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Mon Dieu, Qui Sont Ces Ténébreux Personnages à La Tête Du Pavillon National Air Sénégal ?

Il y a quelques jours, le site d’informations en ligne kewoulo.info lançait à la Une de ses livraisons du jour, l’avis de recherche de tribunaux congolais du français Jérôme Maillet, aujourd’hui numéro 2 du pavillon national Air Sénégal SA, pour motif de malversations financières. Il s’agissait avec cette information, d’un grand coup de tonnerre, dans ce ciel si assombri et controversé de l’industrie du transport aérien sénégalais. C’est donc par une plainte de la compagnie nationale congolaise, Congoairways, que Jérôme Maillet, qui alors occupait la position de Directeur Adjoint de cette compagnie, fut accusé de graves malversations financières contre les intérêts du nouvel instrument aérien congolais. Il semblerait qu’il ait fui ce pays dès ses premières auditions, aidé par l’ambassade de son pays, qui l’a exfiltré. Illico presto.

Nous citons le site Kewoulo.info : «Désigné comme DG adjoint devant permettre à la compagne Congo Airways de briller en Afrique Centrale, Jerôme Maillet l’actuel numéro 2 d’Air Sénégal, est au cœur d’un gros scandale qui a failli causer un incident diplomatique entre la France et Joseph Kabila. Et depuis lors, l’homme serait recherché par la justice congolaise pour une affaire de malversation et de détournement de fonds. Selon la justice congolaise, le DGA d’Air Congo a participé à une opération d’offre de fournitures destinées à la compagnie congolaise. « De l’argent a été décaissé. Et les fournitures commandées auprès de présumés amis de Jérome Maillet n’ont jamais été livrées. Alors, on l’a convoqué à la police judiciare. Mais, entre temps, il a réussi à se faire exfiltrer par la France. Aujourd’hui, nous sommes surpris de voir que l’homme concerné par le dossier Congo Airways – Sébastien Ferré et Consorts du PV n°0897 à 0905 et contre qui nous avons lancé un mandat d’amener est celui là qui doit faire fonctionner votre compagnie nationale », a déclaré une source proche du parquet de Kinshasa».

L’actualité étonnante de cette subite révélation, ne s’est pas encore estompée des esprits, que l’opinion publique nationale risque de tomber des nues les toutes prochaines semaines. En effet, à l’occasion de la mise en examen  de l’ancien président de la République française, Nicolas Sarkosy, dans le cadre d’une enquête sur le financement illégal de sa campagne électorale en 2007 et de recel de détournements de fonds publics libyens, le nom du Directeur Général actuel de Air Sénégal SA, M. Philippe Bohn, circule dans certaines rédactions françaises. Il a été cité déjà dans la presse par rapport à une sombre affaire d’écoute téléphonique des juges instructeurs, menée par l’équipe Sarkosy, qui tentait de percer les secrets de l’instruction en cours. Nous pouvons lire sous la plume du journaliste Laurent Léger de l’hebdomadaire Charlie Hebdo du 28 mai 2014 : « L’ancien monsieur Afrique d’EADS  (Airbus Group aujourd’hui) fut ainsi requis. Philippe Bohn connaissait les élites de l’ancien régime de Tripoli et avait « traité » deux des fils de Kadhafi, Saif et Saadi, pour leur vendre avions et missiles (près de 4 milliards de contrats…). Ce proche de Madelin, qui s’est retrouvé affublé de l’étiquette de « combinard » par l’ancien président dans les écoutes, avait pourtant mouillé sa chemise pour cet ingrat de Sarko.

Mais ce n’est pas tout, une grande émission de la chaine de télévision française France 3 « Pièces à Conviction », diffusé il y quelques mois en France, toujours sur cette affaire, reprenait le nom de Philippe comme accompagnateur de Claude Guéant dans de sombres tractations de remise des valises du financement illégal de la campagne électorale de M. Sarkosy dans un hôtel de Genève.

