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Macky Et Le Plan Sénégal énervant

Que de plans de développement concoctés depuis les indépendances: plans triennaux de développement, plans quinquennaux de développement,  rétablissement  des grands équilibres macro-économiques, plan Sakho-Loum, plan d’ajustement structurel, plan  R.E.V.A. , G.O.A.N.A , N.E.P.A.D.

Aucun plan n’a jamais réussi à sortir le Sénégal de la pauvreté qui demeure toujours coincé entre la Mauritanie et la Guinée Bissau.

Alors, pour quelles raisons le plan Sénégal émergent devrait- il réussir là où tous les autres ont lamentablement échoué.? En vérité , seuls les ingénus et les naïfs osent lui accorder la moindre once de crédibilité car sa pertinence ne résiste à aucune analyse de quiconque doté de la moindre parcelle de raison.

En effet, comme toutes les édifices,l’émergence exige des fondements solides.Un socle à partir duquel s’ élabore, s’ ébauche et se construit l’ échafaudage et  la structure, et ce socle , c’est l’ agriculture et l’ éducation. L’étude de l ‘ histoire des pays ayant réussi à se sortir de la pauvreté ( Tous les pays développés ont à un moment de leur histoire connu la pauvreté ) nous en donne une preuve éclatante. Nous prendrons l’ exemple des pays de l  Union Européenne.

Au sortir de la seconde guerre mondiale, ces pays étaient dans une situation mille fois pire que celle que nous vivons au Sénégal : Des millions de morts,toutes les infrastructures détruites, les champs retournés par les bombes ou minés, entraînant une famine indicible. Tout était donc à reconstruire. Repartir de zéro. Or, en moins de deux générations, ils se sont tous  développés.

Comment expliquer ce miracle ? Tout simplement en respectant l’ ordre des priorités .

En mettant d’abord l’accent sur l’agriculture pour  mettre un terme  à la famine .C’est ainsi qu’est née la P.A.C. la politique agricole commune en 1962.qui par une politique massive de subvention et d’ assistance a permis d’atteindre rapidement l’ auto- suffisance alimentaire et de sortir les paysans de la pauvreté. Aujourd’hui , l’ U. E. est la seconde exportatrice mondiale de produits alimentaires derrière les Etats Unis.

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La deuxième priorité  fut l ‘ éducation. Un système éducatif performant qui a permis d ‘ atteindre rapidement la scolarisation universelle et l’ émergence ( ! ) de générations instruites et éduquées .

C’ est donc à partir de ce socle Agriculture / Education que les Européens ont réussi à effacer les affres de la seconde guerre mondiale.

A l’ aube des indépendances, René Dumont, un agronome mais surtout un humaniste  Français  (1904 / 2001) qui a beaucoup travaillé dans les rizières Thaïlandais avait pourtant averti Senghor ;  Ne te mets pas à construire des immeubles et des routes et abandonne la culture de l ‘ arachide. Mets l ‘ accent sur les cultures vivrières et écoute tes paysans car l’ auto- suffisance alimentaire est le premier pas vers le développent. Voyant que Senghor et encore moins les autres chefs d ‘ état Africains n’ écoutaient ses conseils , il publia en 1962 un livre qui devint célèbre : L ‘ Afrique noire est mal partie. Il fut alors déclaré persona non grata   dans beaucoup de pays. Cependant, l ‘ histoire lui donnera raison  et après qu’ il eût quitté le pouvoir , un journaliste Français demanda à Senghor s’il nourrissait  un regret. Senghor lui répondit : ne pas avoir écouté René Dumont.

Plus de cinquante années plus tard, les mises en garde de René Dumont  restent encore  d’ une redoutable actualité. Au lieu de mettre l’accent sur une véritable politique agricole comme en Europe, Macky distribue  chaque année 10 kilos d’ arachides et 2  kilos d’ engrais aux paysans pour solde de tout compte. Un paysan Sénégalais , mort il y a de cela 2 siècles et ressuscité ne serait pas dépaysé en visitant le monde rural. Rien n’ a jamais changé. Les mêmes techniques et les mêmes outils traversent les siècles comme si les actes que ces paysans posent sont inscrits non dans leurs cerveaux donc perfectibles en vue d’ augmenter le rendement et tendre vers l’ auto- suffisance alimentaire, mais dans leurs gènes donc frappés du sceau de l’ immuabilité.

