Je suis Vincent-tout-puissant, l’entrepreneur breton. Originaire de la Bretagne, ma Bretagne à moi ! De quoi on m’accuse encore ? Qu’ai-je encore fait pour subir tant d’injustice et de calomnies de la part de la France, ma douce France à moi, pays des lumières, de Jaurès, de Charles de Gaulle, de Mitterrand ? Hélas cette France d’où je viens, n’aime pas décidément ses propres fils qui l’ont portée ô combien loin et qui réussissent ! En effet, mon père, originaire de cette Bretagne profonde, répétait à l’envi cette phrase qui m’a marqué au fer rouge, « On n’est jamais prophète chez soi ». Moi Vincent-tout-puissant, je mérite ce qualificatif de puissant. Ce privilège, je me l’arroge ! Parce que je ne suis guère prétentieux, mais je suis Bolloré-tout-puissant. Même Dieu, en qui je crois peu ou prou, en est témoin. Prière de m’excuser de cet égard de langage mais entre Dieu et moi, il y a peu de place et cela date depuis que mes affaires fleurissent comme des champignons sous le soleil d’Afrique. Depuis quelque temps, on m’accuse de n’importe quoi, d’être celui qui fait ce qu’il veut en Afrique, d’avoir carte blanche dans quelques palais présidentiels, en l’occurrence ceux du Togo et de la Guinée Conakry. En effet, je vais vous révéler une information dont quelques initiés connaissent le secret: je vois tout président africain comme je veux. Parce qu’apparemment, je gère leur économie. En général, en Afrique, gérer un port c’est comme gérer un pays. Le port africain dans son acception la plus basique, c’est le trésor d’un pays. Je ne comprends pas, pourquoi moi Vincent-tout-puissant, l’on m’accuse de corruption, de complicité d’abus de confiance et de faux et usage de faux. Mes affaires commencent à péricliter. Mon image est écornée. Dégringolade dans la bourse. L’image de papy-bonheur que j’incarne pour cette jeunesse perdue d’Afrique commence à fondre comme du beurre au soleil. Ö cette Afrique, je l’aime en à mourir. Je ne peux la quitter, cette terre florissante ! Ma terre ! Cette terre où j’ai pu accumuler toutes mes richesses et que dire de mes très chers frères africains. Et cette belle françAfrique magnifiée par l’équerre et le compas. Je reste convaincu que je suis un bâtisseur des temps modernes. Je reste convaincu que je fais partie de l’expédition de l’ombre à la lumière de ce continent, englué jadis dans les ténèbres. Ce que j’avance, mes pairs africains reconnaissent en moi cette qualité intrinsèque de servir que je porte par devers moi. L’arme des bretons, ces purs bâtisseurs.
J’aime les ports de l’Afrique de l’Ouest
Ah l’Afrique de l’Ouest et ses ports ! Une vieille histoire d’amour et de haine. Les ports, j’en ai fait ma priorité. Comme annoncé en préambule dans cette réflexion, gérer un port c’est comme gérer un pays. Cela, l’ancien président sénégalais, Abdoulaye Wade, en homme intelligent et doublement averti, en était conscient. Comme il aimait les espèces sonnantes et trébuchantes, il gérait son pays à partir du port de Dakar. Ce dernier était sa caisse. Il le gérait à sa guise, aidé de quelques énergumènes. Mais lui-là, je ne l’aimais pas parce qu’il me tenait tête. Me demande depuis quand les nègres tiennent tête aux blancs. Et ma foi, quelle drôle de révolte sous les cieux africains ! Pour le punir, j’ai participé à sa chute par des subterfuges qui me sont propres. En effet, j’ai opté la stratégie de la terre brûlée. En fait, l’Afrique, ça me connait ! Le métier de politicien est tellement prisé qu’il a fallu armer quelques opposants pour venir à bout de sa résistance et sans oublier la main du peuple, pauvre et facilement manipulable. Oui, je fais ce que je veux sur ce continent qui m’a tout donné. Mais il est de ces pays où j’ai complètement la mainmise sur l’économie et dont on m’accuse actuellement, le Togo de Faure Gnassingbé et la Guinée Conakry d’Alpha Condé. Le premier, « papa m’a dit » est muet comme une carpe et ne connait rien de la politique et est un vrai béni oui-oui et quant au dernier, Alpha, il est un homme très soupe au lait et s’énerve pour un rien. Quels sacrés dirigeants !
