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Saliou ! (par Guy Marius Sagna)

«Les paroles pompeuses ne sont pas nécessaires pour parler des hommes sublimes.» (Martí)
 
Dans son « Fanon, une vie », David Macey nous rappelle que dans le dernier chapitre de son premier livre, Fanon a écrit : « oui à la vie. Oui à l’amour. Oui à la générosité. Mais l’homme est aussi un non. Non au mépris de l’homme. Non à l’indignité de l’homme. A l’exploitation de l’homme. Au meurtre de ce qu’il y a de plus humain dans l’homme : la liberté ».
 
Le camarade Saliou – Assane Samb je veux dire – aimait ses parents, sa famille, son Rd-Toll natal, ses camarades. Saliou était amoureux de Rd-Toll et il venait presque tous les ans au Sénégal. Il aimait ses frères, ses neveux. Et c’est grâce à lui que j’ai eu beaucoup de plaisir de connaître Michèle, Madou, Anna, tonton Ndiack, tonton Mass, ses neveux Poker, Doudou, Khoury Yaye…Toutes mes condoléances à eux.

Saliou – je veux dire Assane – a aussi été un NON. Non au capitalisme, à l’impérialisme, aux différentes bourgeoisies bureaucratiques qui se sont succédées au Sénégal, à toutes les formes d’oppression (des peuples, des travailleurs, des femmes…).
 
Je n’ai pas assez de Karim, de Jo, de Cabral, de Fodé Roland Diagne, de Fawade Niang, de El Hadj Sarr, de Omar Bakhayokho, de vive le Marxisme Léninisme, de la Coordination nationale des sans papier, de l’UTSF/AR, de la Coordination communiste, de Fernent…pour parler de Saliou.
 
Mais je peux dire qu’il est parti tôt. Que grandes sont les probabilités qu’il soit encore là si, au lieu d’affronter le péril, il avait commis la lâcheté de passer à l’ennemi. S’il avait commis cette lâcheté il aurait joui de la paix, d’une grande paix : la paix de l’impérialisme, la paix du semi-colonialisme. Mais il a préféré affronter le péril du capitalisme en faisant face avec les sans papiers, en faisant face avec les familles qui étaient menacées d’expulsion à Paris.
 
Il a préféré revenir au Sénégal alors qu’il aurait pu jouir d’une grande paix en restant à Paris ou en monnayant aux classes sociales exploiteuses ses formidables capacités. Il a résisté jusqu’au bout à ce que le Pr Joseph Kizerbo appelait « l’aliénation sucrée », autre nom du parasitisme caractéristique des collabos.

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Toujours devant, il a reçu les coups de la police de classe de l’impérialisme français. Toujours devant, il a reçu les coups de la rudesse de la vie en semi colonie sénégalaise. Ces coups n’ont pas pu laisser indemne ce gros gaillard que fut Saliou. La suite on la connaît. Problème neurologique et AVC qui n’ont pas eu raison de ce résistant hors-pair.
 
Assane était un bolchévik qui a polémiqué avec ses autres camarades des autres tendances communistes, et de la gauche sénégalaise. Assane, c’était aussi l’unification des différents affluents des révolutionnaires français et sénégalais. Il a ainsi beaucoup contribué à la fusion de Yoonu Askan Wi/Mouvement pour l’autonomie populaire (YAW), Fernent et des doyens du PAI. Cela a d’ailleurs fait dire à un membre de Yoonu Askan wi « Cet homme m’a toujours intrigué camarade sa présence à YAW été juste de réaliser la fusion ».
 
Le peuple sénégalais a donné des collabos, des traîtres, des capitulards. Mais il a aussi donné des Assane Samb. Je veux dire des SALIOU. Saliou, c’était le nom de guerre de Assane Samb. Son pseudonyme pour éviter qu’il ne soit identifié. Saliou, c’est un exemple de résistance, d’endurance, de ténacité au service de la majorité, des opprimés et de leur émancipation.
 
Saliou a vécu et est mort pour la vie. Une autre vie pour les peuples, pour les travailleurs et les femmes. Une autre vie pour les damnés de la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS) et de Richard-Toll. Localité qui symbolisait aussi pour lui une zone où devrait être réalisée l’alliance entre la classe ouvrière et la paysannerie. Une vie débarrassée des chaines de l’oppression, des misères, des pauvretés.
 
Voilà pourquoi on ne peut pas appeler Saliou – je veux dire Assane – un mort. Car comme le dit Rafael Correa : « Ceux qui meurent pour la vie, on ne peut jamais les appeler des morts. ».
 
A la disparition de Mao, les camarades chinois disaient :  » Ils nous faut transformer notre douleur en une force au service de notre lutte révolutionnaire« .
Un combattant est parti. Vive le combat.
 
Dakar, le 10 juin 2018
 
 
 

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