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Application De La Loi Anti-tabac : Quand Les Investisseurs Ligotent Le Sénégal

Application De La Loi Anti-tabac : Quand Les Investisseurs Ligotent Le Sénégal

Originaire d’Amérique du Sud puis, dangereusement répandu partout dans le monde, le tabac est aujourd’hui selon l’OMS à l’origine de plusieurs formes de maladies chroniques dont le cancer. Le constat est sans appel ; il tue plus d’une personne sur deux qui le consomment. Fort de ce constat, plusieurs voix s’élèvent çà et là pour dénoncer son essor et la menace qu’il représente pour ses consommateurs. Sous cet angle, plusieurs Etats (parmi eux le Sénégal) ont plus ou moins tenté de limiter les dégâts de cet ‘’apprenti ange de la mort’’ à travers des ajustements législatifs afin de resserrer encore un peu plus l’étau sur l’industrie qui le régit. Des démarches saluées de tous. Seul hic, les actes sont posés mais le résultat escompté n’a jamais vu le jour : le tabac continue de faire des ravages surtout dans les pays en voie de développement et de plus en plus de gens, essentiellement des jeunes s’y adonnent.

En août 2016 déjà, le Président Sénégalais signait le décret d’application interdisant aux consommateurs et usagers de l’herbe à Nicotine, de fumer dans les lieux publics mais également par la même, sa commercialisation aux environs des établissements publics. Oui dans les textes c’est prohibé, mais qu’en est-il réellement dans les faits ?

Notons toutefois que la loi, elle, a été garnie depuis 2014 et son adoption par le parlement plombe face à l’arsenal juridique sénégalais.

Où se situe le blocage ? Le Sénégal, comme d’autres pays et organismes avant lui, a-t-il les moyens d’aller jusqu’au bout de ce combat ? Quel rôle joue les lobbies de l’industrie du tabac dans ce blocage ?

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Théoriquement il est interdit donc par la loi, sous peine de sanctions diverses et multiples, de fumer dans les lieux publics. L’approche est noble et saluée de tous. Mais dans les faits… C’est un désastre !! On assiste plutôt à une répétition quasi mécanique de violation de la loi. Violation de la loi car dans la réalité, les fumeurs ne sont pas dans leurs chambres. Ils s’affichent même, et fièrement dans les bars et restaurants, les rues et plages, dans les universités… bref, partout où la loi leur interdit d’y allumer la mèche. Et pourtant, dans nos Etats, face à la pléthore de priorités pour améliorer nos conditions de vies quotidiennes, se démarquent d’autres priorités parmi lesquelles la santé.

Partant de ce constat la responsabilité de l’Etat est évidemment au premier rang, lui qui devait garantir l’exécution et l’application de la Loi.

L’intérêt du débat n’est alors plus dans la situation des responsabilités. Il est ailleurs. Dès 2014 déjà, quand la loi fut votée par le parlement, des voix se sont élevées, et pas des moindres, celles des responsables des deux principaux leaders de l’industrie du tabac (Phillip Morris Manufacturing Sénégal et MTOA). Ils avaient été même jusqu’à menacer de fermer leur filiales au Sénégal. Pour le sénégalais lambda, qui est loin des sphères de décisions ç’aurait été le jackpot. Plus d’usines de tabac au Sénégal arrimée à une taxation plus élevée sur les importations et le tour est joué. Le tabac deviendrait dans la foulée, un luxe que la masse, déjà confrontée aux difficultés de la vie, ne pourrait se permettre de payer.

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Mais économiquement, quelle est le vrai poids de cette industrie. Quand on sait que 6 sénégalais sur 100 sont fumeurs et dépensent en moyenne un peu plus de 6700 F CFA par mois en cigarettes. Faites la règle de trois et vous verrez… MTOA et Phillip Morris sont eux deux à la fois producteurs et exportateurs et ont un chiffre d’affaires qui culminait à 67 Milliards F CFA en 2010. Ce chiffre d’affaires toujours, selon une enquête réalisée par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) a augmenté de plus de 35 % au cours des cinq dernières années.

Dans la production et l’exportation de tabac en Afrique de l’ouest, le Sénégal, avec le Nigéria restent donc leaders. Et ceci influe nettement sur leurs balances commerciales respectives. Cet état de fait est d’ailleurs l’un des principaux obstacles pour la lutte contre le tabac dans la sous-région. Car, il pourrait y avoir une certaine inquiétude, de la part des dirigeants de ces pays, notamment, de voir leur balance commerciale globale se détériorer, sous l’effet d’un déclin de l’industrie du tabac. L’industrie du tabac pourrait, tout aussi, exhiber cet argument pour contrer la lutte anti-tabac.

Toutefois la politique de diversification des recettes fiscales du Nigéria et la place importante des recettes émanant du pétrole peuvent permettre au Nigéria de contrecarrer les lobbies du tabac. Là où le Sénégal continue de subir de manière générale la loi des investisseurs car ligoté par un système de collecte de recettes monotone et totalement hérité de la colonisation.

La lutte anti-tabac bat son plein sur toute la surface du globe. Alors que les difficultés liées à sa matérialisation restent universelles et communes à toutes les entités qui mènent ce combat. Le tabac est pourtant directement lié à plus de 6 millions de morts, soit l’équivalent de l’hécatombe que le monde a enregistré au sortir de la 1ère Guerre Mondiale. Il représente une réelle menace pour les 7 milliards que nous sommes nocif qu’il est aussi bien pour ses consommateurs que ceux de leur environnement. Alors le combattre reviendrait à maintenir potentiellement 6 millions de personnes en vie chaque année. Que les décideurs, où qu’ils soient, s’engagent sans détour à combattre le phénomène tabagisme.

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Latyr Tall

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