– Le Niger a décidé d’interdire à ses ministres et députés de se faire soigner à l’étranger, sauf absolue nécessité, afin de réduire les coûts de santé de ces personnalités. “Dorénavant les ministres, les députés et le fonctionnaire vont se faire soigner au nouvel hôpital de référence de Niamey”, un complexe hospitalier de dernière génération. “Seuls les cas ne pouvant y être traités feront l’objet d’une évacuation à l’étranger”. Donc, les évacuations sanitaires qui étaient devenues une règle, deviennent maintenant une exception.
Cette décision courageuse vise à “réduire de manière significative” les coûts des évacuations sanitaires. Selon les chiffres avancés par le ministre nigérien de la Santé, le coût de ces évacuations (généralement vers le Maroc, la Tunisie et la France), a été “multipliés par dix en moins de dix ans, passant de 800 millions FCFA en 2010 à 10 milliards en 2017. Inauguré en 2017 par le président nigérien Mahamadou Issoufou, ce complexe hospitalier de Niamey a une capacité de 500 lits pour un coût de 45 milliards de francs CFA.
En faisant ainsi, le Niger montre la voie (Lead the way) à suivre en matière de politique de santé. Cela est possible en Afrique, parce que dans nos pays respectifs, nous disposons d’un personnel soignant (médecins et infirmiers) hautement qualifié. Le drame dans nos systèmes de santé en Afrique au Sud du Sahara, c’est que les pouvoirs publics n’ont pas suffisamment investis dans les plateaux techniques de pointe. Deux anecdotes.
Un ami professeur de Médecine à l’UCAD, me disait son amertume, à chaque fois qu’il doit référer un de ses patients chez un de ses étudiants rentré au Maroc, parce que tout simplement, il était confronté à un problème de plateau médical adéquat. Dans l’imaginaire tout comme dans la symbolique, je mesure bien ce que mon ami Professeur de Médecine, voulait dire en termes de perception.
Un autre cas, un ambassadeur de Chine au Sénégal s’est fait opérer du genou au Centre Hospitalier de l’Ordre de Malte (CHOM) ici à l’Hôpital de Fann par des médecins sénégalais bon teint. Pour les mêmes soucis de santé orthopédique, des hommes politiques sénégalais sont évacués à l’étranger. Quelle manque de croyance à son pays et à l’expertise nationale ?
A travers le monde (Inde, Chine, Occident), la technologique médicale et les plateaux techniques de pointe, n’ont jamais été aussi accessibles. La racine du mal dans nos système de santé en Afrique n’est ni d’ordre médical (personnel), ni d’ordre infrastructurel (structures), mais il est d’ordre managérial et de ‘’Leadershift’’.
Pour aller jusqu’au bout de cette logique, ne pensez-vous pas que, si un Chef d’Etat ‘’impose’’ à ses Ministres, Députés et Hauts fonctionnaires, de se soigner au pays, et que lui Président de la République et Chef de l’Etat, aille se soigner à l’étranger. Affaire à suivre.
Siré SY