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Au Président Macky Sall : Au Verbe Haut, Le Peuple Préfère L’action Forte

Au Président Macky Sall : Au Verbe Haut, Le Peuple Préfère L’action Forte

«La parole donnée, la parole signée devant le peuple doit être scrupuleusement respectée.» (Benoît HAMON, homme politique français)

Excellence, tout d’abord la modeste personne que je suis, s’excuse d’emblée de son impertinence en vous interpellant à travers une lettre ouverte. Cette forme épistolaire me paraît la plus indiquée. En effet, je ne m’adresse pas à Macky SALL en tant que personne mais à Monsieur le Président de la République, investi aujourd’hui, par la grâce divine, de la responsabilité de présider aux destinées de 14 millions de Sénégalais. De même que je m’adresse à vous en ma qualité de citoyen dont vous êtes le mandataire et à qui il vous est fait obligation moralement et constitutionnellement, donc juridiquement de rendre compte de tout acte entrepris en son nom. Je peux m’autoriser à dire que je vous interpelle au nom de tous les citoyens. Et à ce titre, mon adresse revêt un caractère collectif.

Excellence, je puis dire qu’à la lecture de la présente lettre, comme des lycaons affamés, vos sbires, thuriféraires et autres hommes de corde et de sac, vont se livrer à une concurrence effrénée pour qui répondra le plus vite et de la manière la plus acerbe à ce prétentieux citoyen, de surcroît issu de la flicaille ; avec évidemment pour seul but de se faire remarquer par le boss et espérer ainsi bénéficier d’une grâce supplémentaire. Ils seront dans leur bon droit, ces proches collaborateurs privilégiés, toujours assis à califourchon sur Sirius et se croyant sortis des cuisses de Jupiter (principale divinité du panthéon romain). Seulement qu’ils répondent sur chacun des points soulevés et ne point verser dans des généralités ou user de calembredaines. Je rappelle seulement que quand l’insulteur public Assane Diouf s’est permis de vous agonir d’injures et de vous faire subir une avanie, aucun de ceux qui vont répondre à ma lettre, n’a osé lever le petit doigt pour vous défendre. Alors, vous pouvez douter de leur sincérité.

Excellence, qu’on ne convoque point le Pse, le Pudc, le Puma, Promoville et autres appellations que vos partisans aiment seriner comme des incantations qui, en réalité, participent de l’art de l’enfumage. Et ce pour la simple raison qu’aux premiers instants de votre élection, vous aviez dit, de retour d’un voyage à Ouagadougou, que nous n’étiez pas élu pour faire des routes, faisant allusion malicieusement à votre prédécesseur qui pourtant vous aura tout donné. En clair, vous vous situiez dans de nouveaux paradigmes avec comme slogan «La Patrie avant le parti» «gestion sobre et vertueuse» et tutti quanti. En somme, vous sembliez privilégier les principes axiologiques portant sur les valeurs d’éthique, sur la moralisation de la praxis politique.

Excellence, le simple citoyen que je suis s’autorisera, avec une témérité assumée mais aussi en toute légitimité, de s’interroger sur certains aspects du comportement, de l’attitude et de la posture de celui qui préside, par la volonté de 65 % de ses compatriotes, à la destinée de ce pays. Il s’agira d’une double interpellation relative à votre idiosyncrasie.

I – Quid de ce qui serait une faiblesse ?

Excellence, à Fatick, au cours d’élections nationales, vous avez imposé votre statut officiel et votre force physique pour obliger les membres du bureau de vote à vous laisser voter, alors que vous ne disposiez pas d’une pièce d’identification comme exigée par le code électoral. Cette bravade n’est point de la bravoure, c’était plutôt le signe d’une certaine faiblesse. En effet, devant certains obstacles, certaines adversités, le faible fait toujours preuve d’une certaine témérité pour s’affirmer. L’attitude qui seyait, fût de reconnaitre votre erreur ou votre négligence et éventuellement de solliciter la compréhension des membres du bureau de vote qui, certainement, devant votre humilité, feraient preuve de compréhension.

