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Kankourang : Face Au Choc Des Cultures Qui Effrite Ses Valeurs, S’adapter Ou Périr ?

Kankourang : Face Au Choc Des Cultures Qui Effrite Ses Valeurs, S’adapter Ou Périr ?

La mythologie du Kankourang traverse la culture des communautés mandingues depuis ses origines ancestrales du Kaabu (actuelle Guinée-Bissau) à nos jours. Cet être terrifiant, de par sa posture et son rôle de régulateur social, a longtemps assuré l’éducation, la formation et la protection des initiés qui font leur entrée historique dans la case de l’homme. Cependant, et face à une modernité subie sous l’emprise des nouvelles technologies de la communication, le Kankourang perd progressivement son prestige d’antan et se meure dans sa dimension mythique.

Le Kankourang est un être légendaire de la mythologie mandingue originaire du Kaabu des profondeurs, en République actuelle de Guinée-Bissau. Dans sa forme originelle, le Kankourang est recouvert d’écorces rouges détachées d’un arbre et muni de deux machettes qu’il tape l’une contre l’autre. Il se distingue aussi par un cri strident perceptible au loin; d’où son nom de Kankouraa «littéralement racler la gorge», en langue mandinka.

La sortie d’un Kankourang est assujettie à la volonté d’une communauté, à l’occasion de l’entrée des enfants à la case de l’homme appelée circoncision. Ces pensionnaires sont souvent en grand nombre et sont retranchés en pleine brousse. Ici, les initiés sont soumis à de rudes épreuves physiques et psychiques en perspective de leur vie adultes arrimée aux contingences de la société et les durs labeurs sur le chemin du progrès. Le Kankourang et ses accompagnants assurent l’éducation et la formation de ces initiés. Le «Samasso» et le «Dayélendoo» sont entre autres épreuves d’endurance et de savoir-faire adaptables à des situations nouvelles.

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Les circoncis étant des jeunes d’une grande vulnérabilité, souvent attaqués par des esprits maléfiques, il revient au Kankourang de veiller à la sécurité. C’est pourquoi il est craint et terrifiant par endroit et par moment. L’ultime palier de cette austérité protectrice est son apparition sous la forme de «Fambomdi», qui sort de lui-même, disparait et réapparait au gré de la mission à accomplir. Du haut d’un toit de maison au fond d’un puits, c’est instantané, rapportent les séniors de la tradition. C’était donc de l’admiration face à une pratique instructive et ludique trans-générationnelle.

Depuis 2005, le Kankourang est élevé au rang de patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Mais, depuis quelques années, cette culture peine à assurer sa mue pour s’adapter à un monde de plus en plus conçu à la civilisation de l’universel. C’est exactement au carrefour des traditions et des modernités, sans doute un passage obligé pour survivre ou périr, normes et lois démocratiques en ont ainsi décidé pour la tolérance et la cohésion sociale. Bref, il faut le sauver en lui trouvant une nouvelle forme d’apparition adaptée au progrès du monde globalisé. Ou tout simplement abdiquer et envoyer le Kankourang aux oubliettes, en attendant une nouvelle morphologie pour, peut-être, réapparaitre sous la forme simpliste d’un jouet aux mains des enfants.

 

Moussa DRAME

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