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Voilà donc…  Mon Dieu !!! que ces 2 sombres personnages débarquent ici au Sénégal pour diriger le nouveau pavillon aérien du Sénégal. C’est à se demander pourquoi diantre, pourquoi donc, le Président de la République a-t-il eu besoin d’aller chercher si loin. Ces 2 sulfureux messieurs sont des novices dans le transport aérien. Ils sont sans envergure dans ce domaine précis et dans leur propre pays, n’ont aucune expérience professionnelle prouvée et sont complètement ignorants de notre environnement national. Ils croyaient Banjul au nord du Sénégal et le Burkina au Sud. De guerre lasse, ils ont demandé une mappemonde au mur de leur bureau pour pouvoir se situer dans la région.

Leur incompétence est aujourd’hui démontrée à loisir,  incapable d’asseoir une organisation interne fiable de la compagnie, de nouer des relations professionnelles de respect avec les partenaires techniques nationaux, et de travailler en toute confiance avec les experts sénégalais. C’est toujours  avec mépris, arrogance et volonté d’humiliation qu’ils essaient de faire plier tous les cadres sénégalais à l’intérieur de la compagnie naissante. C’est dire qu’ils présentent un double visage et un double langage vis-à-vis des hautes autorités sénégalaises. Bénéficiant de l’aura présidentielle à leur arrivée, ils affirment à qui veut l’entendre avoir reçu « carte blanche pour nettoyer au cacher ». Tels sont les propos qu’ils profèrent face à toute tentative de résistance. Depuis leur arrivée en septembre 2017, une saignée d’une trentaine d’éminents cadres sénégalais de l’aérien, de différentes compétences, avec de très solides expériences, venus de différents horizons par patriotisme et espoir de participer à l’envol d’une grande compagnie nationale, ont été remercié du jour au lendemain, sans véritable motif et dans des conditions très humiliantes de leur départ.

Rappelons aussi que M. Philippe Bohn a été choisi par le Président lui-même, sur la base de son supposé carnet d’adresses bien fourni, et de l’espoir, par son entregent, d’un financement durable et d’un partenariat solide  pour Air  Sénégal SA. Mais hélas, 3 fois hélas, le Président risque de déchanter et de voir ruiner ses espérances d’une compagnie à hauteur de ses ambitions.

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Quid des financements… NENNI !!! C’est plutôt les ressources publiques du Sénégal, en ces durs temps de lourds endettements intérieurs et d’emprunts extérieurs, qui quittent le trésor public vers la France, depuis 7 mois que la nouvelle équipe est là. Pas moins de 60 millions de dollars (30 milllards de fcfa) ont quitté Dakar pour les comptes alléchés de ATR, Airbus en France et de cabinets français. Et ce n’est pas encore terminé.

Quid de l’organisation et de la mise sur pied effective de la compagnie, de la production d’un plan de développement et d’une vision de partenariat stratégique… NENNI !!!

Ces messieurs ne savent pas opérer en dehors de leur étroit horizon hexagonal  franco-français. Pourtant, le cabinet américain Seabury International, challengé par une équipe projet nationale expérimentée, avait su, après 6 mois d’études et d’analyses, présenter un plan cohérent dans un volumineux document, un business plan stratégique, qui existe encore, et qui faut-il le rappeler, avait été validé par un Conseil Présidentiel le 10  janvier 2017. Cet accompagnement avait couté au bas mot, 2 milliards de nos maigres francs, entièrement payés rubis sur ongle par la trésorerie de Air Sénégal SA. Aujourd’hui, tout ce travail important, fin prêt et bien complet, dort dans les tiroirs parce que jeté à la poubelle par la nouvelle équipe, Philippe Bohn et Jérôme Maillet. A la place, ils ne produisent rien, incapables d’offrir la moindre étude autre. Aucune étude et aucun appel d’offre n’ont été faits dans l’achat des A330. Airbus, tout simplement nous aura suffi.