Excellence, votre griot attitré dont le physique reflète concrètement la laideur et son étroitesse d’esprit, a eu un comportement dégoûtant qui a suscité chez beaucoup de nos compatriotes, notamment chez les dignes chevaliers du commandement territorial, un profond sentiment de désolation, de honte, d’indignation, de révolte et de mépris. En effet, votre gros, gras et dodu griot, se serait permis, au cours d’une cérémonie funéraire qui exigeait que tout le monde observât un comportement digne et de recueillement, d’interpeller le préfet, c’est-à-dire votre représentant, pour lui faire subir des avanies devant un public médusé. Votre griot attitré, courtisan qui vit à vos dépens, sans retenue et imbu d’une autorité, d’un pouvoir et d’une arrogance que lui confère sa proximité avec vous, a traîné et voué aux gémonies le préfet de Kanel en sa qualité de représentant du président de la République. Un tel geste, déshonorant et offensant à l’endroit de tout le commandement territorial, est resté impuni. Rangé aux oubliettes.  Serait-ce de la faiblesse de votre part ?

Excellence, quelques jours après, votre griot attitré, courtisan vivant à vos dépens, a eu un comportement qui a choqué plus d’un. En effet, alors que vous étiez assis et confortablement installé à la tribune officielle en votre qualité de représentant du peuple sénégalais et d’invité d’honneur de la cérémonie commémorative du 52e anniversaire de l’accession de la République de Gambie à la souveraineté nationale, votre griot attitré s’est dirigé à la tribune officielle, au mépris du protocole, pour venir vous saluer ; et vous vous êtes levé. Une image choquante. J’avais dit qu’il se serait comporté comme ça au Sénégal que les éléments du Gign l’auraient empaqueté et jeté dans leur fourgon. Serait-ce de la faiblesse de votre part ?

Excellence, au mois de décembre 2013, à la présidence de la République, qui n’est point un lieu privé, encore moins une demeure privée, mais plutôt le siège officiel du mandataire du peuple souverain, votre griot attitré et le sieur Birane Faye, alors Directeur de l’Agence pour l’emploi des jeunes (Anej), ont échangé des coups de poings au cours d’un face à face digne des grands combats de lutte. Et ce, suite à la provocation manifeste de votre gros, gras et dodu griot. Et cela avait provoqué votre grosse ire. Aucune réaction vigoureuse de votre part. Serait-ce de la faiblesse de votre part ?

Excellence, votre griot attitré s’est donné en spectacle en provoquant le ministre Abou Lô et ce, devant vous. Un spectacle désolant qui avait suscité l’indignation dans votre entourage. Bien qu’outré par ce comportement de chiffonner, vous n’aviez pas jugé nécessaire de sévir. Pourquoi votre griot attitré bénéficie-t-il de tant de complaisance ? Un simple crieur public, un minus habens qui n’a de mérite que de chanter les louanges d’une certaine noblesse et la généalogie souvent usurpée d’un individu, fut-il un roi.  Serait-ce de la faiblesse de votre part ?

Excellence, votre regroupement l’Apr (ce n’est pas encore un parti) est une véritable armée mexicaine composée d’éléments d’une indiscipline caractérisée avec une propension pathologique et effrénée à l’insulte et à l’injure. Combien de fois ont-ils eu à enfreindre vos ordres, à outrepasser vos injonctions, à ne pas appliquer encore moins considérer vos instructions ? Combien de fois avez-vous sifflé la fin de la récréation, pour ne pas dire de la cacophonie, voire de la pagaille ? Jamais ils vous ont obéi, jamais non plus vous n’avez pris de sanction, et si par extraordinaire, il vous arrive d’en prendre, c’est pour aussitôt trouver une compensation. Serait-ce de la faiblesse de votre part ?

Excellence, un ministre de la République, en l’occurrence Mbagnick Ndiaye pour ne pas le nommer, a, au cours d’une cérémonie de passation de service folklorique, affirmé que c’est grâce à votre épouse Marième Faye, que lui et un de ses collègues avaient été nommés dans le gouvernement. Et à ce titre, il lui manifeste toute sa reconnaissance. C’est une déclaration dont l’auteur emballé, et grisé par l’ambiance euphorique, n’a pas réalisé la gravité. Un autre président l’aurait immédiatement débarqué de l’étalage gouvernemental ; ne serait-ce que pour préserver sa crédibilité et montrer aux populations, que c’est lui qui tient le gouvernail. Il paraîtrait – j’en doute – que vous aviez voulu agir dans ce sens, mais que de bonnes volontés vous en auraient dissuadé. Serait-ce de la faiblesse de votre part ?

