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L’importance Du Report De L’exploitation Du Pétrole Au Sénégal

L’exploitation des ressources naturelles comme le pétrole ou le gaz ressort d’une connaissance pointue en la matière. En effet, le Sénégal ne bénéficie ni de l’expérience ni de l’expertise requise, encore moins du matériel qu’il faut pour mieux exploiter le pétrole ou le gaz découverts dans son sous-sol. Par conséquent, il serait judicieux, voire nécessaire de reporter l’exploitation de ces ressources tant complexes à gérer. Il nous semble important de reporter cette exploitation de quelques années, le temps de préparer psychologiquement le Peuple aux épreuves de l’exploitation du pétrole, mais aussi et surtout pour permettre à l’Etat de jouer son rôle de développement en installant des universités, ou facultés ou encore des instituts spécialisés dans le domaine de la gestion de ces ressources naturelles en général et dans des ressources gazeuses et pétrolières en particulier.

Le Peuple a besoin, d’une part, d’une large sensibilisation dans la mesure où l’exploitation des ressources comme le pétrole et le gaz entraîne toujours des conséquences diverses et variées, notamment des cas de déplacements de population. Et d’autre part, le besoin de renseignements sur l’impraticabilité des lieux où ces ressources à exploiter sont découvertes pendant plusieurs années, ou alors l’impraticabilité des eaux maritimes, la disparition des poissons dans les eaux, la disparition des produits halieutiques et autres autant d’années. Si le pétrole est découvert à Rufisque et à Saint-Louis, imaginons par ailleurs les impacts environnementaux et autres.

Les expériences passées ont fait que la Côte d’Ivoire a voté une loi sur l’exploitation des mines qui met à la charge des organisations détentrices de licence d’exploitation de pétrole la construction de tous les villages/villes dans lesquels sont découvertes les ressources à exploiter, avec toutes les commodités qu’il faut, la négociation du consentement des populations affectées avant le démarrage de l’opération. En Côte d’Ivoire le pétrole a été découvert en 1983 et c’est seulement dans les années 2000 que l’exploitation a débuté. Ce qui d’ailleurs pourrait constituer une des causes du conflit dans ce pays. Ce scénario de la Côte d’Ivoire nous amène à penser que dans des pays aussi pauvres que le Sénégal, si nous voulons la paix, voyons bien à qui confier l’exploitation de nos ressources naturelles. C’est pour dire tout simplement que la question de l’exploitation du pétrole dépasse très souvent le cadre du pays concerné. Si nous citons le cas de la Libye, le Président Kadhafi, si conscient des enjeux de l’exploitation de son pétrole, a procédé par former ses propres ingénieurs, notamment en octroyant un grand nombre de bourses à ses étudiants pour aller étudier dans les plus grandes universités du domaine en Europe et en Amérique. Une fois le retour de ces étudiants devenus ingénieurs, spécialistes et autres du domaine acté, il est passé à la révision de toutes les lois qui régissent l’exploitation du pétrole avant d’en venir aux négociations des termes des contrats d’exploitation. C’est ce qui a fait que le Président Kadhafi a réussi l’exploitation de son pétrole sans problème et avec tout le profit qu’il faut.

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En conséquence, si nous voulons échapper à la malédiction des ressources naturelles, il nous paraît adéquat de bien mesurer les impacts de l’exploitation du pétrole comme du gaz, encore que l’expérience a montré que dans tous les pays pauvres où le pétrole est découvert, l’exploitation a toujours entraîné une guerre et ces pays finissent par devenir plus pauvres qu’avant.

Compte tenu de tous ces risques, il nous semble encore une fois nécessaire de reporter l’exploitation de notre pétrole, le temps de mieux la préparer, d’autant plus que nous ignorons jusque-là la quantité de notre pétrole, la qualité de notre gaz et les lieux précis de découverte, car nous n’avons ni le matériel ni l’expertise qu’il faut pour le savoir et pour l’exploiter.

Yankouba BANDIA

Coordonnateur de l’Ujec (Union des Jeunesses de la Casamance pour l’émergence du Sénégal).

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