Air Sénégal SA, qui n’opère pas encore, commence déjà à être discréditée vis-à-vis de tous ses partenaires. Le doute s’installe, et ce n’est pas bon dans le transport aérien. Avec le temps, les masques commencent à tomber. Tout le monde se rend bien compte de l’incurie et de l’inaptitude de l’équipe aux commandes.  Le Président a été abusé. L’attelage actuel ne peut porter son grand projet d’Air Sénégal SA. Monsieur Philippe Bohn, « Agent d’influence », en d’autres termes plus simples espion tout court, est d’abord là pour les intérêts de son pays. Il le clame haut et fort à tous ses interlocuteurs. Ce qu’il chercher à faire, c’est structurer la compagnie en adéquation avec les intérêts de son pays. Il n’est pas là pour bâtir un pavillon national viable. Il l’a écrit dans son livre, « Profession : agent d’influence » pour expliquer sa philosophie de la vie. Personne ne peut lui en vouloir pour cela.

Malheureusement cette situation risque d’être contre productif à tous égards pour le Président Macky Sall lui même. La communauté de l’aérien national observe impuissante, tout ce gâchis  avec ces abus de toute sorte, les licenciements injustes et l’incompétence notoire de l’équipe de direction constatée par tout le monde. Dans ce domaine les erreurs se paient cash, en milliards de francs, et c’est à se demander si toutes ces dérives ne risquent-elles pas de coûter cher au Président, à quelques mois des élections décisives pour lui ?

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Et pourtant !!! et pourtant, la volonté présidentielle est bien réelle de doter le pays d’une grande compagnie aérienne pérenne, instrument actif  dans le développement économique du pays à travers le PSE. Car jamais autant d’investissement et de moyens n’ont été consentis dans ce domaine. Et hier, on le sait, c’était des Boeing Dreameliner qu’il avait souhaité pour la compagnie Air Sénégal SA. Aujourd’hui, devançant tous ses pairs dans la sous région, il opte pour les A330 NEO ; Il voit grand, large, à la dimension des ambitions qu’il porte pour la compagnie. Mais hélas, le hic, l’équipe actuelle n’est pas à la hauteur, elle  le dessert assurément, et n’a pas le levain patriotique et l’ambition nationale qui peuvent l’animer, lui.

Un proverbe ouolof dit «  quand on ne sait pas où on va, il faut revenir sur ses pas… ». Alors rappelons le passé. Hier, aux aubes de nos indépendances, c’était juste quelques mois après la souveraineté nationale de notre pays. Le Sénégal, fier de son leadership, dans le démarrage hésitant de son indépendance, mettait en détachement et à la disposition de tous les autres Etats constitutifs de Air Afrique, un certain nombre de cadres de très haut niveau qui vont bâtir la multinationale aérienne, les autres pays ne pouvant pas. Entre autres, M. Cheikh Fal, éminent ingénieur diplômé SUP ELEC de Paris, comme Directeur Général et M. Djibril Ndiaye 1er gouverneur de la région du Cap Vert, comme Secrétaire Général furent détachés gracieusement par  Mamadou Dia comme Président du Conseil de gouvernement du Sénégal. Ces derniers, en toute responsabilité et avec engagement, construisirent avec des français d’un autre calibre, une multinationale aérienne rayonnante, d’envergure internationale, qui sillonnait les cieux de tous les continents. Ils montèrent des financements avec des consortiums bancaires internationaux, avec les 1ères garanties souveraines de l’Etat du Sénégal seul. Ils achetèrent des caravelles, des DC 10, des airbus par eux-mêmes, les amortirent à zéro de leurs valeurs comptables et bâtir une solide compagnie aérienne nommée AIR AFRIQUE…

Aujourd’hui, avec Philippe Bohn comme DG et Jérôme Maillet comme numéro 2 de fait, et pas un seul cadre sénégalais de haute facture professionnelle dans le transport aérien, on mesure bien, 58 ans après, l’immense recul du Sénégal.

 

Ablaye Diop

Expert dans l’aérien

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