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Diasporas Et Financement De La Décentralisation: Des Outils Financiers Et Des Ressources Humaines En Faveur De L’émergence

Diasporas Et Financement De La Décentralisation: Des Outils Financiers Et Des Ressources Humaines En Faveur De L’émergence

Des innovations majeures dans la gestion politique et l’animation administrative des collectivités locales et territoriales et dans la configuration des politiques publiques territoriales co-construites avec les réseaux de la diaspora sénégalaise , pourraient constituer à moyen et long termes , comme des leviers facilitant la préfiguration des dynamiques locales du développement durable avec l’avènement des pôles territoriaux tels qu’ils sont envisagés par l’acte trois de la décentralisation en cours actuellement au Sénégal.

L’implication des acteurs de la diaspora dans l’animation des politiques publiques territoriales et locales, recouvre des enjeux majeurs pour les collectivités ( départements et communes) , autant dans l’approfondissement de la démocratie participative et de proximité , la permanence de la pluralité des expressions et des comportements citoyens , que dans la mobilisation des ressources humaines et financières dans la durée ,qui concourent à une meilleure vulgarisation des projets de développement local durable ,et une compréhension – appropriation significative des enjeux et actes de la déconcentration et de la décentralisation par les populations.

Cette perspective innovante et novatrice dans les discours et pratiques institutionnelles des différents niveaux de l’exercice de l’autorité publique , ainsi que l’imagerie participative nouvelle au développement des territoires qu’elle rend possible , pourraient transcender au sein des réseaux de la diaspora, des positions partisanes , susciter des adhésions , élargir les opportunités partenariales , dynamiser des réseaux de solidarités , co-construire des interfaces et des intermédiations nécessaires aux financements des collectivités locales et territoriales et développer des intérêts multiformes récurrents les uns par rapport aux autres selon les positionnements symétriques ou a – symétriques des acteurs de la diaspora et de leurs réseaux par rapport à ces enjeux de démocratie participative et des pratiques de proximité du développement local.

Cette idée généreuse tendant à interpeller et à mettre la diaspora sénégalaise face aux objectifs du développement durable et de l’émergence du Sénégal (objectifs du PSE), la reconnaissant de facto comme une actrice exponentielle à part entière du destin du Sénégal , avec des obligations , des devoirs , des droits , des éligibilités , ouvre fondamentalement des perspectives en matière organisationnelle de voir émerger dans les paysages institutionnels sénégalais , des cadres , des engagements , des constructions , des mises en œuvre , des formes d’animations et de gestions dédiées , et une collectivité publique extra- territoriale qui serait à équidistance avec celles existantes au Sénégal ( département – commune ) . Ceci au fur et à mesure de l’approfondissement de la décentralisation et du phasage progressif des pôles territoriaux , du développement de nouvelles pratiques publiques et citoyennes de gestion des collectivités locales et territoriales que favoriserait l’achèvement de l’acte trois de la décentralisation.

La spacialisation des réseaux – acteurs de la diaspora dans le temps peut être une spécificité institutionnelle qui épouse une autre ou d’autres spécificités géographiques plurielles qui une fois mis en commun , intègrent l’ensemble des moyens de vulgarisations des priorités dévolues à la diaspora et au développement local et territorial . Elle facilite l’identification et la mobilisation des capacités des ressources humaines composant et animant cette collectivité publique extraterritoriale , aide à conseiller les pouvoirs publics dans la définition et dans l’élaboration des politiques publiques migratoires dédiées d’une part ; et d’autre part , à rendre possible la mobilisation des ressources multiformes de la diaspora et d’autres partenaires pour les mettre à la disposition des besoins de l’Etat et des collectivités territoriales et locales,ainsi que des acteurs privés qui participent à leurs niveaux aux réussites du projet de l’émergence du Sénégal ( entreprises et associations ).

Les avantages en économie du gain , du temps et des plus- values en faveur du développement territorial sont considérables si les canaux de coproduction , de partage de responsabilités , de cogestion des exécutifs locaux et de co-développement avec d’autres sont acceptés et validés par les pouvoirs publics (Etat) et les élus locaux ( maires , conseillers départementaux , association des maires du Sénégal , association des départements du Sénégal et l’union des associations des élus locaux).

Car les territoires géographiques d’une collectivité publique extraterritoriale ( quinzième région) portée par un conseil supérieur de la diaspora sénégalaise comme organe de délibération et de décision , avec un statut de collectivité territoriale: le département , corroborant les départements électoraux des sénégalais de l’extérieur , étroitement impliquée dans l’animation des pôles territoriaux, sont un cadre dynamique d’une multitude de réponses appropriées pour l’accroissement des moyens et des méthodes nouvelles de vulgarisations et de portages des projets de développement en faveur de l’autonomie des collectivités et de la cohésion sociale territoriale et locale.

