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De La Presse Sénégalaise En Général

C’est peu de dire que la presse sénégalaise a des problèmes, qu’elle est devenue un problème pour le processus démocratique, et que naturellement les « journalistes » sont incriminés pour leurs responsabilités dans la survenue de ces problèmes.

Que dénoncent globalement les animateurs du média bashing? : La violation des règles élémentaires du journalisme, la banalité des discours, le vide communicationnel, l’instrumentalisation de journalistes, la folklorisation qui a dévoyé le divertissement, l’abandon de la fonction d’éducation, la superficialité dans l’analyse (si elle existe), la commercialisation de l’info, l’ambiance générale de « saabar bou tass » qu’exhale la presse, ainsi que l’avait caricaturé un jour, exaspéré, Mamadou Koumé, il y a 15 ans maintenant.

Mais les censeurs ne soulignent pas assez qu’en dépit de ces fautes, le gros de la troupe (Rip Amadou Mbaye Loum) entretient des sortes d’équilibres « fondamentaux », ceux qui cimentent notre pays, et qui font que nous soyons (conjugaison non garantie) ce que nous sommes.

Tout en évitant la politique de l’autruche, il faut reconnaître qu’une grande partie de la presse écrite tient son rang, grâce au professionnalisme et à l’indépendance de ses acteurs, et là où on le pense le moins ! Pour avoir des réponses précises à des questions précises, le libellé est d’importance capitale. Il faut donc élaguer. On met dans le même sac, journaux, radios, sites internet et…rumeurs publiques. On oublie trop souvent de souligner que c’est de la société sénégalaise elle-même qu’émane tout le sens éditorial qui défile sous nos yeux, dans un brouhaha indescriptible, qui ajoute à la confusion entretenue par la fin des modèles, la paupérisation des classes moyennes, la ghettoïsation des intellectuels, la crétinisation des masses populaires, la personnalisation des débats et l’argent-roi, ce pognon qui a vermoulu notre pays au point que la compétence, le mérite et le talent sont confinés dans des carrières qui n’apportent finalement rien sinon un carnet d’adresses qui étonne jusqu’à son détenteur.

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On n’interroge pas assez l’autre partie, le public, le récepteur, aujourd’hui émetteur, transmuté par les médias sociaux.

Quel est ce public ? A qui s’adresse-t-on en publiant un article de presse ? Dans ce Sénégal de 2018, on recherche globalement un lecteur qui demande des explications aux situations, conditionné qu’il est déjà par le flot d’infos de la webosphère ; l’effort financier fait par l’acheteur du journal est la preuve de la demande. Donc, l’offre doit être tout autant pertinente. Quelques remarques que m’autorisent modestement 20 ans de métier.

1 – Il y a un sérieux problème de ressources humaines. Beaucoup de ceux qui ont été formés et bien formés ont quitté les salles de rédaction pour s’offrir des « quiétudes » ailleurs. Ce n’est pas toujours l’aisance financière qui explique cette tendance. Beaucoup quittent la presse car ils recherchent un confort intellectuel.

2 – On ne peut être un journaliste crédible sans offrir de la plus-value dans la réflexion et s’installer dans des hauteurs cognitives similaires à celles des autres pouvoirs. Or, celle-ci n’est possible sans les prérequis de l’indépendance, de la lecture profitable, de la recherche de l’innovation, de la culture générale et de la culture en général.

3 – J’évite de tomber dans le mimétisme béat et refuse de croire à la mort de la presse à cause des réseaux sociaux. Les journaux, dans l’idéal, devraient rester un gage de crédibilité si les journalistes parviennent à en faire des sanctuaires, en inspirant de la confiance. Il est clair qu’à la base, leur boulot encore et toujours sera de collecter, de traiter et de diffuser en expliquant. Un humble job d’ouvrier…

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3 – A terme, il n’y aura de journalistes que spécialisés et les journaux seront des produits de « luxe ».

4 – Son sort est lié à celui de l’Ecole sénégalaise.

5 – La langue de travail sera la principale contradiction.

A suivre…

 

Samboudian Kamara

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