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Les Raisons De La Hausse Des Prix Du Ciment

Il faut se résoudre à admettre que nous allons vivre, de plus en plus, dans une situation inflationniste mondiale qui va créer une tension sur le budget de l’Etat et une tendance haussière sur les prix intérieurs.

Cette variation assez sensible des prix internationaux des biens et services est due à l’effet conjugué de deux facteurs principaux :

D’une part ; le renchérissement du cours du baril du pétrole qui est passé de 54 dollars us le baril à un passé récent à 74 dollars actuellement ;

D’autre part ; L’aggravation de la pression fiscale internationale sur les biens et services à la suite de la prise de mesures protectionnistes du président Donald Trump et des réponses de réciproques des pays comme le Canada, la Chine ou l’Union européenne.

En effet, la conjoncture internationale demeure troublante si l’on considère la montée du protectionnisme dansle monde et la persistance des problèmes politiques au Venezuela et les nouvelles menaces de sanctions économiques contre l’Iran qui sont deux géants producteurs mondiaux d’or noir ; A cela s’ajoute l’impact des politiques de réduction des quotas des pays membres de l’OPEP afin d’influer sur la tendance baissière des cours de l’or noir dans la période antérieure.

La dégradation de la situation économique internationale d’une ampleur assez forte en raison de l’effet cumulé de ces deux facteurs principaux (énergie, pression fiscale) est très défavorable à nos Etats à faible revenu et à forte croissance démographique, vulnérables de surcroit aux chocs exogènes.

Au Sénégal, par exemple, le déficit budgétaire qui encadre le taux d’endettement et assure la viabilité des finances publiques risque de se creuser notablement, toutes choses restant égales par ailleurs.

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Il se trouve , de plus ,que la situation internationale défavorable coïncide à une année préélectorale, période pendant laquelle le front social est particulièrement en ébullition pour des revendications de tous genres, ce qui occasionne d’autant une tension plus importante sur le budget avec la satisfaction de celles-ci et le blocage des prix sur certains produit de consommation de masse.

Pour ainsi éviter le creusement accentué du déficit budgétaire, l’Etat du Sénégal est obligé cependant de procéder à l’augmentation de la pression fiscale sur certaines activités productives dont la taxe sur les activités extractives des mines et carrières, au regard de la baisse de recettes assises sur l’énergie avec les prix intérieurs restés stables pour l’instant.

A partir de ce moment, nous aurons une aggravation au niveau de l’entreprise du cout des facteurs de trois ordres :

-L’appréciation du prix des matières premières dont le bois et le papier pour logement ciment dans le marché mondial ainsi que celui des biens d’équipement et du transport international ;

– L’augmentation de la taxe sur les activités de production dans les industries extractives à hauteur de 5% ;

– la prise en compte des surcouts occasionnés par l’entrée en vigueur du règlement 14 de l’Uemoa sur les charges à l’essieu pour les plateformes industrielles de plus de deux cents mille tonnes.

La conjugaison de ces trois facteurs accroit assez sensiblement les charges des entreprises industrielles dont les cimenteries qui, pour beaucoup d’intrants qui entrent dans leur processus productif, se ravitaillent sur le marché mondial.

A ce titre, nous pouvons considérer qu’une variation à la hausse de 8¨% de la tonne de ciment dans une situation inflationniste internationale aggravant les coûts des facteurs et de hausse de la pression fiscale reste convenable ; Toutefois, nous ne pouvons pas admettre l’alignement des prix pratiqués par nos trois cimenteries, si ce n’est qu’une entente oligopolistique faussant le jeu de la concurrence, dans un marché supposé libre.

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Ce qui est valable et compréhensif pour l’état du Sénégal qui peut permettre des déficits en étant dans une position attentiste pour appliquer la vérité des prix pour des raisons stratégiques supérieures, en espérant que la situation internationale va se décanter pour les prochains mois et que le pétrole et le gaz nous procurent des revenus exceptionnels  ne l’est pour les entreprises obligées de relever les prix des biens qu’elles fabriquent, sous peine de faillite.

Kadialy Gassama est économiste

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