En matière de développement et de participation à l’émergence économique et sociale comme force vive de la nation, les diasporas et leur collectivité publique , se sont des actrices majeures de l’animation de la coopération internationale décentralisée , du co-développement et de la solidarité internationale, des porteuses des dynamiques de développement partagé , des animatrices des réseaux de solidarités et de luttes contre les pauvretés , des dynamiseurs de la cohésion sociale des territoires et des terroirs , des stabilisateurs sociaux de plusieurs zones géographiques du pays prévenant ainsi des risques de troubles liés à la permanence des pauvretés non pris en charge ou non résolues, des bailleurs de premier plan du financement du développement local ( développement villageois et communal rural ou urbain ).

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En matière de financement des politiques publiques territoriales et locales; Les diasporas sont en mesure de favoriser , de mobiliser et de faciliter des financements féconds d’abord à leurs niveaux propres par la mobilisation des épargnes des migrants. Toutes les collectivités territoriales et locales disposent dans tous les pays d’accueil des diasporas sénégalaises, d’associations de ressortissants villageois qui, depuis plusieurs années se sont érigées en bailleurs de fonds des projets locaux villageois et ce en marge et ou sans communication avec les exécutifs locaux des collectivités publiques qui se dotent des plans du développement local que leurs ressortissants à l’extérieur méconnaissent ou ignorent.

ll y’a très peu de communications voire pas du tout entre les collectivités locales sénégalaises et les réseaux organisés de leurs diasporas. Les exécutifs locaux privilégient les relations avec les organisations non gouvernementales et les collectivités locales des pays du nord dans le cadre de la coopération internationale décentralisée qui est tout sauf neutre , au détriment du potentiel financier des réseaux de leurs diasporas et de ressources humaines immédiatement et potentiellement mobilables pour favoriser les réalisations des plans de développement local adoptés et validés et souvent sans ressources de financements garanties.

En France par exemple ,deux ressources financières considérables existent et si elles sont mobilisées dans le cadre de relations de confiance avec les réseaux de la diaspora , elles peuvent contribuer durablement à la résolution des difficultés financières auxquelles sont confrontées les communes et les départements du Sénégal et accompagner la mise en œuvre des pôles territoriaux et la mise en œuvre du plan Sénégal émergent . Il s’agit des avoirs des caisses villageoises sénégalaises et des dahiras en France déposés dans des banques françaises dont les sommes sont considérables et par lesquels les associations de migrants financent les projets de leurs villages sans communication majeure avec l’Etat et les collectivités locales .

Une étude du Réfico ( réseau financier du co-développement) sur les avoirs financiers des caisses de ressortissants villageois et des dahiras dans les banques françaises, montre une disponibilité financière en épargne et en compte courant dans 07 banques françaises pour un volume financier corroborant 3.896.556 789,92 euros. Cette capacité financière étant pérennisée dans le temps par des cotisations mensuelles des générations migrantes , constitue une marge de manœuvre exponentielle pour le plan Sénégal émergent et les collectivités locales et territoriales si L’Etat du Sénégal en crée les conditions de faisabilité et de confiance.

Une deuxième source financière est celle des droits des travailleurs migrants sénégalais non reversés au pays d’origine qui sont constitués du différentiel entre ce qu’une famille sénégalaise résidente en France et celle du travailleur sénégalais dont la famille vivante au Sénégal perçoivent en termes de prestations sociales. Le volume financier que constitue cette ressource financière est exorbitant et supérieur à celui des cotisations villageoises et des dahiras en France . Les autorités publiques sénégalaises ignorent l’existence de ce mécanisme financier que la France utilise pour alimenter les financements de beaucoup de dispositifs de ses politiques migratoires, les conventions de co-développement y compris, et il existe des moyens d’y accéder.

Au titre des partenariats publics- privés et autres engagements financiers mobilisables en faveur des investissements productifs

D’autres formes de ressources générées individuellement et / ou collectivement et aussi par l’inter-médiation dans le cadre de partenariats publics – privés à co-contruire dans l’espace économique et social sénégalais en faveur d’initiatives entrepreneuriales destinées à promouvoir et élargir les réseaux de productions des richesses à l’échelle locale , territoriale et nationale , sont possibles dès lors que les dispositions financières et fiscales sont mises favorablement à contribution pour l’émergence et la viabilité de projets pluriels.

1) Des potentialités d’investissements et de garanties à distance des accès aux crédits.

