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Enlèvements Et Meurtres D’enfants Au Pays De La Téranga

Enlèvements Et Meurtres D’enfants Au Pays De La Téranga

De quoi ce phénomène est-il le nom ?

C’est la question que nous nous posons pour tenter de comprendre ce funeste fléau qui semble prendre de l’ampleur dans notre pays. Le dernier cas en date est celui du meurtre à Rufisque du petit Serigne Fallou Diop âgé de 2 ans. La consternation et la colère, mais aussi et surtout l’effroi sont en train des gagner tout le pays. Face au mutisme assourdissant des pouvoirs publics, suivi de leur réaction contrite et embarrassée, chacun y va de son hypothèse. Nous avons d’une part ceux qui voient dans ces ignominies l’œuvre de réseaux transnationaux à des fins de sacrifice. D’autant plus que nos voisins de la sous-région (Guinéens et Ivoiriens en particulier) vivent des situations comparables à la nôtre, aussi bien dans l’horreur que dans la récurrence des faits.

D’autre part, nous avons ces nombreuses voix qui parlent de phénomènes mystiques en rapport avec le climat actuel de campagne électorale avant l’heure. Quelle que soit l’hypothèse privilégiée, tout porte à croire que nous ne sommes pas confrontés à de simples faits divers. Et au-delà d’un appel à l’impérieux devoir de responsabilité des parents de veiller sur leurs enfants, et de l’état de prendre incessamment les mesures sécuritaires qui s’imposent. Ce phénomène engage notre responsabilité collective en tant que société. Nous devons oser dénoncer les croyances et pratiques ancrées dans nos cultures et qui font le lit de phénomènes tels que les meurtres rituels.

L’obscurantisme qui gangrène des pans entiers de notre société est ce qui explique qu’il y ait encore au 21ème siècle parmi nous des barbares qui pensent que tuer un enfant (ailleurs ce sont les albinos qui sont chassés du gibier) permet d’obtenir fortune, popularité, suffrage des électeurs, succès et guérison.

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Mais quel type de société peut enfanter de tels esprits ?

Une société, par exemple, qui abreuve à longueur d’année ses enfants de superstition (notre sport national n’est rien d’autre qu’une démonstration brute de violence et de mysticisme). Une société qui célèbre l’occultisme. Les féticheurs, sorciers et autres divinateurs se bousculent sur les plateaux télés et ont pignon sur rue au pays de Seydil Hadj Malick, Cheikh Ahmadou Bamba et Cheikh Anta.

Notre rapport à la raison, à l’effort et au mérite en dit beaucoup sur nous. Sur ce dont nous sommes capables d’accomplir aussi bien sur les plans culturel, économique que sportif etc. Il (ce rapport à la raison) détermine par ailleurs notre propension à descende dans l’abjection, l’opprobre et l’avilissement. Il faut appeler un «chat» un «chat». Notre société est malade et ce phénomène n’en ait que la manifestation, le stigmate. Ceux qui enlèvent, tuent, mutilent nos enfants ne sont ni fous ni tombés d’une autre planète. Ils sont les sinistres produits d’une culture de la facilité, du raccourci, du «certainisme», du «lidjeunti» et du «door marteau». L’éducation demeure le seul rempart contre la mère de tous ces fléaux (profanation de tombes et les meurtres rituels) qui nous frappent : l’obscurantisme. Et ce n’est certainement pas avec notre système éducatif à la dérive que l’on parviendra à édifier une société de lumières. Une société dans laquelle chaque individu, en assurant le plein exercice de ses devoirs, permettrait par le simple effet de la réciprocité de garantir le plein respect des droits de tout un chacun.

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L’éducation comme unique viatique

A notre époque où les technologies et les sciences transforment tous les aspects de l’activité humaine, rien n’est plus important pour l’avenir d’une Nation que la quête du savoir. Face à la montée du fanatisme et de la barbarie, rien n’est plus décisif que le combat contre l’obscurantisme. Et l’école est le lieu par excellence où se gagne ce combat, car elle a la double responsabilité de cultiver la raison et de faire de nos enfants des citoyens éclairés, capables de consolider et de renforcer les acquis de notre démocratie naissante. Les résultats désastreux des derniers Baccalauréats et l’enracinement de la culture de la grève doivent nous alerter sur l’état de désœuvrement de notre école. Celle-ci ne remplit plus sa mission et faire ce constat ne revient nullement à mettre en cause l’engagement du personnel enseignant. C’est simplement tirer la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit trop tard pour redresser la barre et nous éviter ainsi un naufrage dont personne ne sortirait indemne. Nos enseignants et professeurs exercent un métier difficile qui, en principe, requiert compétences et dévouement. Et la Nation leur doit considération et reconnaissance.

Notre école va mal, très mal. La réalité est que le corps enseignant participe de façon consciente ou inconsciente à la destruction de ce qui est notre meilleur atout dans le combat que nous menons pour le développement de notre Sénégal. Les grèves à répétition et les années scolaires en pointillées pénalisent lourdement une écrasante majorité de jeunes Sénégalais pour qui l’école demeure la seule et unique voie vers la réussite. L’avenir de toute une Nation est en train d’être sacrifié sur l’autel du corporatisme le plus étroit. Nous nous insurgeons contre le chantage permanent exercé par un certain syndicalisme aux méthodes incompatibles avec la recherche de l’intérêt commun… Aucune revendication, aussi légitime qu’elle puisse être, ne doit et ne peut servir de prétexte au sabordage de notre avenir.

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Il est totalement illusoire de vouloir bâtir un Sénégal émergent sans un système éducatif juste et efficace. La refondation de l’école est par conséquent devenue un impératif national et républicain qui doit rassembler au-delà des clivages politiques et des intérêts catégoriels.

La question de l’éducation est trop importante pour la laisser aux seuls professionnels de l’enseignement. C’est ensemble que le gouvernement, l’opposition, le corps enseignant et la société civile (au premier chef desquels les parents d’élèves) doivent coopérer pour entre autres : Améliorer la formation et le recrutement des enseignants afin de mieux répondre au défi éducatif de la modernité, à savoir faire accéder aux fondamentaux de la citoyenneté tous les enfants du Sénégal, adapter les programmes aux besoins de la Nation afin d’accélérer la cadence vers le développement économique, valoriser les filières techniques et professionnelles, etc.

La seule chose qui nous manque pour relever ce défi est ce trait d’union indispensable qui relie les «belles idées» et le «changement» : la volonté.

Bara SECK

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