Excellence, et que dire de l’attitude de Souleymane Jules Diop qui a tenu des propos désobligeants à l’encontre de son ministre Mankeur Ndiaye qu’il a défié publiquement, allant jusqu’à faire des allusions irrévérencieuses sur les penchants vicieux de son supérieur hiérarchique. Et pour trancher ce débat qui commençait à polluer l’espace public, vous avez promu l’impertinent à une station supérieure. Serait-ce de la faiblesse de votre part ?

Excellence, concernant le même Souleymane Jules Diop, pendant des années alors que de courageux Sénégalais, bravant toutes sortes de difficultés, faisaient moult sacrifices physiques et financiers pour défendre le candidat Macky Sall, il n’a eu de cesse de vous présenter sous un mauvais jour, en vous décrivant comme un homme faible (encore cette faiblesse), sans consistance, sans épaisseur politique ni intellectuelle, incompétent et incapable de diriger une quelconque institution, même pas un Gie, à fortiori, la présidence de la République. N’avait-il pas déclaré que voter Macky Sall, c’est élire Marième Faye ? Aussi je n’arrive pas à comprendre la logique qui vous a poussé à l’appeler à vos côtés et en faire un proche collaborateur. Serait-ce de la faiblesse de votre part ?

Excellence, votre ministre Moustapha Diop que vous semblez chouchouter, a été irrespectueux et irrévérencieux, impoli envers d’honorables magistrats de la Cour des comptes venus simplement à son service pour s’enquérir de la gestion du Fonds national de la promotion de l’entrepreunariat féminin. Rien que pour cela, il les a traités de «petits magistrats» de rien du tout qui viennent régler des comptes. Il les a éconduits avec mépris et désinvolture. Plus révoltant, le ministre Moustapha Diop n’a aucunement daigné présenter ses excuses. C’est malheureusement vous, en votre qualité de président de la République, qui êtes venu à résipiscence pour le compte et au nom de ce petit ministre. Serait-ce de la faiblesse de votre part ?

Excellence, voilà énumérées, de bonnes raisons qui peuvent amener le citoyen à croire que vous seriez un président faible. Et la faiblesse est la pire des tares pour un chef d’Etat ? Plutôt que de la faiblesse cela pourrait être une gentillesse pathologique.

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II – Quid de la parole donnée ?

Reprenant Benoit Hamon, candidat socialiste malheureux aux dernières élections présidentielles françaises, je dirai que la parole donnée, la parole signée devant le peuple doit être scrupuleusement respectée. Ici l’adverbe a tout son sens et toute sa signification. Nous sommes héritiers de sociétés traditionnelles marquées par l’oralité où la parole régit les relations interpersonnelles, où les engagements, les serments et les contrats sont définis sur la base de la simple parole. Simple parole certes, mais d’une grande valeur éthique et morale. Surtout la parole d’une autorité, d’un chef. Qui plus est, dans nos sociétés d’aujourd’hui, la grande masse des populations, considèrent que l’autorité est d’essence divine. Ne dit-on pas que «Buur yala moko fal». Je reconnais tout de même que c’est un déterminisme social très commode. Tout ceci pour dire que la parole d’un président de la République a une valeur sacrale, une sacralité qui l’oblige à toujours faire ce qu’il dit et dire ce qu’il fait.

Excellence, avec tout le respect que je vous dois et toute la considération qu’impose votre statut, je suis au regret de constater malheureusement et pour le déplorer tristement que vous avez accumulé durant votre magistère beaucoup de renoncements, trop de reniements et moult abjurations.