Mes amis et frères de la FrançAfrique
Ah mes très chers frères et amis, je sais les prendre tous au jeu. Puisqu’ils aiment trop le pouvoir, je les arme tous par la puissance de l’argent. Sans oublier aussi par le biais de ces cercles de réflexion où la parole est noblesse et fait loi. Ateliers de réflexion et de rhétorique. Ils sont tous apparemment adeptes de Quintilien, le fameux rhéteur de la Grèce antique. Ils sont tous fascinés par le tout puissant Vincent que je suis. Le pouvoir sans limite et l’argent coulant à flots. Je les ai tous dans le trou de mes poches remplies d’argent et ils me suivent sous le claquement de mes doigts d’orfèvre breton. Je suis un breton de pure souche et je le revendique à tout va. Mes origines et mon histoire personnelle font de moi ce que je suis aujourd’hui. Un redoutable homme d’affaires, la mort dans l’âme. Je détruis, j’efface et je reprends. On m’affuble ce surnom de Bolloré-port-terminator. Demandez cela à un de mes anciens associés, un certain Jacques Dupuydauby, d’origine franco-espagnole. Lui-là, je l’ai roulé dans la farine. Ah mon ami Laurent Gbagbo de la Côte d’Ivoire, en était un spécialiste. Rouler ses adversaires politiques dans la farine de manioc était son jeu préféré, d’où le surnom du fameux boulanger d’Abidjan. J’aimais peu Gbagbo à cause de pugnacité et de sa fougue, un Thomas Sankara en puissance. Aidé de quelques amis comme l’ancien président français, Sarkozy, nous lui avons brisé les ailes en plein vol. Et nous avons placé notre homme aux initiales dorées, A-D-O, un des fers de lance de l’économie française sur ce continent. Et que dire du président sénégalais, Macky mon ami. Lui-là, il m’a fourgué tout le port de Dakar et heureux je fus à son avènement. C’est un bonhomme mais soliveau, toujours à mes trousses, contrairement à Wade, ce vieux-là, dépassé par les évènements, voulut rempiler à un troisième mandat. Bon dieu, il faut un peu de démocratie dans ce milieu de nègres tout de même ! Oups, le terme « nègres » n’est plus usité. Excusez-moi de cette intempérance de langage. C’est moi qui suis dépassé parce que le monde bouge et croit en tous les points. Ah mes amis, qu’en dire de plus ? De véritables dictateurs chez eux mais moi Vincent-tout-puissant, je fais ce que je veux d’eux. Tous au garde à vous dès que je fais la revue des troupes. En effet, je suis le président des présidents africains voire le roi de l’Afrique de l’Ouest.
« Ma » jeunesse africaine
Ah cette jeunesse, porte-étendard de cette belle Afrique, je l’aime autrement ! Pour non ce qu’elle revendique mais pour ce qu’elle est. Toujours avide de sensations et de rêves. Pas cette jeunesse qui ahane et déverse sa bile sur mes réalisations et sur ce que je suis. Cette jeunesse voyant en moi le sieur qui s’est fait lui-même. Et écrasant tout sur son passage et sans état d’âme et encore avec moins de scrupule. Les gens avec qui j’ai travaillé, savent de quel bois je suis. Je suis un pur breton mais d’un autre bois. Je me fous des quand-dira-t-on et des querelles et discussions de bas-étage. Moi Vincent-tout-puissant, j’avance, je cogne et je gagne ! Je préfère cette jeunesse qui me suit et non celle rebelle. Je suis celui qui fait tanguer le couperet sur la tête de quelques décideurs africains. L’on m’accuse de m’enrichir. L’on m’accuse d’abuser de mon pouvoir. L’on m’accuse d’avoir la mainmise sur certains pans de l’économie de quelques pays d’Afrique. Cela je le consens et il est de ma nature de m’enrichir ainsi. Mais que l’on ne fasse pas un procès pour dire que je suis condescendant et raciste envers quelques présidents africains et de leur régime en général corrompu jusqu’au trognon. En effet, le problème, ce n’est pas moi mais la France elle-même, jalouse de ses propres enfants qui réussissent dans les affaires et portant tout haut le flambeau de son économie. Moi Vincent-tout-puissant, je ne quitterai pour rien au monde cette terre florissante, le devenir de l’humanité, où je fais mon beurre depuis belle lune. Si je quitte l’Afrique, mes chers présidents protégés par mon ego surdimensionné et par la puissance que j’incarne, seront perdus à jamais et pleureront toutes les larmes de leur corps. Mais je sais que mon départ sera une fête de réjouissances pour ceux qui veulent ma perte. Ceux qui en ont marre qu’on les exploite advitam aeternam.
POUYE Ibra
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