Depuis plusieurs années, autant en France qu’en Europe des essais multiformes sont en cours d’expérimentations pour trouver et pérenniser des voies d’accès aux investissements productifs et des facilités d’accès au crédit par le biais de la mobilisation des épargnes des migrants. Si au niveau de l’ Etat français et au niveau des institutions européennes ,les réflexions en cours s’orientent vers des plans de substitution de l’épargne des migrants à la politique de l’aide publique au développement tout en contrôlant les mécanismes par lesquels ces épargnes pourraient constituer des socles financiers d’avenirs , d’autres canevas existent et corroborent les préoccupations majeurs des réseaux de la diaspora et des organisations de la société civile qui proposent d’autres modèles et d’autres stratégies financières pouvant satisfaire les besoins de financements des politiques publiques territoriales et locales , autant en fonctionnement qu’en investissement, en atténuant progressivement une certaine dépendance vis à vis de l’extérieur.

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Des scénarios de réalisations et mise en œuvre de plans de financements des politiques territoriales dans nombre de pays d’origine des migrants, pourraient être reproduites au Sénégal, et favoriser des partenariats publics- privés qui s’appuient sur la mobilisation de l’épargne des migrants et les garanties à distance en matière d’accès au crédit pour le financement de projets qui contribueraient à maintenir sur place bon nombre de jeunes candidats potentiels à l’émigration, avec de nouvelles perspectives d’insertions sociales et d’aboutissements des démarches d’autonomies.

2) Les potentialités et plus-values financières dans le cadre de solidarités de générations renouvelées de sénégalais ou de binationaux nés ou ayant grandi à l’extérieur du Sénégal

Au Maroc , en Algérie, en Tunisie et dans d’autres pays d’émigration notamment dans les pays du sud -est et sud ouest asiatique , les renouvellements des solidarités de générations vers les pays d’origines évoluent de manière considérable autant dans l’approche et la représentation des familles d’origines que dans la transformation des mentalités de celles -ci dans leurs rapports aux ressources qui proviennent de leurs diasporas. 13% des investissements durables dans l’aire géographique Maghrébine et 18,5 % dans les pays asiatiques proviennent de leurs diasporas , qui dans les coproductions avec les autorités et les acteurs financiers de leurs pays d’origine , ont réussi à faire valoir des voies nouvelles de mobilisations financières et d’investissements qui contribuent fortement à l’émergence accrue de ces pays. Ceux -ci ayant eu le courage politique et des visions d’avenirs stratégiques ,en créant les conditions financières et fiscales incitant leurs diasporas à investir dans leurs pays d’origine et en créant des statuts spéciaux concernant leurs ressortissants à l’étranger.

Le Sénégal est dans la même latitude des besoins de financements que ces pays d’émigration qui lui sont semblables ; et, ce qui est possible ailleurs l’est fortement au Sénégal , dès lors que les autorités et les acteurs institutionnels , acceptent de changer le logiciel de leurs représentations culturelles et politiques de la diaspora sénégalaise et de s’engager avec celle- ci dans un nouveau paradigme gagnant – gagnant dans l’intérêt national.

3 ) Ces retraités sénégalais potentiels bailleurs de fonds jamais sollicités

Presque la quasi totalité des retraités sénégalais qui ne vivent pas avec leurs familles en France et dans les pays européens rentrent au Sénégal selon des procédés qui se font souvent à l’insu des autorités sénégalaises. Les conséquences de ces retours au pays ne sont pas pris suffisamment pris en compte par l’Etat du Sénégal et les conventions sociales signées de manière bilatérale et souvent à leur insu, ne sont pas adaptées aux besoins de cette catégorie de population de la diaspora sénégalaise. Cependant, celle- ci est une ressource financière considérable et constitue des capacités d’interventions économiques et financières potentielles auxquelles aucun gouvernement sénégalais ne s’est intéressé. Une étude sur les risques financiers des retraités sénégalais en France, et un mémoire en vue d’un diplôme de master 2 banque -finance soutenu par une jeune sénégalaise de la deuxième génération née en France et dont j’ai été membre du jury d’examen, montrent l’importance de cette ressource financière pour le financement des projets rentables, la promotion du microcrédit et les potentialités énormes d’irrigations des tissus économiques et financiers de nos collectivités territoriales et locales.

Ces deux études montrent également le gâchis et la méconnaissance des pratiques financières des diasporas de la part des autorités publiques sénégalaises, le désintérêt qu’ils ont des propositions de la diaspora mais surtout le mépris, le complexe voir la peur d’une diaspora compétente et qualifiée et dont le Sénégal a pourtant grandement besoin, ainsi que les comportements et les états d’esprits des familles d’origine dans leurs rapports à l’argent qui vient de la diaspora.

