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Le Suicide Continu Ou Les Prémices De La Fin D’une Longue Imposture (par Alassane K. Kitane)

 

Postulat de base : Le parrainage demande plus de moyens quant à son applicabilité que la liste unique déjà expérimentée dans beaucoup de pays africains. La démarche suicidaire est l’aveu d’une impuissance à faire face aux aléas de la vie que l’on aime paradoxalement par-dessus tout. Macky ne cherche pas à imposer le parrainage par attachement à la démocratie : il constate que son horizon démocratique est bouché et il veut le défoncer.

Incohérence puérile et entêtement suicidaire : Comment un Etat sérieux, qui prétend que la solution de la liste unique ne peut pas être applicable aux élections de 2019, peut-il proposer un parrainage comme solution à la pluralité des candidatures ? Comment un Etat qui a empêché bon nombre de ses citoyens nantis de leur carte d’électeur d’accomplir leur droit de vote (leur nom ne figurait pas sur les listes !) peut-il convaincre les Sénégalais qu’il a les moyens de rendre efficient le système du parrainage d’ici aux élections de 2019 ? Comment prendre au sérieux un président de la République qui, au vu et au su de tout le monde, a financé des listes aux dernières législatives pour divertir et disperser l’électorat, quand il prétend rationnaliser les candidatures aux présidentielles ?

Comment un Etat qui a dépensé 52 milliards et remboursé 16 milliards pour une loufoque histoire de visas biométriques, peut-il convaincre les citoyens de sa capacité à mettre sur pieds une logistique et une technologie efficaces pour rendre opérationnel le parrainage ? Comment un Etat qui a été incapable d’organiser une campagne agricole peut-il protéger les paysans désemparés et presque affamés contre la tentation de vendre leur signature (parrainage) au plus offrant ? Comment éviter que la démocratie par parrainage ne se pervertisse en démocratie de censitaire ? Qu’est-ce qui nous garantit, au regard du sabotage organisé lors des législatives, que le pouvoir ne financera pas des candidatures pour saboter le parrainage des concurrents crédibles ?

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Comment réparer cette nouvelle injustice : Les partis politiques qui sont déjà présents sur le terrain avec des moyens limités et qui avaient commencé à finaliser leur budget de compagne, devront maintenant déployer de nouveaux moyens pour prendre en charge les pesanteurs du parrainage. Comment un président qui est arrivé au pouvoir dans un système électoral ouvert, peut-il imposer le parrainage à ses opposants ? Quelle expérience récente ou passée a prouvé une prolifération de candidatures aux présidentielles ?

La gouvernance par pressentiment : Comment un président de la République peut-il mobiliser toute l’énergie de la République et susciter toute cette ferveur belliqueuse sur la base d’un simple pressentiment ? Mon Dieu ! Ils ont le pressentiment qu’il y aura une pléthore de candidats en 2019, exactement comme ils avaient le pressentiment que Karim Wade avait détourné 2 000 milliards ! Ils ont le pressentiment qu’il y aura beaucoup de candidats aux présidentielles, de la même manière qu’ils avaient le pressentiment que l’on peut, sur la base d’un coup de tête, décréter l’enseignement de la philosophie en classes de Première et de Seconde sans étude préalable !

Ils ont le pressentiment qu’il y aura une profusion de candidatures en 2019, de la même manière qu’ils avaient le pressentiment qu’il suffit que le président dise : «Je ne veux plus voir d’enfants mendiants dans la rue» pour qu’il en fût effectivement ainsi ! Ils ont le pressentiment que le nombre de candidats en 2019 sera incontrôlable, de la même manière qu’ils avaient le pressentiment que Mme Aïda Ndiongue était coupable d’enrichissement illicite !

Ils sont donc à l’ère de la gouvernance par pressentiment, car pour eux, avoir le pressentiment, c’est prévoir, or ils ont entendu dire : «Gouverner c’est prévoir». Et comme ils aiment les formules à la place de l’argumentation ; et comme ils préfèrent répéter au lieu de délibérer ; et comme ils aiment menacer leurs adversaires en leur refusant l’exercice de leurs droits constitutionnels… ils ont donc lâché la bête. Mais que peut la bête face à l’homme, cet unique et noble khalifat de Dieu sur terre ?

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Alassane K. KITANE

Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès

SG du Mouvement citoyen LABEL-Sénégal

 

PS : Macky Sall a l’habitude d’instrumentaliser les réformes proposées par les Assises et par nos partenaires européens : il vide de leur substance les recommandations de la Cnri et celles de l’Union européenne pour se gargariser de la forme extérieure, dans le but cynique d’en faire une exploitation politicienne. La preuve est que sur les 76 recommandations faites à l’issue de l’Atelier de suivi des recommandations des missions d’observation électorale de l’Union européenne tenu à la Fondation Konrad Adenauer (Dakar les 22-23 octobre 2015), Macky n’en a choisi que celui qui l’arrange. Pour plus d’informations cliquez sur ce lien : http://www.kas.de/senegal/fr/publications/43452/

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Alassane K. KITANE

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