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La Transformation De La Sénélec En Holding Est Une Réforme Qui Vient à Son Heure

La Transformation De La Sénélec En Holding Est Une Réforme Qui Vient à Son Heure

La presse nous apprend que le Gouvernement du Sénégal s’apprête à transformer la société d’électricité Sénélec en « Holding », dans une nouvelle réforme institutionnelle de l’opérateur d’électricité. Cette réforme, tant attendue par les usagers et plusieurs fois reportée, va enfin être appliquée par la volonté du Chef de l’État, dans l’intérêt d’abord des Sénégalais et des entreprises établies au Sénégal, ensuite des pouvoirs publics et enfin avec le soutien des partenaires financiers et techniques de l’entreprise.

En effet, Sénélec, dans sa forme actuelle, produit, achète, importe, transporte, distribue et vend de l’électricité sur l’ensemble du territoire national. Son monopole naturel d’entreprise intégrée verticalement répondait à un contexte de maîtrise du secteur et de recherche d’une efficacité qui a fait ses preuves, mais qui a aussi atteint ses limites.

A présent ce schéma ne rencontre plus les préoccupations d’une économie moderne du 21ème siècle, où les usagers domestiques deviennent de plus en plus exigeants, les entreprises de plus en plus compétitives et les pouvoirs publics de plus en plus préoccupés par les problèmes de bonne gouvernance.

Il faut rappeler que l’opération de restructuration, consistant à scinder en trois filiales spécialisées les activités de production, de transport et de distribution de la Sénélec, a été posée dans la loi d’orientation n°98-29 du 14 avril 1998 relative au secteur de l’électricité au Sénégal. Avec pour date d’effet avril 2009.

Produire des kilowattheures exige à la fois des financements à des conditions douces et des délais de réalisation incompressibles de l’ordre de quatre années. C’est la raison pour laquelle les projets de centrales électriques au Sénégal (et même en France) s’inscrivaient dans le Plan de développement quadriennal (quinquennal pour la France).

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Cependant, ces financements concessionnels étant devenus de plus en plus rares, l’État doit faire appel à des partenaires privés pour l’accompagner dans ses efforts de développement.

C’est ainsi que depuis 1998, la production privée d’électricité est apparue au Sénégal avec la centrale de Gti. Elle sera suivie des centrales de Kounoune Power, de Contour Global, des centrales solaires de Bokhol, Malicounda, Santhiou Mékhé qui répondent toutes à l’appellation de production privée indépendante (Ppi ou Ipp en anglais).

Toutefois, toute l’électricité produite par ces unités privées est vendue exclusivement par contrat à Sénélec qui est l’acheteur unique. De ce fait, Sénélec les met en concurrence, d’une part entre elles et d’autre part avec ses propres centrales qui produisent sur les sites de Cap des Biches,  Bel-Air et Kahone.

Enfin, Sénélec importe l’électricité produite par la centrale hydroélectrique de Manantali et celle de Félou toutes deux situées en territoire malien sur le fleuve Sénégal. Ces centrales appartiennent à l’Omvs dont le Sénégal est membre. Elles produisent l’électricité la moins chère de tout l’espace Omvs.

Par conséquent la réforme de Sénélec doit formaliser cette diversité de sources de production d’électricité déjà existant, qui a le mérite de préserver l’avenir énergétique du Sénégal et crée les conditions d’une baisse tendancielle du coût de l’électricité.

La réforme de Sénélec doit également consolider la fonction d’acheteur unique et de distributeur unique de l’électricité produite par les centrales privées. Car cette électricité est transportée et distribuée à travers les réseaux de transport et de distribution implantés sur les voies publiques sur l’ensemble du territoire national, dans les zones rurales et les communes du Sénégal. Ces réseaux sont le patrimoine de l’État qui les a financés, qui a autorisé leur implantation partout au Sénégal et qui les a déclarés d’utilité publique.

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La commercialisation de l’électricité doit être libéralisée : c’est là une innovation majeure de la réforme de Sénélec.

Dans le commerce il existe trois catégories de vente : les ventes en gros, les ventes en demi-gros et les ventes au détail. Ceux qui achètent en gros paient le moins cher que ceux qui achètent en demi-gros, les quantités n’étant pas les mêmes. Ceux qui achètent au détail paient plus cher que les usagers précédents.

Sénélec doit pouvoir continuer à vendre l’électricité en gros aux unités industrielles qui consomment de grosses quantités d’électricité. Ces unités sont alimentées en courant à haute tension(Ht).

Sénélec doit également pouvoir continuer à vendre l’électricité en demi-gros à tous les professionnels qui utilisent de grandes quantités d’électricité pour faire tourner leurs entreprises et leurs activités commerciales et de service. Ces usagers sont alimentés en courant moyenne tension (Mt).

La vente à ces deux niveaux de tension Ht et Mt exige, non seulement la connaissance de solides notions d’électrotechnique pour établir la facturation au cas par cas des consommations d’électricité, mais surtout des interventions techniques hautement qualifiées sur les dispositifs de comptage.

En revanche pour la vente au détail aux usagers domestiques, la fonction technique de branchement et de pose des compteurs est dévolue à Sénélec tandis que la fonction commerciale de relève, de facturation et d’encaissement peut faire l’objet d’une libéralisation intelligente. D’autant plus que l’apparition du compteur à prépaiement appelé compteur « Woyofal » permet justement de formaliser cette innovation dans la réforme de Sénélec.

Le lancement de « AKILEE », une application à haute valeur ajoutée sur les consommations d’électricité, est précurseur de ce marché de la vente libre au détail de l’électricité au profit des usagers.

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Dans ce schéma il y aurait des vendeurs indépendants d’électricité (VIE) au niveau urbain, au niveau rural et au niveau tertiaire résidentiel ou professionnel. Déjà, les concessions existantes font de la vente au niveau rural, tandis que les agences de Sénélec font de la vente urbaine.

En résumé la Société Holding Sénélec pourrait avoir les composantes suivantes :

•    Une société de gestion du Patrimoine qui pourrait s’appeler SOGEPE

•    Une société acheteur unique, importateur unique et distributeur unique d’électricité qui pourrait s’appeler Enelsen (Énergie électrique du Sénégal)

•    Des Vendeurs Indépendants d’électricité qui porteraient le nom de VIE

Il ne s’agit pas d’un simple remaniement industriel de Sénélec se matérialisant par un transfert en l’état de ses activités dans 3 ou 4 filiales créées à cet effet, ni d’une opération financière dont l’objectif est de créer un « Groupe financier » autour de Sénélec transformée pour la cause en « Société Holding ».

Enfin la réforme de Sénélec doit inclure une réorganisation du secteur de l’électrification rurale pour le rendre plus efficient, d’abord parce qu’il s’agit d’aménagement du territoire, ensuite parce qu’une réforme ne peut servir de développement durable que si elle est conçue pour répondre en particulier aux objectifs de politiques sociales, y compris l’accès des pauvres aux services de l’électricité et le développement de l’électrification rurale. En plus d’être un service public, l’électricité et un outil de politique sociale indispensable à la satisfaction des besoins de la vie moderne.

 

Elhadj Ibrahima NDAO

Ancien Directeur Général de SENELEC

Email : eindao@yahoo.com

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