager toute initiative propre à améliorer ces trois volets. A cet égard, elle devrait orienter ses actions vers les objectifs suivants.

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Prise en charge des préoccupations matérielles et sociales des magistrats

Le programme que nous soumettons à votre appréciation comporte plusieurs actions destinées à ce volet. A titre d’exemples, nous vous en citons quel­ques-unes :

Faciliter l’accès à la propriété foncière pour les magistrats (autonomisation de la coopérative d’habitat et conclusion de partenariats avec les communes pour la mise à disposition d’assiettes foncières à viabiliser, notamment à Dakar, Saint-Louis, sur la Petite Côte, à Thiès et dans la zone des Niayes) ;

Garantir la prise en charge médicale des magistrats (création d’une mutuelle de santé et mise en place d’un service de soins de premiers secours dans les Palais de justice) ;

Plaider pour l’érection de nouveaux Palais de justice et la mise en œuvre de la nouvelle carte judiciaire.

Aide au renforcement de l’efficacité des juridictions

Susciter des réflexions sur les réformes judiciaires et leurs difficultés de mise en œuvre ;

Mettre à la disposition des acteurs et du public des statistiques sur les performances des juridictions à travers le site de l’Ums ;

Favoriser, à travers le site et la revue, des échanges sur la jurisprudence et les bonnes pratiques ;

Plaider pour l’aménagement, dans le budget des juridictions, de rubriques destinées à la formation continue ;

Plaider pour l’augmentation des budgets alloués au ministère de la Justice et aux juridictions.

Animation d’activités scientifiques

Organisation de séminaires et de journées de réflexion sur le statut des magistrats, la justice et les grandes problématiques de société (démocratie, séparation des pouvoirs, Etat de droit, bonne gouvernance, corruption, trafic de médicaments, trafic de drogues, terrorisme, délinquance juvénile, traite des personnes et trafic de migrants, cybercriminalité, responsabilité médicale, etc.) ;

Soutien à la formation initiale et continue (construction d’une école de la magistrature autonome, mise en place d’un fonds de crédit-formation destiné à financer des formations au Sénégal et à l’étranger).

B. Le renforcement de l’indépendance et de la crédibilité

de la justice

La crédibilité de tout système judiciaire tient en partie à la capacité des hommes qui l’animent à revêtir en permanence les habits d’indépendance et d’impartialité. Il est de la responsabilité de l’Ums d’œuvrer à renforcer les garanties statutaires de cette indépendance et à instaurer la transparence dans la gestion de la carrière des magistrats. Promouvoir le culte du mérite et de l’excellence constitue le meilleur moyen de favoriser la performance des juridictions et l’épanouissement professionnel.

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Dans cette optique, les mesures suivantes pourraient être envisagées :

Encadrer la règle de «l’intérim» de manière à prévenir toute précarisation de la situation des magistrats ;

S’assurer que le pouvoir de sanction relève exclusivement du Csm dans sa formation disciplinaire ;

Réunir les conditions d’une gestion transparente et rationnelle de la carrière des magistrats par les mesures suivantes :

Rendre effective la mobilité professionnelle par la limitation de la durée d’exercice de certains postes ;

Institutionnaliser la pratique de l’appel à candidatures ;

Confier aux chefs de Cour et non au ministre de la Justice le pouvoir de faire des propositions de nomination sur la base de critères de compétence et de mérite préalablement définis.

Pour mener à bien toutes ces activités, un changement de paradigme dans l’approche et la démarche s’impose.

II. La démarche

La démarche de l’Ums doit être fondée sur une approche à deux dimensions : partenariale d’une part, prospective et participative d’autre part.

A. Une approche de partenariat

La justice est une œuvre commune qui ne peut se construire que dans un esprit de partenariat entre les différents acteurs, notamment avec la Chancellerie, les chefs de Cour, les avocats etc. S’il est admissible que des divergences puissent apparaître sur certaines questions, l’esprit de dépassement et le souci de faire prévaloir l’intérêt supérieur de la justice commandent, en toutes circonstances, que le débat soit posé avec sérénité et responsabilité. Le modèle de justice que nous appelons de nos vœux ne peut se construire ni dans l’adversité ni dans la confrontation, mais dans le dialogue permanent et constructif.

Toutefois, ce partenariat doit se faire dans le respect de l’autonomie de pensée et d’action de l’Ums. Le souci de cultiver l’esprit de dialogue ne doit point conduire à faire profil bas devant des dérives ou des atteintes aux principes et garanties statutaires des magistrats. En effet, c’est en gardant son autonomie d’action et son esprit d’initiatives que l’Ums pourra défendre avec conscience et responsabilité les intérêts matériels et moraux des magistrats et préserver ainsi la crédibilité de la justice.

B. Une approche proactive et participative

La résolution des difficultés que nous rencontrons dans notre quotidien passe par l’instauration d’un dialogue constructif et inclusif sur toutes les questions qui préoccupent les acteurs judiciaires. Ce dialogue exige de l’Ums une démarche proactive fondée sur le sens de l’anticipation. Le bureau devra s’atteler à identifier les difficultés et à susciter avec clairvoyance et responsabilité une réflexion fructueuse sur les préoccupations des acteurs judiciaires.

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Dans l’optique d’adopter cette démarche proactive, nous avons pensé à plusieurs actions, notamment :

Concevoir de manière participative un document programmatique des

activités de l’Ums au cours d’une année ;

Tenir, entre deux Assemblées générales, des réunions périodiques pour

procéder à l’évaluation à mi-parcours de l’exécution des mesures prises lors de la précédente assemblée ;

Promouvoir l’animation des comités de ressort et du comité national ;

Reconfigurer le site internet de l’union à l’effet de le rendre plus attrayant, plus pratique tout en permettant l’hébergement d’adresses électroniques de magistrats, la tenue de forums de discussion ainsi que le partage de documentations et de bonnes pratiques judiciaires ;

Prévoir une mailing-liste pour tenir les magistrats en permanence informés des activités de l’union.

Chers collègues,

La justice est un bien commun. Il appartient à chacun d’entre nous de travailler à son rayonnement. C’est précisément de la responsabilité de l’Ums que de favoriser l’instauration de ce dialogue inclusif et participatif de manière à ce que tous les magistrats puissent se reconnaître dans leur association. La vocation de l’Ums n’est donc point d’imposer des solutions toutes faites, mais de libérer la parole et les énergies pour qu’ensemble nous puissions faire avancer la cause de la justice.

L’Ums doit sortir de sa torpeur actuelle et redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : une force de réflexion et de production au service exclusif des intérêts des magistrats et de la justice.

La restauration de la crédibilité de notre corps de même que l’avènement d’un système judiciaire qui assure l’épanouissement professionnel, intellectuel et social à tous les magistrats peuvent sembler relever de l’utopie.

Nous sommes pourtant convaincus que c’est un objectif réalisable, à condition d’y croire et, surtout, de s’y investir avec engagement et lucidité. Comme le disait Nelson Mandela, «cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’on le fasse».

Souleymane TELIKO

Abdoul Khadir Khaoussou DIOP

Mouhamedine FALL

Bassirou NDIAYE

Babacar GUEYE

Cheikh Ahmed Tidiane YOUM

Aliou FAYE

Fatou Bintou CISSOKHO.

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