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Le Sénégal De Demain Sera Celui De L’éducation

Le Sénégal De Demain Sera Celui De L’éducation

En jetant un coup d’oeil sur l’avenir de nos enfants, de nos petits enfants et des enfants de nos petits enfants, il existe de nombreuses incertitudes. Mais au moins nous pouvons être sur d’une chose: si l’on veut que notre pays puisse subvenir aux besoins des hommes et des femmes qui le peuplent, la société sénégalaise devra alors être transformée. Le Sénégal de demain devra être fondamentalement différent de celui que nous connaissons aujourd’hui. Par conséquent nous devons construire un “avenir viable” dans lequel les principes majeurs de démocratie, d’équité, de paix, et de justice sociale mais aussi les valeurs culturelles ultimes sénégalaises, pourront dialoguer en parfaite intelligence. Au cœur de ce mouvement vers des évolutions fondamentales dans notre style de vie et notre conduite en tant que sénégalais, l’éducation, dans son sens le plus large du terme, a un rôle prépondérant à jouer.

L’éducation est “la force du futur” parce qu’elle est l’un des instruments les plus puissants pour réaliser le changement. À partir d’un programme elle façonne l’esprit et construit la mentalité de l’individu pour le doter d’une personnalité. Les valeurs qui sont ainsi transmis à ce dernier font de lui quelqu’un sur qui le groupe peut compter. C’est un processus d’instruction de l’individu qui repose sur le développement d’un modèle éducatif performant et crédible, parce que adapté à l’environnement de ce dernier.

Au sénégal les différentes visions qui ont sous-tendu notre politique éducative ont jusqu’ici manquées de vigueur et de pertinence. L’âme de toute stratégie éducative réside dans une vision forte sur laquelle elle s’appuie pour se déployer. Or l’une des stratégies majeures pour une bonne éducation au sénégal reste la prise en charge du principe d’éthique dans les projets et programmes nationaux. Une éducation nationale axée sur l’éthique permettra l’avènement au sénégal de pratiques éducatives basées notamment sur la promotion de la compétence mais aussi celle des valeurs universelles religieuses ainsi que sur nos valeurs traditionnelles propres. La pratique d’un tel modèle devra s’appuyer principalement sur deux institutions comme instruments d’actions pour sa bonne application : la famille et l’école.

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Le cercle familial est le terrain d’expérimentation par excellence du travail éducatif. La trajectoire scolaire d’un élève est d’ailleurs toujours façonnée par le style éducatif de sa famille. Ses performances scolaires dépendent ainsi en grande partie de la nature de l’éducation qui lui est transmise par l’institution familiale. En vérité le rôle fondamental de la famille dans l’étude pour l’éducation de la société en général n’est plus à démontrer aujourd’hui. Le principe d’éthique a toujours joué un rôle essentiel dans le fonctionnement de l’institution familiale.

Au sénégal le système familial est l’un des socles du cours social. Aujourd’hui la société sénégalaise se constitue de plus en plus dans son unité et dans sa souveraineté en s’appuyant sur le socle d’une culture et des principes constitutifs communs. Le sénégal fait ainsi face au défi d’une construction d’un modèle familial, sur la base de ses valeurs ultimes en tant que société majoritairement croyante, et sur la base des vertus coutumières et traditionnelles qui font la force et la richesse de notre pays.

Le choix fondé de la personne que l’on voudrait comme épouse et future mère de ses enfants, constitue la première responsabilité que l’homme devrait revendiquer dans son projet de construction d’une famille. Pour peu que le couple ainsi constitué ait compris les exigences de la charge parentale, l’urgence d’une organisation pertinente de l’éducation de ses futurs enfants s’imposera à lui d’elle même. Faire l’option d’accorder une place centrale à la cellule de base qu’est la famille dans son projet éducatif, permettra au Sénégal de s’inscrire dans une dynamique sociale irréversible, vers un changement positif dans les comportements et dans les mentalités. Si dans nos maisons les hommes faisaient du choix de leur femme et future mère de leurs enfants, ainsi que de l’éducation de ces derniers un point d’honneur, nos quartiers seraient peuplés d’hommes et de femmes à même d’incarner les valeurs cardinales de compétence et d’honnêteté. Les grands ensembles étant issus de l’addition des petits, nos quartiers donneront des villes qui donneront des régions qui à leur tour révéleront un Sénégal dont l’essence de la population sera composée d’hommes et de femmes de valeurs et de vertus.

