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Réponse à Mon Ami, Le Professeur Hamidou Dia !

Réponse à Mon Ami, Le Professeur Hamidou Dia !

M. Hamidou Dia, Professeur et conseiller spécial du président de la République, a publié une contribution dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a suscité beaucoup de réactions, souvent de désapprobation. En bon philosophe, M. Dia a occulté le vrai débat tout en donnant l’impression de s’intéresser à la vérité du débat. Sous le titre de «Ethnicisme, vous avez dit ethnicisme», le Professeur philosophe aborde ce qui lui sert de prétexte pour faire un véritable plaidoyer contre les Wolofs, à savoir les propos jugés diffamatoires de la chanteuse Amy Collé Dieng et de la dame Penda Ba.

M. Dia ouvre une parenthèse pour asseoir l’axiome qui sert de soubassement à son réquisitoire contre le «Wolofo-centrisme», emprunté, dit-il, à feu Amadou Aly Dieng. Jugez-en : «La lune est wolof, les habits sont wolofs, la vérité est Ndiaye donc wolof, etc. Et ceux qui ne sont pas wolofs sont des barbares (lakkat) sans compter que le Sérère, le Hal pulaar, le Maure lui appartiennent. Il est ainsi au centre de tout.»

D’abord, l’appropriation que le Wolof fait de tout ce qui lui est proche ne signifie guère une aliénation, mais plutôt une intégration réfléchie, j’allais dire un pacte de communion avec l’autre. En réalité, le Wolof intègre et s’intègre avec une facilité déconcertante. L’expansion rapide de sa langue, aujourd’hui parlée dans toutes les capitales des pays environnants, en est une preuve illustrative. Quand le Professeur traduit le vocable «lakk kat» par «barbare», j’aimerais qu’il nous dise ce qu’il entend par «barbare». Les Wolofs, en tout cas, utilisent ce mot dans le même sens que leurs ancêtres, les Egyptiens. A ce propos, Wikipédia nous dit que «les Egyptiens appellent barbares tous ceux qui ne parlent pas leur langue». C’est ainsi que lakk kat vient du mot lakk, qui signifie une langue ; d’où «Lakku wolof», c’est-à-dire : la langue wolof. Quant à «sama naar bi», «sama xarit bi», cela renvoie beaucoup plus à l’idée de proximité qu’à celle d’aliénation. Je m’étonne que le philosophe Dia ne puisse appréhender ces subtilités sémantiques du wolof.

Du haut de son piédestal sophiste, le Professeur  Dia a sorti une sentence aussi hâtive qu’erronée : «Cela est injuste et insultant pour les autres ethnies du Sénégal qui sont, avec le Wolof, d’égale dignité ontologique et citoyenne.» Sans le dire de manière explicite, M. Dia semble justifier et peut-être cautionner les insultes de Penda Ba à l’endroit des Wolofs : «L’atti­tude wolof suscite la colère et l’indignation des autres ethnies. A juste titre.» Ce faisant, le Professeur renvoie dos-à-dos Amy Collé Dieng qui exprime une pensée politique à l’adresse de son président de la République et Penda Ba qui insulte les Wolofs pour venger les hommes de son ethnie. Le crime de Penda Ba est intolérable dans une démocratie qui se respecte, parce qu’il sape les fondements de la République et brise les ressorts de l’unité nationale. Il s’agit d’un crime que ni le chef de l’Etat ni un quelconque magistrat ne peut absoudre ou pardonner à la place de la communauté wolof. Ainsi, la faute de Penda Ba diffère, dans le fond comme dans la forme, de celle commise par Amy Collé Dieng ou un certain Assane Diouf.

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Dans son argumentaire, le Professeur tente de situer les responsabilités en ces termes : «La responsabilité principale revient au manque d’éducation, de savoir et de culture qui explique toutes les incivilités et béances de notre société dont tout le monde s’accorde à dire qu’elles ont atteint un niveau extrêmement préoccupant…» Mais de manière plus nette, le Professeur aurait dû expliciter qu’un Etat qui fait la promotion des insulteurs publics, en les nommant à la prestigieuse fonction de secrétaire d’Etat ou de président d’une institution sous-régionale, ne devrait pas s’alarmer de voir une bonne partie de la jeunesse emprunter un jour les escaliers tortueux d’insulteurs publics. Un bon Etat de droit devrait aussi éduquer par l’exemple et l’exemplarité. En revanche, j’adhère entièrement à votre thèse, cher Professeur, lorsque vous dites avec pertinence : «Le wolof est plus une réalité culturelle, linguistique et commerciale qu’une ethnie au sens propre. Tout enfant qui naît par exemple à Dakar va acquérir cette culture wolofo-urbaine, qu’il soit Sérère ou Peulh. Cette culture n’est pas le seul apanage des Wolofs.»

Mamadou Bamba NDIAYE

Ancien ministre

ndbamba1949@gmail.com

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