À l’école secondaire, il est de la pédagogie d’apprendre aux jeunes étudiants d’insérer dans leur présentation un « Savais-tu ? ». Ceci dans l’optique d’imprimer dans la mémoire à long terme des informations essentielles. Je n’aurais nullement besoin aujourd’hui d’initier un jeune, mais un ignare qui a négligé son cours d’histoire, sûrement dans sa somnolence ou dans sa rêverie d’une machine à remonter le temps.
Parler de la colonisation avec autant de légèreté laisse filtrer une légèreté de conscience sur un fait d’une portée historique sans commune mesure dont on paie les frais au quotidien. Une entorse à l’histoire de l’humanité encore sous le joug d’un tiraillement épars et d’une résilience non constatée. Pendant que l’on s’accorde à l’unanimité sur le constat que « l’occident est un accident », tu préfères magnifier ta descendance dans l’agonie de la servitude. Hé oui! Méka, tu as sûrement plagié ton ancêtre Bakary Diallo avec son ouvrage calomnieux force-Bonté. Pour ta leçon, retiens ceci :
SAVAIS-TU le sens du mot tirailleur quand tu débitais tes platitudes? Son acception a une connotation péjorative, reflétant en amont un manque de considération et d’optique de maniement de l’arme à feu, et dans un autre sens le rejet et la brimade de l’estime de l’autre sur lui-même. Je me demande comment cet attribut collant à la peau du vaillant soldat noir peut être synonyme de respect ou de bonne considération. Un bon traitement est d’office sujet à respecter le nom de la personne, sa nationalité et ses valeurs cardinales. Ce corps de tirailleurs sénégalais ne se composait pas uniquement que de Sénégalais, mais tout une cohorte de soldats de l’Afrique francophone. Le Sénégal étant juste un point de ralliement pour le départ des troupes.
SAVAIS-TU que, loin de l’équité et de l’égalité, ces tirailleurs dont tu te fais bourriques ont eu mal dans la chair deux fois? Ces français dont tu loues la grandeur et la gentillesse ont fait d’eux de la chair à impôts (Ps : Va lire Émitaï (1971) de Sembene Ousmane) avant de les prendre pour de la chair à canon. Ton bon sens t’aurait ainsi empêché de dire de telles sornettes, car la bonne conscience refuse d’envoyer des humains à la mort sans défense ni arme. Ton raccourci de mémoire ne projette rien pour eux qu’un dessert, qui dessert la mort, tel un prisonnier dans le couloir de la mort, à qui l’on propose gracieusement un dernier repas de son choix.
SAVAIS-TU qu’il y’a eu ce qu’on a appelé « le blanchiment des troupes » ? Retiens désormais qu’en 1944, lors du dernier assaut contre les nazis, il ne fallait pas que ces tirailleurs sénégalais entrent dans le panthéon historique des libérateurs de la france (il te faudra lire Samba Gadjigo, un autre universitaire qui fait la joie d’autres institutions américaines, car tu ne reconnais pas la valeur de l’éducation). Ils furent ainsi mis à nu au nez et à la barbe de tous pour habiller de leurs uniformes de jeunes « forces françaises intérieures » pour soi-disant sauver les apparences pour la postérité (témoignages de Gilbert Beurier, vétéran de la 9e D.I.C).
SAVAIS-TU que ces braves tirailleurs n’ont pas été cités ni dans l’effort de guerre ni dans les annales de la guerre? Non tu ne sais pas. Tu ne sais pas non plus qu’ils ont été parqués dans des camps de transit infects et insalubres sans soin aucun. J’ose croire cette fois-ci que tu sais, toi, que tes ancêtres ont été assassinés à l’aube d’un 1er décembre 1944 à Thiaroye, chez eux. Ils ont juste osé demander une pension afin de rejoindre leurs terroirs respectifs. Tu pourrais aller t’incliner devant leurs mémoires au camps de Thiaroye, et n’oublies pas de visualiser encore Sembène Ousmane.
Pour finir ta leçon, retiens ceci : la france ne pourra jamais être un camarade de réconfort pour nous, fiers et indépendants Africains. Vandaliser notre mémoire commune dans ton air narquois reflète ton mutisme sournois et la petitesse de ton intellect. Nous refusons que ton anachronisme se propage tel un virus sur cette jeunesse en quête de savoir et d’identité. Nous ne sommes ni territoire ni département d’outre-mer, mais bien un seul homme qui n’oublie pas son histoire et son ennemi historique. Tu nous as servi une république d’avaleurs d’amertume, avec une gestion sombre et vertigineuse qui nedit pas son nom. Tu as pris inexorablement le péage de l’asservissement en magnifiant ton marronnage, la place de leur hope (espoir) de Gorée a fait place à un palace de l’europe. Tu fais honte, toi le vieux nègre en quête de médaille, rempli ta bedaine de ton dessert ridicule et reçois l’hostie de ta loge.
Gloire à nos tirailleurs!
Pape Mody SY. Sanar 14,
Doctorant en littérature africaine
Professeur des écoles, membre de l’Ordre
des Enseignants et Enseignantes
de l’Ontario, Canada.
M. le président, SAVAIS-TU ? .