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Contribution: Le Dialogue Est-il Encore Possible ?

» Veni, vidi, vici  » avait  clamé  le célèbre  Jules CESAR pour dire : qu’il est venu, qu’il a vu, qu’il a vaincu.

Aux partisans de la loi sur le parrainage, on pourrait leur faire dire, par une sorte de commutation contextuelle :   » Nous sommes venus, nous avons voté, nous avons déçu ».

En effet, le vote de la loi controversée sur le parrainage par la majorité parlementaire le 19 avril a accouché dans la douleur  avec de vives contestations à  l’intérieur comme à l’extérieur de l’hémicycle et a fini de nous installer dans l’aube d’une période d’instabilité politique et sociale qui risque dangereusement, si on y prend garde, de mettre en cause la cohésion nationale et la stabilité de nos institutions .

Chaque camp, malheureusement, continue de bomber le torse.

D’une part les thuriféraires du Président, et le Président en premier, jubilant après le vote du projet de loi, ce qui d’ailleurs  demeure très suspect,  pour dire que force est restée à la loi et que les opposants, dans leur tentative de discréditer le projet de loi, n’ont pas réussi à manipuler l’opinion publique et lui donner un autre rendez-vous avec l’histoire le 19 avril, comme ce fut le cas le 23 juin 2011, et d’autre part  les aspirants au pouvoir et une partie de la société civile affirmant sans ambages  qu’ils ne vont pas se laisser faire et que le combat ne fait que commencer.

Ce combat sera mené sur deux plans :

  • Au plan juridique avec les recours introduits auprès du Conseil constitutionnel, de la Cour suprême et de la Cour de justice de la CDEAO pour demander l’annulation du projet de loi ;
  • Au plan politique avec un regroupement des forces pour organiser la résistance avec ce qu’ils ont appelé les « jeudis de la résistance».

Par voie de conséquence il y’a une radicalisation des positions et d’aucuns  pensent que le fil  du dialogue est à jamais rompu après le vote du projet de loi qui va désormais, sous réserve de promulgation par le chef de l’Etat, ce qui reste maintenant subordonné au traitement des recours, institutionnaliser le parrainage intégral pour toute élection au Sénégal.

Le Président de la République, sourd à tout appel, a campé sur ses positions depuis le palais et depuis la France qu’il avait regagnée plutôt, malgré les nombreuses menaces qui planaient sur l’ordre public de notre pays dont il est le premier et seul garant par la responsabilité à lui conférée  par le suffrage universel.

Qu’y avait-il d’urgent pour précipiter le départ pour Paris alors que le rendez-vous  avec le Président Macron était programmé pour le vendredi 20 avril à  18h ?

Les démarches initiées par la société civile auprès des chefs religieux du pays qui s’est rendue à Touba et Tivaouane avant de rencontrer le clergé à Dakar n’ont pas eu les effets escomptés.

Un  niet catégorique a été opposé  aux marabouts médiateurs redevenus tout à coup des « citoyens ordinaires  » à qui il a voulu expliquer les bienfaits, souvent fondés sur le  prétexte fallacieux du risque de pléthore de candidats,  du projet de loi que beaucoup de juristes ont qualifié d’inconstitutionnel.

Pourtant le Khalife général des Tidianes et Monseigneur Benjamin Ndiaye de l’Eglise  avaient chacun promis de joindre le Président Macky Sall pour lui demander de surseoir au vote du projet de loi et de restaurer le dialogue avec l’opposition.

Le Khalife général des Mourides n’a pas émis sur la même longueur d’onde que les autres régulateurs.

En effet, recevant la délégation des Aliou TINE et compagnie lui demandant de jouer les bons offices auprès du chef de l’Etat, il a eu une autre posture, celle-là consistant à dire qu’il  » va prier pour la paix et la stabilité de notre pays. »

Est-ce à dire, concernant les affaires de la cité, qu’il a renoncé à demander une quelconque faveur au Président Macky SALL ?

Touba serait-elle frustrée des fins de non- recevoir du Président  sur les affaires Karim Wade, Bamba Fall et Khalifa Sall ?

L’avenir nous édifiera.

En définitive le fossé s’est davantage creusé après le 19 avril entre majorité et opposition.

Le serait-il entre le Président et les Guides religieux ?

Espérons que  ce n’est pas le cas sinon ce serait la pire des catastrophes à l’ère du pétrole et du gaz déjà si inflammables dans cette aire  du Sénégal qui couve à présent sous le feu du parrainage et de la grève des enseignants, prise dorénavant à bras le corps par les élèves qui revendiquent, à raison, leur droit à l’éducation et qui ont décidé d’entrer dans le jeu pour une résolution définitive de la crise scolaire qui n’a que trop  duré.

Attention,  honnêtes citoyens !

» Honte à qui peut chanter pendant que le Sénégal brûle, s’il n’a pas l’âme, le cœur et la voix de … »

Alors ne vous éloignez pas,

Sapeurs-pompiers !

Continuez à appeler au dialogue pour que Dieu nous conforte dans la paix et l’unité nationale!

 

Fait à Dakar le 26 avril 2018.

 

El Hadj Abdou WADE dit Mara.

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