Depuis plusieurs semaines, le bureau de l’Ordre national des Médecins du Sénégal (Onms) traîne les pieds devant les injonctions des techniciens du ministère de la Santé et de l’action sociale pour la convocation d’une Assemblée générale de renouvellement de son Conseil.
Dans le passé, peu de médecins se reconnaissaient dans l’Ordre national des Médecins du Sénégal, qui était assez ésotérique et restait la chasse gardée de certains médecins privés, d’un certain âge. L’afflux de jeunes médecins a permis de donner du sang neuf à cette organisation, avec en prime, l’élaboration de programmes se voulant ambitieux. C’est dans ce cadre, que les cotisations ont été revues à la hausse, générant un pactole de près de cent millions, aiguisant les appétits de certains membres.
On assista, par la suite, à un détournement de plusieurs dizaines de millions, attribué à une jeune secrétaire, qui disparut dans la nature pendant que la trésorière démissionnait purement et simplement.
La presse s’était, d’ailleurs, fait l’écho d’un rapport d’une trentaine de pages, une sorte de ‘’Revue des documents, de l’organisation administrative et comptable de l’Ordre national des médecins du Sénégal de 2010 à 2013’’, dans lequel le Centre de gestion agréé du Sénégal (Cgas) avait épinglé la gestion et fait état d’un trou financier de plus de 100 millions de francs Cfa.
C’est dans ce contexte que se tinrent les élections de renouvellement partiel du Conseil de l’Ordre national des médecins du Sénégal du 20 décembre 2014. Elles furent marquées par plusieurs irrégularités et manquements, qui avaient gravement entaché la sincérité et la validité du scrutin, dont l’annulation fut exigée, à l’époque, par plusieurs candidats.
De fait, la Cour d’appel de Dakar, réunie en Assemblée générale, en son audience du 2 juillet 2015, rendit un arrêt annulant ce scrutin controversé.
Les autorités ministérielles et la Direction générale de la santé, au lieu de reconvoquer une autre Assemblée générale pour de nouvelles élections régulières et transparentes, ont usé de subterfuges pour maintenir la même équipe. Ils firent mine d’accepter l’annulation de l’élection, en faisant appel aux membres du précédent bureau, dont certains (particulièrement le président et le Sg), faisaient partie des personnes épinglées par la décision de la Cour d’appel.
Etait-il dès lors prudent de conserver dans le bureau, certains membres, qui n’avaient pas hésité à truquer les élections de renouvellement ?
Qu’en est-il de la plainte contre X de l’Ordre des Médecins, à la Division des investigations criminelles ? La prochaine Assemblée générale devrait nous édifier sur ce point.
En attendant, on ne peut qu’exhorter les membres du Conseil de l’Ordre à s’approprier davantage les principes de probité morale, d’éthique et de déontologie. La mission de l’Ordre doit aller au-delà du simple recouvrement de cotisations statutaires et de la dénonciation médiatique des médecins omettant de s’en acquitter.
Pour que davantage de médecins s’approprient la véritable mission et les objectifs de l’Ordre et s’acquittent régulièrement de leurs obligations financières, il faut leur permettre de choisir démocratiquement des collègues vertueux, qui feront preuve d’une redevabilité sans faille.
Fadel WATT
Références :
Déclaration des signataires de la requête d’annulation des élections au conseil de l’ordre des médecins, Site Dakaractu : 8 juillet 2015
Ordre national des médecins du Sénégal : magouilles et coups bas ! Journal Enquête du 4 décembre 2015