D’après Abou Houreira (qu’Allah l’agrée), le Prophète (que la prière d’Allah et Son salut soient sur lui) a dit:
” Vous verrez que les gens les plus aptes à exercer le pouvoir sont ceux qui détestent le plus avoir à l’exercer “.
(Rapporté par Boukhari dans son Sahih n°3493 et Mouslim dans son Sahih n°2526)
À méditer par tous les candidats…à tout(!) qui, dans notre pays, mettent tant d’énergie à vanter leurs mérites et à décrédibiliser, voire à séquestrer, leurs adversaires!
La Politique, telle que mise en œuvre dans le système occidental, imposé à de nombreux pays, est à bout de souffle. Elle vire au racolage, légalise le mensonge et la simulation. Elle fait la promotion de la ruse et met au ban la vertu. Les trahisons et la perfidie, moralement condamnables, sont une des modalités de promotion tolérées dans une carrière politique. De plus, seuls ceux qui ont de gros moyens, ou alors des soutiens occultes, y ont vraiment le droit à la parole. En conséquence, ils usent et abusent de tous les médias existants pour nous imposer leur écoute. Même s’ils n’ont rien d’essentiel à dire! Il nous faut, définitivement, convenir que le modèle post-colonial est totalement périmé ! Il en est même devenu dangereux…Il faut le réformer en profondeur.
En fait, sous nos tropiques, la politique vire au tragi-comique! Bientôt 300 Partis dont chaque leader aspire, dans ses rêves secrets, à devenir Président de la République, et ses militants des élus à différentes stations. Pour le moins… Ces ambitions dans bien des cas démesurées, ainsi que les postures ou impostures qui les supportent, autorisent l’usage de tous les moyens pour parvenir à ses fins. Des plus loufoques aux plus sinistres qui sont, hélas, les plus porteuses de danger pour la collectivité !
Serait-il au dessus de nos forces, après soixante années “d’indépendance”, d’inventer un modèle neuf, juste, transparent et équitable, de transmission et de dévolution des responsabilités ( je préfère ce mot à celui de Pouvoir) plus conforme aux valeurs les plus largement partagées dans notre Société? On aurait dû attaquer ce chantier aux premières heures de “l’indépendance” pour la conforter justement. Est-il trop tard pour bien faire? Si la locomotive de l’Histoire ce sont les initiatives humaines, qu’attend t-on pour créer les conditions d’une activité politique qui ne soit pas réduite à des combats de coqs? Les exemples existent dans notre Histoire. À partir de l’expérience et des principes de bonne gouvernance mis en œuvre par Thierno Souleymane BALL, par exemple, n’est-il pas possible de rédiger une Constitution d’essence locale? Sans compter les autres sources d’inspiration disponibles dans l’Histoire africaine!
Que nous a-t-il laissé comme héritage?
- “- Détrônez tout imâm (dirigeant) dont vous voyez la fortune s’accroître et confisquez l’ensemble de ses biens ;
- – combattez-le et expulsez-le s’il s’entête ;
- – veillez bien à ce que l’imâmat ( la Présidence) ne soit pas transformé en une royauté héréditaire où seuls les fils succèdent à leurs pères ;
- – l’imâm (dirigeant) peut être choisi dans n’importe quelle tribu
- – choisissez toujours un homme savant et travailleur ;
- – il ne faudra jamais limiter le choix à une seule et même tribu ;
- – fondez-vous toujours sur le critère de l’aptitude. ”
Bonne gouvernance, répression de l’enrichissement illicite, critères d’éligibilité, promotion du Savoir et des compétences, égalité des citoyens devant les mandats électifs. Toutes ces notions, passées aujourd’hui comme des acquis démocratiques nous venant de l’extérieur, ont été énoncées dans le Fouta Toro bien avant la Révolution française de 1789!
Serait-il au dessus de nos forces, et des aptitudes techniques de nos juristes contemporains, de s’en inspirer pour décliner un corpus de valeurs constitutionnellement valable pour relever les défis de notre développement? En toute Souveraineté ? Ces principes, déclinés dans toutes nos langues nationales, seraient, au demeurant, plus intelligibles pour les 70% de Sénégalais non francophones qui subissent une Constitution entièrement rédigée en Français. Qui plus est dans le langage hermétique des juristes! Ces contraintes, réelles et non virtuelles, méritent d’être traitées comme il se doit. Avec courage, lucidité et… Vérité ! L’enjeu étant la libération de nos intelligences de la tutelle coloniale. Le plein exercice de notre Souveraineté retrouvée. Comme pour le franc CFA dont le débat entre économistes veut masquer un enjeu simple: sommes-nous nous assez grands pour concevoir, battre et administrer une monnaie fiable? Oui ou non? Le défi est lancé d’abord aux économistes Africains.
Pour ce qui me concerne j’ai l’ambition de croire que oui!
Amadou Tidiane WONE
woneamadoutidiane@gmail.com
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