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Quand La Voix Des Sans-voix Devient Aphone

Il y a des moments, où les faits, de simplement quantitatifs, deviennent qualitatifs : seuls les hommes et les femmes capables de saisir ces moments et ces occasions sont les accoucheurs de l’histoire. Par contre ceux et celles qui adoptent le profil bas sont immédiatement jugés par le tribunal de l’Histoire. Le cirque enfantin qui s’est déroulé ce 19 avril 2018 à l’hémicycle a laissé pantois la majeure partie des citoyens sénégalais. Des députés, supposés élus du peuple, de manière robotique et servile, ont avalisé une loi assassine portant ainsi un coup rude à la démocratie sénégalaise. Hélas !!! Cette démocratie mettra encore du temps pour s’en remettre.

L’acte anhistorique posé par la majorité mécanique est une pure abjection, une abomination, une atrocité, une bassesse, une ignominie, une indignité, une honte, un crime, bref un déshonneur. Pourtant, cela s’est passé au Sénégal, jadis, vitrine et laboratoire de la démocratie en Afrique. Qui l’aurait cru ? Pourquoi les hommes et les femmes qui, hier, se faisaient passer pour les Factionnaires, les Vigies et autres Sentinelles de     notre démocratie se sont-ils subitement emmurés dans un mutisme assourdissant coupable ?

Quand le mensonge, le reniement, l’apostasie, l’abjuration, la palinodie, la rétraction, le désaveu et la pirouette sont érigés en règle de conduite dans une République et deviennent le jeu favori des dirigeants et de ceux qui sont censés donner le bon exemple, il est légitime d’avoir peur pour la postérité. L’examen du cirque d’avant-hier et l’analyse des événements du 23 juin 2011 ont fini par convaincre que « le poisson pourrit par la tête ». Nos dirigeants actuels inspirent la jeune génération par la tricherie, la supercherie, le maquignonnage, la mystification, l’imposture et la trahison. Quel dommage !!!!! Fermons nos écoles et nos universités puisque la formation citoyenne est vouée d’avance à l’échec.

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Nous nous souvenons bien encore des déclarations tous azimuts du candidat Macky Sall contre le tripatouillage de la constitution en 2011, n’hésitant pas à appeler les forces de l’ordre et l’armée à se ranger du côté du peuple.  Il disait je le cite : « il faut que le futur président de la République, quel qu’il soit, se dise qu’il y a une vigie populaire, une vigie citoyenne qui est là et qui va observer les faits et les gestes du nouveau pouvoir. Quel que soit le président, il ne peut plus se permettre de faire ce qu’il veut, de même que les majorités sans que les citoyens ne réagissent ». No comment.

Nous nous souvenons aussi des prises de paroles de la percutante madame Penda Mbow et du tonitruant journaliste Alioune Fall très présents sur bon nombre de plateaux de télévision pour dénoncer les tares du régime de Wade. Nous avons encore présent à l’esprit les prises de positions courageuses de « l’opposant de conscience ??? » d’alors, Abdou Latif Coulibaly, pourfendeur invétéré du régime d’Abdoulaye Wade. Aujourd’hui, devant le tribunal de l’Histoire, l’opposant devenu président de la République a pris la poudre d’escampette en feignant une visite d’Etat en France après avoir proposé un projet de loi criminelle qui lui permet de se choisir des concurrents. Au même moment, les autres se calfeutrent et se claquemurent dans un silence inexplicable. Quelle lâcheté !!! NON !!!!!! Messieurs, Dames, vos pedigrees respectifs vous interdisent de ravaler vos vomissures.

Les images, montrant Ousmane Tanor Dieng (aujourd’hui président de HCCT), Moustapha Niasse (aujourd’hui Président de l’Assemblée nationale) armé d’une pierre et accompagné de Serigne Mbaye Thiam (aujourd’hui ministre de l’éducation nationale), défendant corps et âmes cette constitution encore malmenée aujourd’hui, défilent encore dans notre conscience. Aussi, les démonstrations scientifiques et scientistes du perspicace Professeur Ismaïla Madior Fall sur les réformes dites « consolidantes et déconsolidantes » bourdonnent-elles encore dans nos oreilles.

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C’est lui qui déclarait, très à l’aise, que « les révisons constitutionnelles déconsolidantes révèlent dans leur modus operandi et leur contenu au moins deux types de logique : une logique de conservation du pouvoir et une logique de règlement de compte, toute chose préjudiciable à la crédibilité du droit et des institutions ». Mieux, il précisait que « les révisions déconsolidantes sont indices et indicateurs du sous-développement politique et institutionnel. Ces réformes apparaissent comme des coups de semonce qui, par leur répétition, finissent par vider le régime politique de sa substance démocratique. Il s’agit de réformes controversées, car la majorité qui les initie ne recherche pas le consensus avec le reste de la classe politique ; elle procède de façon unilatérale et ne tient pas compte des vives contestations de l’opposition et d’une frange importante de l’opinion publique ». Quel reniement !!! C’est la mort dans l’âme que nous constatons que ses gymnastiques intellectuelles inconséquentes lui ont valu, aujourd’hui, le sobriquet gratuit de « tailleur inconstitutionnel de circonstance ». Dommage les habits taillés à monsieur le président lui sont trop étroits. L’avenir jugera.

On vous croyait Héros !!! On vous croyait modèles !!! On vous croyait patriotes !!! Et voilà avant hier, 19 avril 2018, vous avez tous, délibérément, choisi de finir en « statue de chiffons » dans la chambre des horreurs de l’histoire. Oui la postérité retiendra que vous avez trahi votre nation, car vous vous êtes dédits et un Homme de valeur ne saurait se renier. Quel triste legs !!!! Inconsciemment, vous indisposez les vaillants éducateurs en les mettant dans une posture inconfortable, puisqu’il leur sera désormais difficile de continuer à inculquer aux élèves et aux étudiants de ce pays, des valeurs civiques après votre forfaiture historique.

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Le décor du spectacle offert avant hier par nos hommes politiques est désolant, attristant, consternant et pitoyable. Pendant la journée du 23 juin 2011 et celle du 19 avril 2018, les mêmes acteurs ont joué les mêmes rôles en fonction des positions du moment : les mêmes causes produisant les mêmes effets, ceux qui s’étaient violemment érigés contre le projet de loi de Wade en 2011 se sont laborieusement mis dans la peau d’un avocat pour défendre le projet de loi proposé par Macky en 2018 et vice-versa. De qui se moque-t-on dans ce pays ? Heureusement, dans ce tohu-bohu, cette cacophonie, ce tintamarre et ce charivari indescriptible, des hommes et des femmes ont choisi de rester de dignes patriotes républicains incurables. Cette nouvelle caste d’Hommes politiques (Thierno Alassane Sall, République des Valeurs ; Ousmane Sonko, Pastef ; Aïssata Tall Sall, Oser l’Avenir ; Khalifa Sall ; Bamba Dièye, la liste est loin d’être exhaustive) nous font croire, et de bonne foi, que le Sénégal a plus besoin d’Hommes intègres, imbus de valeurs jusqu’à la moelle, que de démocratie. Ces hommes et ces femmes ont bien compris que l’histoire s’écrit au présent.

Omar Thiongane Sarr est coordonnateur du mouvement de la République des Valeurs à Keur Massar

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