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Saint-louis : Pour Une Police Préventive à Bord Des Bus Tata

Madame le Préfet,

Par la présente, je souhaite attirer votre attention, sur les surcharges permanentes et préjudiciables à notre sécurité, dans les transports en commun, en l’occurrence dans les bus TATA de la commune de Saint-Louis.

En effet, j’ai constaté, en tant qu’usager quotidien, que ces véhicules transportent les passagers, le plus souvent, en dépassant le nombre de places prévues. Parfois, comme des pots de sardine, les clients sont entassés au point que la fermeture des portes devient impossible. En sus, pour prendre des clients, les arrêts dédiés ne sont plus respectés.

Paradoxalement, ces véhicules font rarement l’objet d’un contrôle voire d’une interpellation policière. Du moins, je n’ai jamais été témoin du contrôle de ces bus, de la part des forces de l’ordre, jamais ! Pourtant, tous les jours, ils passent et dépassent les agents de la sécurité routière, au niveau des différents postes de contrôle fixes ou improvisés. Ce constat nous amène à nous poser la suivante question : ces bus TATA jouissent-ils d’un statut spécial ou sont-ils soumis, au même titre que les autres véhicules, à la même rigueur du code de la route?

Le cas échéant, il me semble que les agents prédisposés à la sécurité routière, ferment les yeux lors du passage de ces bus. Il est bon, me semble-t-il, d’être avant-gardiste en alertant au lieu de rester là, à méditer sur des accidents, a priori évitables, et a posteriori catastrophiques. On connait tous, en tant Sénégalais, les conséquences de la surcharge. Il n’est pas besoin de rappeler notre malheur commun, j’allais dire, notre bateau « Le D… ».

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Dans les sociétés où la vie humaine est sacralisée, où la sécurité des citoyens est une super priorité en tout instant et en tout lieu, bref où la dignité de l’homme est au centre des préoccupations, tout ou presque est mobilisé pour assurer la sécurité des personnes et des biens. Ce sont des pays où l’homme est protégé contre lui-même, quand il constitue un danger pour lui-même, a fortiori contre des menaces externes. Je ne sais pas et ne comprends vraiment pas pourquoi ici, ces questions paraissent subsidiaires, accessoires, alors qu’ailleurs elles demeurent fondamentales.

Nos routes tuent plus vite que le Sida, elles sont pires que le VIH. Mais cela n’émeut presque personne. Les accidents de la route sont devenus une banalité dans notre pays. Pour rappel, le dimanche 05 mars 2017, à Diawdoune, village situé après l’université de Saint-Louis, un terrible accident avait entraîné la mort atroce, par le feu, de dix-huit de nos parents, suite à une collision entre deux véhicules.

Le lundi 06 novembre 2017, vingt-cinq de nos concitoyens ont perdu la vie, sur la route de Touba, entre Kébémer et Sagatta. En ces occurrences, le pays ne s’est même pas arrêté pour se poser les vraies questions et les plus hautes autorités de notre pays sont restées silencieuses face à ces tragédies. Des dizaines d’âmes subitement et brutalement arrachées à la vie (mon Dieu !) sans que nous nous arrêtions, sans que nous interrogions sur la problématique du fléau qui gangrène nos routes et endeuille constamment nos foyers. Et pour soulager notre coupable conscience, nous imputons la responsabilité de nos malheurs à Allah, « Ndogal Yalla leu »…

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Madame Le Préfet,

Je vous adresse cette lettre, parce que formellement, vous êtes l’autorité en charge de l’ordre public et de la sécurité des hommes et des biens dans le département. Mais sérieusement, si nous (les usagers de la route) étions assez responsables, je n’aurai pas pris trente minutes de mon temps à faire cette lettre. En effet, nous connaissons tous, le danger que nous encourons en acceptant de telles pratiques ; nous avons tous conscience des risques, que de tels comportements peuvent entraîner.

Mais puisque pour nous, le malheur n’arrive qu’aux autres, nous demeurons dans notre insouciance dangereuse, hypocrite et parfois attentatoire à notre intégrité physique, voire à notre vie. Le plus souvent, nous sommes la cause des conséquences que nous subissons. En d’autres termes, nous sommes à l’origine des catastrophes qui nous arrivent. Les expressions sénégalaises du genre, « Yalla ko dogal », sont fatalistes et ne permettent pas de mettre l’homme devant ses responsabilités. Il nous faut rompre, individuellement et collectivement, avec ses modes de penser et d’agir.

Sinon il faudrait, par la force de la loi, nous y contraindre. En effet, personne n’est en sécurité, là où il n’y a pas de pouvoir capable de tenir les hommes en respect. En vous interpellant, Madame le Préfet, je suis convaincu, pour le bonheur et la sécurité des usagers des routes de Saint-Louis, que des mesures rigoureuses seront davantage mises en œuvre, afin de mettre fin aux comportements laxistes qui bordent nos routes.

Je vous prie, Madame le Préfet, de croire à l’expression de ma considération distinguée.

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Abdou Khadre SANO

Usager des bus TATA

UGB Saint-Louis

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