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Filles Du Boundou, Marions-nous Parce Qu’on Le Désire Et Non à Cause De La Pression Sociale

« Debbo ko dewugal » ou « debbo ko suudumum » ( la femme n’a sa raison d’être que dans son ménage)!

Ces expressions sont familières à tout natif du Boundou car elles sont employées dans les discussions quotidiennes.

Au Boundou comme ailleurs, le mariage est tellement important qu’il devient une obsession pour certaines personnes.

En tant que musulmane qui est imbue de valeurs, je partage tout à fait l’opinion selon laquelle le mariage est une étape fondamentale voire indispensable pour se faire accepter et respecter davantage dans la société. Il nous permet également d’accomplir un devoir sacré.

Cependant étant sacré, le mariage devrait être un choix personnel et rationnel qui ne doit en un aucun cas être motivé par les influences extérieures.

Le constat est qu’actuellement beaucoup de boundoises se marient parce qu’elles subissent une forte pression sociale de leur entourage. Dés qu’elles atteignent l’âge de la puberté ( entre 12 et 16 ans), elles sont terrorisées par des idées comme :

  •  »jooni kay a tiimmi debbo » (maintenant tu es devenue une femme),
  • « a yoonetii e dewugal » (tu as l’age de te marier)
  • ou encore  » a footii humaneede » ( il est temps que tu te maries).

Ainsi, elle devient le centre de discussion de ses parents, de ses voisins et d’autrui. En un moment donné, certaines filles cèdent car elles se considèrent comme des fardeaux. Elles rejoignent leur domicile conjugal à la fleur de l’âge. Et là commence leur vraie vie. Quand elles parviennent à s’épanouir, elles sont la fierté de leurs proches. Si elles échouent au contraire, peu de personnes compatiront à leurs peines. En cas d’injustices, les plus soumises n’oseront même pas se plaindre car le jour de leur mariage leurs parents les avaient recommandé d’obéir à leur mari, de chercher leur bonheur et celui de leur belle famille car de là dépendait leur destin et surtout celui de leurs enfants (« mugne topitoda gorgoma et esiraabe ma mbele soukabe ma ne baade baarke »).

A vingt-ans quand tu es célibataire, tu seras classée dans le cercle des vieilles filles ( boombi thioydii). Au delà de vingt trois ans, n’en parlons même pas. On te compare avec les filles de ton âge qui sont déjà mariées et mères. Dans un ton ironique on te dit  » a naywi, gijiirabe ma fof kuumana haa jiibini » ( tu es vielle, les filles de ton âge sont déjà mariées et ont des enfants).

Les gens ont beau comparé mais est ce qu’ils se sont une fois demandés si ces filles là sont heureuses. Est ce qu’elles n’auraient pas aimés poursuivre leurs ambitions avant de se marier? Ne voulaient-elles pas construire leur projet de société avec leur vrai âme-sœur?

Est ce que ces gens ont conscience des conséquences négatives engendrées par ces mariages?

Les femmes qui ont divorcé après moins d’une année de mariage sont nombreuses. Elles pataugent dans la misère et sombrent dans le désespoir.

Beaucoup de jeunes filles ont des remords parce qu’elles sont engagées dans des unions qui ne les enchantent pas. Beaucoup de femmes sont malheureuses. Elles sont victimes d’abandon et de trahison. Elles se résignent néanmoins espérant que leurs enfants essuient leurs larmes un jour.

Mes chers sœurs, soyons maîtresses de nos destins. Ne nous laissons pas abattre par la pression sociale surtout que les auteurs de cette pression ne maîtrisent même pas leur propre vie. Osons refuser d’être des meubles qui doivent respecter des ordres et interdictions. Refusons d’être des marionnettes manipulables à tout moment. Osons dire non sans perdre de vue nos principaux objectifs.

 

AISSATOU ABDOUL KÉBÉ

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