Excellence, la période préélectorale de 2012 a été émaillée par beaucoup d’incidents et de manifestations avec mort d’hommes, au total 12. Tout cela pour s’opposer aux forfaitures de votre prédécesseur. Et tous les responsables politiques de l’opposition avaient individuellement et collectivement fait le serment de rester unis à Dakar pour affronter les forces de l’ordre. Les images sont là montrant pratiquement les grands chefs de l’opposition inhalant du gaz lacrymogène. C’est triste de le dire, mais vous vous êtes délié de cet engagement pour aller battre campagne solitaire pendant que vos collègues luttaient avec une bravoure et une ténacité à saluer. Comment qualifier votre attitude ? De toutes les façons, vous n’avez pas respecté votre engagement.

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Excellence, n’aviez-vous pas promis au cas où vous serez élu, de former un gouvernement qui ne dépasserait pas 25 membres. Votre premier gouvernement a largement dépassé la trentaine. Aujourd’hui votre gouvernement compte une quarantaine de membres, compte évidement non tenu de la cinquante de ministres d’Etat, ministres conseillers qui gravitent autour de la galaxie présidentielle. Beaucoup de nos compatriotes sont déçus par cette promesse non tenue. Comment qualifier votre attitude ? De toutes les façons, vous n’avez pas respecté votre engagement.

Excellence, votre promesse qui vous avait voulu la sympathie, voire l’adhésion de beaucoup de Sénégalais à votre programme, c’est d’avoir juré une fois élu, de réduire le mandat du président de 7 à 5 ans, en commençant par le premier mandat que vous exercez. Une telle déclaration a été perçue comme celle d’un homme détaché du pouvoir et qui n’avait comme seule ambition de servir son peuple. Non seulement c’était une promesse du candidat que vous étiez, mais c’était surtout ce qui donnait beaucoup plus de solennité à vos propos, l’engagement d’un président de la République. Cet engagement a été déclaré urbi et orbi, devant les plus grandes personnalités politiques du monde, au sein des plus grandes instances et au cours des circonstances les plus solennelles. Hélas ! Avec la bienveillance suspecte du Conseil constitutionnel, vous vous êtes agrippé sur un avis, un simple avis pour ne pas abréger votre mandat en cours.

En réalité, votre rhétorique captieuse sur la réduction de votre mandat qui avait séduit, fasciné et émerveillé beaucoup de Sénégalais, s’est révélée un véritable vaudeville qui aura provoqué la déception et la frustration de tous ceux qui y avaient cru. Votre engagement avait suscité chez vos compatriotes une réelle fierté et les avait amenés à se vanter de l’exception Sénégalaise. Comment qualifier votre attitude ? De toutes les façons, vous n’avez pas respecté votre engagement.

Excellence, vous avez séduit beaucoup de nos compatriotes avec de belles formules et des slogans accrocheurs. Ainsi aviez-vous dit que votre gouvernance sera exercée sous le sceau de la vertu et de la sobriété. Beaucoup de Sénégalais s’étaient dit qu’enfin, nous avons un président qui va moraliser la vie politique, l’espace public et préserver nos maigres deniers publics et que certainement, il s’astreindra à voyager le moins possible, contrairement à son prédécesseur et ce, pour être à l’écoute et à proximité de son peuple. Malheureusement, c’est tout le contraire qui se constate. Vous voyagez beaucoup et restez rarement au pays. Le coût total cumulé de vos voyages se chiffre à des milliards de nos francs grevant ainsi le trésor public. Nombreuses sont vos dépenses somptueuses et somptuaires d’aucune utilité pour les populations. Vos libéralités apparentes ou sous-jacentes sont excessives. Les dessous de tables profitent à des gens qui n’ont aucune légitimité ni méritent pour en jouir, sans compter l’indécence de la pratique. Comment qualifier votre attitude ?

Excellence, on peut situer dans la même veine, votre slogan «La patrie avant le parti». Une belle formule, d’une ingéniosité qui a séduit plus d’un. Malheureusement, la pratique a montré tout le contraire. Vos actes et paroles ont totalement pris le contrepied de ce beau slogan qui a été altéré pour devenir «La fratrie avant le parti et le parti avant la patrie». Le clanisme et le népotisme sont érigés en principe de gestion des affaires publiques et d’ascension sociale. La famille a envahi l’espace public et impose une véritable sphère d’influence. Le mérite n’est plus une culture de réussite et de progression dans la carrière, seule la détention de la carte du parti offre au citoyen en général et à l’agent public en particulier une possibilité d’avancement. Comment qualifier votre attitude ?

