Malgré l’extrême gravité de la situation décrite dans mon Alerte n°1 intitulée « Le risque zéro n’existe pas », personne n’a réagi ; ni ministres de la République ; ni députés ; ni directeurs nationaux ; ni élus locaux ; ni autorités administratives ni simples citoyens, pourtant tous interpellés par une vulnérabilité dont tout le monde devrait prendre conscience et agir encore qu’il est temps.
Certes, le tableau des risques majeurs peint fut sombre, mais il était loin d’être exhaustif. Il n’avait pas fait cas des risques majeurs sanitaires.
Dakar n’est pas à l’abri d’une épidémie de peste. La ville est infestée de rats à cause de la prolifération de gargotes, de restaurants et de commerces d’aliments de toutes sortes.
Le soir, les vendeurs de fruits ne vident pas leurs étals pour conserver les produits dans des endroits réfrigérés et protégés, ils se contentent de les cacher avec des cartons ou sacs en plastique de fortune, attirant ainsi toutes sortes de bestioles. Les restaurants vident dans des poubelles mal fermées des restes de plats que se disputent bestioles et Sdf de plus en plus nombreux à Dakar.
Dans les bureaux transformés en espaces de restauration, les cafards et les rats investissent les lieux dès la fin de la journée attirés par les résidus de nourritures (morceaux de pain, arachide grillée, sucre, etc.)
Devants les écoles, toutes sortes de produits alimentaires sont commercialisés sans aucun contrôle sanitaire sur les compositions, le respect des conditions de conservation ou l’état de santé des vendeurs.
Dans les quartiers pauvres comme riches, les alimentations poussent comme des champignons, constituant autant de nids de cafard et de repères de rats et de souris. Les garages des maisons, y compris dans des zones huppés sont transformés en bazars de vente de matériels de récupération à l’état douteux communément appelés « venant d’Europe » Ils sont en concurrence avec des conteneurs et dépôts sauvages qui favorisent la reproduction de bestioles.
Comment dans un tel environnement, pourrait ton être à l’abri d’un risque majeur sanitaire ? Mais surtout le pays est-il assez résilient (préparé) pour y faire face ? Certainement pas.
Un autre risque majeur sanitaire non moins inquiétant est que le marché dakarois pourrait être envahi par des légumes arrosés avec de l’eau récupérée de fosses septiques que des camions de vidange revendent à des exploitants peu scrupuleux. Dans quel monde sommes-nous ?
A Reubeuss et Colobane, des récupérateurs manipulent, sans le savoir, du matériel contenant des éléments radioactifs, fut-il à faible dose, s’exposant ainsi à plus ou moins long terme, à des maladies graves. Le souvenir du plomb dans le sinistre quartier de Ngagne Diop reste frais dans les mémoires.
En campagne, c’est le recyclage de sac ayant contenu à l’origine des matières toxiques qui menace la santé des populations et du bétail.
De l’eau micro conditionnée (sachet) à la qualité douteuse est écoulée à grande échelle sur le marché.
Pour minimiser les charges d’électricité, des grandes surfaces mettent à l’arrêt, le soir, leur système de climatisation favorisant ainsi le développement de bactéries du fait de la forte chaleur.
Des pâtisseries et restaurants reconditionnent pour le lendemain des produits supposés vendus toujours frais.
Les dépôts de certains restaurants et chaines de distribution de la place, faute d’entretien, ressemblent plus à des nids d’araignées et des trous de rats et de souris.
Récemment au plus fort de la crise des œufs contaminés par le fipronil (insecticide), la France avait interdit la commercialisons de certaines pâtes. Au Sénégal, aucune mesure sanitaire n’avait été prise relativement à cette affaire malgré la présence de grandes enseignes françaises.
L’immeuble du ministère de le la Communication, évacué depuis plusieurs années du fait qu’il menace ruine, n’est toujours pas démoli. Il est toujours là, surplombant le ministère de l’intérieur. Alors qui mettrait en œuvre le plan Orsec le jour où l’édifice devait s’effondrer sur ce site plus que névralgique ? Certainement pas les fonctionnaires qui seraient en ce moment-là sous les décombres.
Le marché Sandaga qui devait lui aussi être démoli, continue d’être occupé à l’indifférence générale.
Mais plus grave, le centre de Dakar est envahi par des restaurants dont plusieurs stockent d’importantes quantités de gaz. Au même moment, à la prière du vendredi, toutes les voies qui mènent à la mosquée de la rue Blanchot sont obstruées par les fidèles. En cas de survenue de catastrophes, les Sapeurs pommiers interviendraient difficilement ; surtout qu’à cause de la proximité, le Gouverneur et le Préfet de Dakar, sensés coordonner les secours, prient d’habitude dans cette mosquée. Ce jour-là, Dieu ne saurait être responsable !
Papa Ousmane SECK
Formateur Rme,
Membre de l’institut
français des Formateurs risques majeurs
et protection de l’environnement (Ifforme),
président de l’Association urgence et développement (Aud)
Email : poseck@yahoo.fr