Le secteur privé de l’Enseignement Supérieur est exposé à des lendemains incertains. L’effort réalisé quotidiennement par de véritables patriotes au service de l’éducation et de la formation est à soutenir, saluer, et encourager quand on sait que la place très importante du secteur privé dans l’enseignement supérieur est indéniable.
Face à cette situation, nous serions tentés de penser qu’au Sénégal, l’initiative privée est victime d’une forme de marginalisation qui l’empêche de prendre son envol. A l’horizon se profilent dangereusement des lendemains incertains pour le secteur privé de l’enseignement supérieur qui a reçu du plomb dans les ailes. De nombreux Etablissements Privés d’Enseignement Supérieur (EPES) ayant fait les frais d’un long et mauvais casting pour la répartition et l’orientation de nouveaux bacheliers risquent de voir leurs structures disparaître, si aucune mesure n’est prise à temps. Que de temps de travail perdu pour rien, ou pour une alchimie douteuse profitable à certains privilégiés, mais néfastes à nous autres qui sommes menacés de sombrer dans les abysses des difficultés financières malgré tous les efforts et sacrifices. Comment faire des prévisions pour couvrir les charges récurrentes, toutes les taxes, nos impôts, et rembourser nos dettes, quand l’Etat ne respecte pas les termes du contrat qui nous lie et dans lequel il est prompt à donner des coups de canif ? Les EPES souffrent du non -respect par les services de notre ministère de tutelle des conditions de paiement des sommes qui nous sont dues depuis plusieurs mois sur une trop longue période d’attente, là c’est également un manquement au contrat, signé entre les parties. Notre secteur est menacé pendant que des milliers de milliards sont dépensés ailleurs dans des activités de moindre importance que l’éducation, la formation et la santé. C’est clair que l’EDUCATION-FORMATION n’est plus une priorité chez nous, cela est vraiment révoltant de voir nos maigres ressources mal gérées, mal utilisées et ne profitant qu’à quelques « chanceux » ou parasites aux critères indéfinis, confus.
Avant 2012 tout était planifié d’avance par les familles des futurs bacheliers. Ce qui n’est vraiment plus le cas, aujourd’hui et ça n’existe nulle part qu’au Sénégal, ils attendent patiemment neuf, voire presque douze mois, après l’obtention du baccalauréat, pour qu’on les oriente dans les universités privées. Nous disons que c’est incompréhensible à l’heure des TIC, accentuant ainsi les inévitables et nombreuses suspicions et doutes quant à la fiabilité des logiciels « très intelligents » utilisés. Qu’est-ce qui empêche le Ministère d’explorer une nouvelle piste qui pourrait aboutir à une orientation meilleure, équitable, juste, transparente, sans arrière- pensée, sans complaisance et surtout plus rapide ? Il faut avoir l’humilité de reconnaitre que le système utilisé pour les orientations n’est ni fiable, ni rationnel et qu’il manque de cohérence. Plus que jamais, nous sommes nombreux à avoir compris que le problème se situerait au niveau de la conception du logiciel qui ne demande qu’à être simplifiée ; convaincus que ce qui se conçoit bien, évidemment s’énonce clairement : si nous ne rectifions pas le tir et nous obstinons à continuer dans cette voie, c’est la qualité de l’enseignement dans le privé qui va être sacrifiée sur l’autel de certains esprits égoïstes et sans conscience, cherchant à se bâtir un empire financier en empruntant ce raccourci. Par ce système des orientations des boursiers qui aiguise bien des appétits, l’enseignement supérieur est devenu un marché très juteux avec l’apparition d’une nouvelle race d’acteurs : mercenaires – agents d’affaires – démarcheurs cupides, boulimiques et insatiables, qui piétinent toutes les règles d’éthique, d’équité, de justice et de bonne gouvernance. C’est le moment, ou jamais, d’assainir le milieu et de réparer les inégalités créées entre l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur reconnus par l’Etat du Sénégal et présents sur la plateforme CAMPUSEN.
Il faut bien souligner que l’une des principales sources de nos difficultés est le taux des coûts annuels de formation qui nous a été imposé, du style « à prendre ou à laisser ». L’Etat qui paie 60% moins cher pour un étudiant sénégalais boursier soit 400 000 FCFA, alors qu’un autre Sénégalais non-boursier et non moins méritant paie (le tarif en vigueur à ETSHOS-IMED par exemple) dans ce cas il devient impossible de sortir la tête de l’eau avec ce gap. C’est incroyable et ahurissant à la fois, de constater que depuis l’année dernière, malgré notre détresse, les sommes réclamées par nos établissements n’étaient même pas pris en compte dans le budget de 2016-2017 et comment comprendre que sur la base d’un décret d’avance, pourtant accordé depuis le 28 novembre 2017, le MESRI aurait attendu la dernière minute, le 29 décembre 2017, soit le lendemain de la date limite de forclusion, pour déposer l’état des Décisions autorisant les paiements des sommes engagées par le ministre et prétendre voir le Trésor décaisser et payer les EPES ? Serait-ce de l’incompétence ou de la mesquinerie ? Ce qui est certain, il s’agit-là d’un préjudice immense qui nous a mis le dos au mur et nous a contraint de suspendre les cours jusqu’à nouvel ordre en attendant que les dispositions administratives soient réglées. La tutelle, la seule responsable de cette situation inéquitable et discriminatoire, doit prendre très rapidement ses responsabilités pour solder entièrement les sommes impayées à ce jour. L’initiative privée doit être encouragée et ne devrait souffrir d’aucune forme d’ostracisme ou de marginalisation.
L’orientation des étudiants sur CAMPUSEN, ce système tant vanté par ses concepteurs, mais aussi tellement décrié ailleurs, tarde à nous convaincre nous- autres. Ils sont nombreux pourtant, à avoir compris que le logiciel demande à être revu et corrigé pour être performant. La 1ère décade du mois de janvier est entamée, aucune nouvelle inscription de bacheliers orientés, au titre de l’année académique 2017-2018, n’a encore été enregistrée dans le privé. Il est indéniable que ces orientations sur CAMPUSEN ont perturbé, désorganisé et plombé la bonne marche et le fonctionnement de la quasi-totalité des établissements confrontés à d’énormes problèmes, Ne pas tenir compte du facteur temps, est une grave erreur qui aura pour conséquence la disparition des universités, écoles et instituts privés. Quand donc les autorités comprendront-elles que pour une réelle « égale dignité » il faut plus de démocratie et d’équité afin de donner tout son sens au partenariat Public-Privé ? Les nombreux Sénégalais et Sénégalaises qui, depuis plusieurs décennies fournissent des efforts titanesques et continuent de prendre des risques pour réaliser sur fonds propres des investissements colossaux, méritent plus de respect et de considération. Des patriotes dont le travail ne devrait être anéanti d’aucune façon. Pour limiter les dégâts ne serait-il pas plus judicieux qu’on revienne au statu quo ante. La qualité et l’excellence ayant un coût, le MESRI doit prendre conscience que le virtuel ne saurait être une panacée. De grâce ne sacrifiez pas les jeunes de chez nous !
Mme Denise d’ERNEVILLE
Présidente, Administrateur Financier
D’ETSHOS-IMED