Excellence, vous avez eu à déclarer publiquement, en prenant à témoin l’opinion publique nationale et internationale, que jamais il ne vous viendra à l’esprit de prendre un décret pour nommer votre jeune frère Aliou Sall à un quelconque poste de responsabilité publique. Cet engagement entrait en droite ligne de votre combat contre le népotisme et de votre volonté affichée et maintes fois réaffirmée de rompre d’avec les mauvaises pratiques de l’ancien régime. Malheureusement et c’est vraiment triste de le constater, vous avez failli à cette promesse. Vous vous êtes dédit en passant outre ce serment pour nommer votre jeune frère Aliou Sall à la tête de la Caisse des dépôts et consignations. Une structure qui gère près de 200 milliards. Comment qualifier votre attitude ?

Excellence, vous aviez dit que la Crei était réservée aux gestionnaires de l’ancien régime et que l’Ofnac était destiné aux gestionnaires de l’actuel régime. Concernant la Crei, tout le monde s’est rendu compte qu’en réalité, sa résurgence n’avait qu’un seul et unique objectif, celui d’éliminer Karim Wade, et faire d’une pierre deux coups : Mettre hors circuit un adversaire politique dangereux et assouvir un sentiment, un désir de vengeance.

Quant à l’Ofnac, jusqu’au moment où j’écris ces lignes, aucun responsable, aucun gestionnaire n’a été traduit devant les tribunaux, alors que des dizaines ont été épinglés par des rapports accablants. Et malheureusement, vous avez eu personnellement à avouer que vous avez mis le coude sur certains dossiers. Je peux affirmer qu’aucun des fautifs ne sera traduit en justice. Et ce pour la bonne et simple raison qu’ils font partie des 5 chevaliers de l’Apocalypse sur qui vous comptez pour gagner les élections au 1er tour. Il s’agit de Cheikh Kanté qui est du Port au Pse, de Ciré Dia de la Poste, de Cheikhouna Anne du Coud, de Moustapha Diop et de d’Amadou Bâ. Les frasques des quatre premiers nommés sont largement connus du grand public, quant à Amadou Bâ, une prochaine contribution permettra aux Sénégalais de découvrir le personnage sous une nouvelle facette pour avoir été chef de service, directeur, directeur général et ministre. Et partout où il est passé, il est fort aisé de lui reprocher des actes peu orthodoxes. Prenant l’opinion nationale et internationale à témoin, je puis affirmer de manière péremptoire qu’aucun des directeurs généraux épinglés par les différents corps de contrôle, ne sera traduit en justice. Et pourtant vous devez savoir que «l’âme, l’esprit et le sens de l’Etat repose dans le droit et la justice.» (Marcus Cicéron)

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Excellence, venons-en à cette pratique malsaine et abjecte que vous aviez tant décriée dans le passé. Il s’agit de la fameuse transhumance que vous-même aviez qualifiée de cancer de la vie politique. C’est effarant qu’aujourd’hui, vous l’encouragiez et que vous en êtes le chantre et le héraut. Et publiquement et sans pudeur, vous encouragez et incitez les hommes politiques, notamment vos adversaires politiques à s’y adonner.

Les transhumants sont des êtres détestables et honnis pour qui je n’ai que mépris et dégoût. Quant à ceux qui les accueillent, ils n’ont qu’une dignité égale à celle des renégats qu’ils reçoivent. Tous des vermines de la pire espèce qui ne font qu’exprimer leur animalité, donc leur incapacité et leur illégitimité à diriger des hommes. Les transhumants, comme la plupart des hommes politiques, sont uniquement guidés et mus par leurs intérêts égoïstes. «Les vertus se perdent dans les intérêts comme les fleurs dans les mers» (La Rochefoucauld). Comment interpréter votre attitude, sinon un revirement spectaculaire.