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Si le cadre familial est le terrain d’expérimentation par excellence du projet éducatif, l’école en est, parallèlement, le champ d’application naturel. L’école assure la transmission d’une instruction indispensable aux jeunes générations pour permettre leur insertion dans la vie sociale. Aujourd’hui au Sénégal l’école traverse des crises majeures. Elles sont en grande partie liées à une sous-utilisation de la capacité de réforme de l’institution elle-même, mais aussi à des problèmes d’ordre structurel. La prise en charge du principe d’éthique à l’école serait une solution majeure à ces problèmes. En vérité l’assimilation du principe d’éthique dans les programmes d’enseignement, est un défi à l’école sénégalaise. Une école plus éthique est une école de la compréhension de l’autre. Il y a nécessité à étudier l’incompréhension à l’école, dans ses racines, ses modalités et ses effets. Notre école a d’autant plus besoin d’une telle étude “ qu’elle porterait, non pas sur les symptômes, mais sur les causes des racismes, xénophobies et mépris. Elle constituerait en même temps une des bases les plus sûres de l’éducation pour la paix,”[1] à laquelle nous sommes tous attachés.

Néanmoins il faut reconnaître d’emblée, que l’accord sur l’idée d’une école sénégalaise plus éthique peut ne pas refléter un consensus concernant les moyens et les finalités de l’apprentissage de l’éthique. En effet dans notre entendement l’éthique à l’école “ ne saurait être enseignée par des leçons de morale. Elle doit se former dans les esprits à partir de la conscience que l’humain est à la fois individu, partie d’une société, partie d’une espèce. Nous portons en chacun de nous cette triple réalité. Aussi, tout développement vraiment humain doit-il comporter le développement conjoint des autonomies individuelles, des participations communautaires et de la conscience d’appartenir à l’espèce humaine.”[2]

L’école sénégalaise a la capacité à s’ériger en exemple, bien que certaines idées reçues voudraient que dans notre pays l’éthique à l’école soit un problème avant d’être une solution. Il faudra combattre de tels préjugés avec la dernière énergie. Un modèle éducatif sénégalais fondé sur l’éthique favorisera l’émergence de nouvelles pratiques éducatives. En effet l’éthique à l’école peut et doit être à la fois un dispositif de régulation sociale, un recours efficace dans la gestion quotidienne des manquements aux règles de la communauté scolaire, de même qu’elle doit constituer un enjeu de développement individuel. Elle participe ainsi aux vocations premières de l’institution : instruire et éduquer. La société dans son harmonie et son pouvoir à l’obligation de prendre en charge le principe d’une école sénégalaise qui garantit conjointement la formation de l’homme et du citoyen. Une école qui inculque les conduites que réclame le bon fonctionnement de l’institution en même temps qu’elle transmet des valeurs et donne l’exemple.

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L’avenir du Sénégal peut être aujourd’hui incertain, mais ce qui est sûr c’est que son sort est, et restera toujours entre les mains de ses fils et de ses filles. Pour réussir ensemble le pari du changement pour notre pays, il faudra nécessairement que l’éducation de notre société fasse l’objet, de notre part, d’une attention plus soutenue, car elle est intimement liée à notre destin collectif. Lorsque dans notre pays l’enracinement et l’ouverture éclaireront le choix d’une politique éducative volontariste, nous pourrons espérer une transformation en profondeur de toute la société. En effet pour permettre l’avènement d’un Sénégal fort et en harmonie avec lui-même, notre modèle éducatif devra être repensé et adapté à nos réalités sénégalaises. Il devra convaincre par sa cohérence. Il s’agira au-delà de la vision, de mettre en place des mécanismes d’actions qui permettront au final, de réconcilier les sénégalais avec leurs valeurs ultimes, tout en faisant de sorte qu’ils demeurent vivement réceptifs aux principes universels.

[1] “Les 7 savoirs nécessaires à l’éducation du futur”, Edgar Morin, p.4

[2] Idem

 

Abdourahmane Babou

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