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Transport En Commun, Transport Incommode

« Mais comment font-ils ? »

Je me pose toujours la même question.

Ballottés au gré des routes cahoteuses ou des déformations d’itinéraires, serrés les uns contre les autres, plus bourrés à l’interne que le « bouchon » à l’externe, ils engagent, nous engageons (je vis le même calvaire) le lendemain le même voyage éprouvant, pour ceux qui rentraient aussi loin, le même itinéraire infernal ou les arrêts se suivent mais ne se valent pas selon qu’un client veut monter ou qu’un autre demande à tue-tête à descendre.

« Descendre »… ou plutôt sortir des tombeaux sur roues totalement lessivé par ces guimbardes.

Des éléments de musée ambulants bringuebalant en ville et banlieue.

« Le parc automobile sera renouvelé d’ici 2018 » disent-ils. Pareilles promesses accompagnées de menaces n’avaient pas eu d’effet dans un passé récent et les projets farfelus étaient bien souvent tombés à l’eau. On avait bien parlé d’eaux à une époque pas si lointaine, d’épaves modelées et jetées en profondeur de mer pour servir de sanctuaire de reproduction aux poissons mais des bancs (et non des sièges) de passagers machiavéliques, lunettes noircies, visage orienté vers le dehors ou regard fixe sur écran ennuyeux, ignorant toute préséance envers les adultes parmi les autres voisins baignant dans leur sueur, aisément irritables, comme pris au piège d’une cage en fer roulante, rouillée et, de surcroît, surchargée.

De petits « Joolas » sur bitume quoi, surutilisés et mal-entretenus.

On nous avait promis la fin des Carrapid’ mais à peine ont-ils feint de tourner leur face déglinguée que les TATA « sarcophages » oxydés ont pris le relais de « tortionnaires » après seulement une ou quelques années, Mon Dieu, au moins dans un Car Rapide on peut respirer de l’air pollué mais il y a de l’air quoi!

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Sur-remplies et ce, à dessein. Évident que les cadences de début et de fin de trajet défient toute logique : « Dépaarou mbaam, arrivée Gaïndé avec escales de sauterelle ».

A la moindre plainte, l’insolente réplique d’un receveur ou chauffeur opposant l’insolente réponse : « Si ça ne t’arrange pas tu peux descendre prendre un Taxi! ».

C’est vite dit et très mal pris car bien trop cru comme réponse d’un serviteur censé, un tant soit peu, être préoccupé du confort de ses compagnons d’embouteillages.

Sans choix, sans alternative, il faut calmer l’ardeur, rentrer la bosse, se taire car il n’y a pas, alors surtout pas, de solidarité active mais de la résignation: le Client n’est pas « ROI » mais « pROIe » et ça, ceux qui auront payé l’apprenti bien avant que le véhicule soit rempli le comprendront à leurs dépens.

S’impatienter tel un malade démuni aux « Urgences » d’un certain pays, guetter le prochain véhicule, se précipiter aux heures de pointe, bousculer de moins zélés, monter, s’accrocher, avancer, buter sur un autre passager, forcer ou céder le passage, le bloquer éventuellement et se faire réprimander par M. le receveur/apprenti et autres malchanceux épiant à l’entrée, posant le bout du pied sur la marche, accrochant le véhicule comme s’il était possible de l’empêcher de partir, conspuant l’audacieux tellement « petit de cœur » qu’il veuille obstruer une (inexistante) place au… four mobile.

Car il y a bien une part de responsabilité des usagers des transports en commun, pressés d’aller mais pas empressés de changer leur quotidien.

Qu’il soit en « Ndiaga Ndiaye », « Carrapide », « Bus Tata », « Clando » … Le « mouton », astafourlah, la « sardine », astafourlah (mais qu’est-ce qui m’arrive…), le client qui n’a pas le courage d’assumer sa révolte contre la surcharge ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort inhumain.

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Il doit descendre, fièrement car les 150frs, 250frs, 300frs qu’il dépense est une manne que lui et ses pairs amassent pour d’autres, Car oui, il y en a des alternatives : attendre à l’arrêt du Bus Dakar Dem Dikk aux « chauffeurs civilisés » mais à une seule et unique condition : « ne vraiment, vraiment, alors là vraiment pas être pressé… »

 

MOUSSA NGOM

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