Excellence, vous aviez promis, une fois élu, de faire de la présidence de la République un lieu solennel où la vulgarité et le prosaïsme seront bannis. Aujourd’hui, il est malheureux et triste de le constater pour évidemment le déplorer avec véhémence et indignation, le Palais de la République est non seulement privatisé, mais est devenu le lieu de rencontre et le siège infesté d’une horde d’écornifleurs, d’une bande de copains et de coquins incultes et ignares, d’une meute de profitards sans vergogne, d’un groupe d’arrivistes ploutocrates, d’un réseau de maquignons et de soudards de tous acabits et d’une masse pourrie de transhumants politiques qui ont vendu leur âme au diable et bradé leur dignité. La présence de toute cette faune humaine, immorale et amorale a créé une atmosphère kafkaïenne dans ce haut lieu censé être le siège de la volonté du peuple.

Excellence, lors de la campagne électorale de 2012, pour marquer la différence entre vous et les autres candidats et pour davantage emporter l’adhésion de vos compatriotes, vous aviez dit que vous ne faites pas des promesses, mais que vous formulez des engagements ; une manière de faire comprendre que vos propos seront actés et concrétisés et que ce ne sont pas des paroles en l’air. Malheureusement, à l’épreuve, les Sénégalais, hormis vos affidés, se sont rendu compte que les actes que vous posez et les actions que vous menez, sont aux antipodes de vos engagements d’antan. Sachez une bonne fois pour toute que le vaillant peuple sénégalais préfère au verbe haut, facile et creux, l’action forte, utile et productive.

Excellence, je n’ai fait qu’évoquer des faits précis, relater des situations réelles et citer des paroles avérées. Toutes choses qui, à mon humble avis, semblent démontrer que vous seriez un homme faible de caractère peu enclin à respecter sa parole. Hélas ! La conjonction de ces deux tares chez une même personne la disqualifie pour assumer un quelconque leadership, exercer certaines fonctions et se voir confier certaines responsabilités. Et me vient à l’esprit le portrait qu’avait dressé Souleymane Jules Diop sur votre personne. Ce que je puis dire, est que le propre et la caractéristique d’un homme faible, c’est de manquer de courage. Et ce manque de courage l’amène et le conduit toujours à refuser l’adversité frontale. Aussi utilise-t-il souvent des expédients pour contourner les obstacles. Honni soit qui pense aux déboires actuels de vos potentiels adversaires à l’élection présidentielle.

Excellence, vous aviez parfaitement raison de dire que vous n’avez pas été élu pour construire des infrastructures, notamment des routes. C’est pourquoi je me permettrais de vous dire ceci : «Les inscriptions gravées sur du marbre à l’occasion de vos nombreuses inaugurations, le temps implacable les effacera ; les autoroutes,  les forages, les châteaux d’eau, les ponts et les échangeurs que vous construisez s’effriteront ; les mosquées et les résidences que vous bâtissez dans les cités religieuses tomberont en poussière. Alors que faire ? Il vous faut valoriser vos concitoyens dont les âmes, parce qu’étant des hommes, sont immortelles, en leur inculquant de bons principes moraux, d’éthique, de justice, d’équité, d’égalité, de vérité, de droiture, d’honnêteté, de dignité et de la juste peur de Dieu ainsi que l’amour de son prochain. C’est seulement ainsi que votre œuvre pourrait illuminer votre peuple jusqu’à la fin des temps.»

Excellence, vous êtes un croyant et de surcroît un musulman. A ce titre, je vous fais part des propos de George Bernard Shaw, prix Nobel de littérature en 1925 qui parlant du prophète Mohamed (PSL) disait : «Il faisait toujours montre d’un égard scrupuleux envers ses engagements.» Puisse Allah le Tout-Puissant incontesté et incontestable de nos destinées d’êtres insignifiants et ignorants, vous inspire à suivre l’exemple du prophète (PSL).

Excellence, au verbe haut, le peuple préfère l’action forte.

Je vous prie d’agréer Excellence, l’expression de mes sentiments les plus distingués.

 

Boubacar SADIO

Commissaire de Police divisionnaire de Classe Exceptionnelle à la Retraite

Ancien Directeur Général Adjoint de la Police Nationale

sadioboubacar54@gmail.com

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