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Quiconque visite le monde rural ne saurait réprimer un sentiment de commisération et de révolte. Contrairement à la ville où elle se cache sous un halo de lumière ou de tenue d’ apparat , la faim ici est nue et s’ expose au regard. Pire , elle agresse le regard et ne le lâche plus.  La faim dans le monde rural s’affiche partout malgré les dénégations éhontées du gouvernement qui réfute l’existence de la faim au Sénégal. Elle est partout jusque dans les ustensiles de cuisine renversés et jetés n’importe où car d’ aucune utilité. Elle s affiche dans le regard vide et hagard  des enfants  rachitiques et manifestement sous alimentés.

Non seulement le paysan Sénégalais ne reçoit que quelques kilos d arachides et d’ engrais , mais il reste tributaire de la pluie. S ‘il pleut , tant mieux , sinon tant pis. Une véritable politique agricole suppose une maîtrise de l’eau. Il faut libérer le paysan de l’ étau des saisons : saison sèche /  saison humide  afin de  lui permettre de faire plusieurs récoltes par an.Cela est possible car les nappes phréatiques sont pleines au Sénégal , il y a de l ‘ eau dans nos sous sols . Il suffit de la sortir et de la mettre à la disposition des cultivateurs et des éleveurs par un système d’ irrigation comme en Libye  ou Israël. Abdou Diouf avait naguère proposé la revitalisation des vallées fossiles.Il est possible de réactualiser l ‘idée .Seulement, cela demande une véritable volonté  politique .Malheureusement  cela  ne semble pas être à la portée de notre cher président. Même cette auto- suffisance en riz qu ‘ on nous fait miroiter n’ aura aucun impact structurel car ne concernant que quelques dizaines de producteurs Toute politique agricole qui ne concerne qu’un nombre infinitésimal de paysans et qui laisse en rade la majorité est vouée à l ‘ échec. La véritable politique agricole est celle qui non seulement assure l’ auto-suffisance alimentaire mais aussi sort tous les paysans de la pauvreté et de la faim .Elle ne saurait être sélective.

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On retrouvera le même mépris pour les enseignants. Dire que le système éducatif Sénégalais est au point mort est un euphémisme.  Or dans sa quête du développement, le Sénégal ne saurait faire l ‘ économie de l ‘ éducation. Il n ‘ y a pas d ‘ émergence sans savoir  il n’ y a pas de savoir sans école  et il  n’ y a pas d ‘ école sans enseignants .Depuis prés de 20 ans notre école est dans un état de délabrement fort avancé . Au lieu de s’ attaquer à la tache afin de la remettre debout , Macky  est depuis son accession à la présidence dans un mamo à mamo avec les syndicats d ‘ enseignants  qui en dit long sur sa volonté de sortir l école du bourbier.

Peut- être estime t-il qu’une politique agricole et éducative constitue une tache herculéenne pour lui .Voilà pourquoi il a choisi la facilité ,Le ciment : Arène nationale , salle de conférence Abdou Diouf , Diamnadio .

En mettre plein la vue puis-qu’ il est incapable d’ en mettre plein le ventre et plein la tête .

Il y a Libreville au Gabon  , Brazzaville au Congo et avant Léopoldville .Quand les travaux seront finis il faudra rebaptiser Diamniadio  et l ‘ appeler Mackyville    ,

Il est temps  de sortir le paysan de la pauvreté  et l’ enseignant de la  précarité car ils sont la clé de l ‘ émergence.

Alors monsieur le président , dites- moi comment vous traiterez  désormais vos paysans et vos enseignants , je vous dirais si vous serez émergent ou … énervant

 

Serigne Mbacke Ndiaye

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