Des joint-ventures économiques et financières génératrices de richesses et d’emplois

Au sein des réseaux de la diaspora sénégalaise, existent plusieurs initiatives entrepreneuriales qui contribuent fortement à la richesse de la France et de celles des pays européens. Ces entrepreneurs sénégalais et ces créateurs des richesses recherchent contre vents et marées des partenaires au Sénégal notamment dans les régions périphériques et du centre du Sénégal et pourraient grandement contribuer au désenclavement de ces zones. Des producteurs sénégalais notamment dans les domaines de l’agriculture et de l’élevage ainsi que des porteurs de projets de tourisme de proximité qui ne trouvent pas localement des financements et des soutiens , ont des difficultés à se faire repérer dans le temps et dans l’espace par des partenaires potentiels issus de la diaspora.

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Curieusement cette dimension de la mobilisation des richesses et des mobilités des acteurs économiques pour contribuer à l’émergence du Sénégal est le dernier cadet des soucis des autorités sénégalaises et leurs représentations diplomatiques, malgré les louanges proférées de la diplomatie économique et de l’apport financier des diasporas.

Favoriser les mobilités entre entrepreneurs d’origine sénégalaise et ceux nationaux , constituent des conditions essentielles de réussites économique et sociales de part et d’autre.

L’Entreprenariat sénégalais ou d’origine sénégalaise en France et en Europe peut aussi constituer des interfaces et créer des intermédiations entre les réseaux des PME – PMI voir des très petites entreprises qui recherchent des partenariats pour leurs expansions, mais ces possibilités se heurtent au Sénégal à des comportements et à des états d’esprits qui ne contribuent pas à leurs besoins de sécurisations de leurs investissements et de leurs pratiques professionnelles.

Cet aspect dynamique de la diaspora qui milite pour l’existence d’un cadre institutionnel approprié dédié et d’une politique publique des migrations internationales, correspond à un autre volet des interventions sociales de la diaspora sans lesquelles , beaucoup de familles restées au pays auraient vécu largement en dessous du seuil de pauvreté.

Cette collectivité territoriale des diasporas ( la quinzième région) est aussi le réceptacle des solidarités actives internes à la communauté des sénégalais de l’extérieur dans leurs pays d’accueil et le relais de l’Etat en matière de configuration d’une politique publique des migrations, en accompagnements des familles, en prévoyances sanitaires et sociales, en prises en charges des décès et des rapatriements sanitaires, en protections, assistance et solidarités multiformes, en développements et en continuités dans le temps des liens permanents avec les cultures, villes et villages d’origines, en vulgarisations des pratiques sociales de l’insertion par l’économique dans les pays d’accueil, de projets de retours et de réinsertions au Sénégal porteurs de richesses nouvelles et d’initiatives en matière de réussites. La fondation de solidarités intergénérationnelles financières renouvelées, du financement du développement économique et social portées par des générations successives nées à l’étranger et qui constituent pour le Sénégal une source potentielle de viabilité économique, des plus -values nombreuses et un avenir exponentiel, des permanences de flux financiers dans le temps et des transferts maitrisés et orientés vers le financement du développement durable co-construit avec l’Etat et les collectivités territoriales et locales.

C’est pourquoi , il semble pertinent de promouvoir cette utopie, et de prévoir dans l’approfondissement et le parachèvement de l’acte trois de la décentralisation, l’implication des réseaux financiers de la diaspora à double titre dans l’animation des exécutifs locaux et dans la programmation des plans de développement, de telle sorte à permettre les acteurs locaux à disposer non seulement de ressources humaines au fait des outils de la solidarité internationale et familiers des contraintes des échanges internationaux, mais aussi des influences positives à partir de la communauté plurielle des sénégalais, en capacité de mobiliser des financements et de faciliter la transformation des caisses villageoises de la diaspora et d’autres réseaux d’épargnes des migrants en France et ailleurs dans le monde en opérateurs financiers capables d’investir avec confiance dans leurs collectivités ou d’autres sur l’ensemble du territoire sénégalais.

Les réseaux de la diaspora et leur collectivité étant dans ce sens un relais et des interfaces nécessaires et pertinentes pour des mises à dispositions des ressources humaines et financières de manière endogène, et un cadre d’aide et de soutien pour des constructions de liens d’échanges et de solidarités avec d’autres partenaires dont les financements et les aides peuvent contribuer de manière durable à l’émergence du Sénégal, au développement de la cohésion sociale rurale et urbaine et à la promotion humaine.

 

MAMADOU DEME

Sociologue des migrations et du développement local

Diplômé d’études diplomatiques et stratégiques supérieures

Haut conseiller territorial

Président de KISAL SENEGAAL

mail mamadou0542@orange.fr

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