Le président de la République Abdoulaye Wade a, durant ces deux mandats, souvent caressé le rêve de la création d’une nouvelle ville.
Que de sites n’avaient-ils été tout à tour désignés pour l’abriter ?
Loumpoul, Kébémer, Ngayes Mécké, ou que sais-je encore ?
Si le projet n’a pas connu une suite, c’est moins dû à une absence de volonté, encore moins à un défaut de financement. La véritable explication est à chercher dans l’absence d’une vision claire pour asseoir cette nouvelle ville. C’est ce qui nous a valu ces tergiversations qui sont même allées jusqu’à la création d’un ministère fantoche, celui « chargé de la nouvelle ville ».
Boileau ne disait-il pas que: « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément. » ?
La différence a été faite au niveau de la conception avec plus d’ingéniosité du Président de la République, son Excellence Macky SALL, qui a très tôt compris que le site devait avoir pour objectif principal de décongestionner la ville de Dakar à la fois capitale administrative et économique très limitée dans ses possibilités d’extension du fait de l’océan Atlantique.
L’emplacement géographique était alors plus que stratégique parce qu’on ne devrait pas trop s’éloigner du « patient » pour pouvoir lui apporter des remèdes efficaces.
D’où le choix porté sur Diamniadio, à 30 km de la capitale, 15 km du nouvel aéroport international Blaise Diagne et surtout avec 2000 ha de terrains disponibles, la proximité avec Thiès et Mbour, entre autres atouts, pour recevoir le pôle urbain, étape importante du Plan Sénégal émergent, dans une commune qui existait déjà mais qui a été complètement reconfigurée par les infrastructures de dernière génération de toutes sortes qui sont sorties de ses flancs de nouvelle ville, et donc pas de ville nouvelle, la nuance est de taille, Diamniadio existant depuis belle lurette.
Parmi celles-ci on peut citer, entre autres :
– Le Centre international de Conférences Abdou Diouf, un fleuron de classe mondiale, a été inauguré en 2014 lors du sommet de la francophonie que notre pays s’était fait l’honneur de recevoir avec une surface fermée de 14 700 m2, une salle principale d’une capacité d’accueil de 1500 personnes, de 6 salles VIP de 100 m2 chacune, un restaurant VIP de 210 places, un restaurant public de 260 places, un parking de 200 places, etc ;
– Les sphères ministérielles réalisées dans le cadre du partenariat Public/Privé dont une partie a été réceptionnée ce 02 mai par le Président Macky SALL, inauguration qui marque une étape historique dans la marche de l’administration sénégalaise qui voit une partie de ses démembrements déployés hors de Dakar avec 120 000 m2 de bureaux qui seront mis prochainement à la disposition de l’administration sénégalaise. Ceci va permettre à l’Etat d’alléger sa facture locative de 8 milliards de F CFA par an.
Les réalisations sont faites à 60% par des nationaux ;
– Les programmes résidentiels avec l’ambition de construire sur le site 40 000 maisons et appartements économiques pour pallier au plus vite le déficit énorme de logements à Dakar et accueillir jusqu’à 300 000 habitants ;
– Les deux plateformes industrielles intégrées qui feront de Diamniadio une ville industrielle avec une dizaine de bâtiments d’affaires, un parc numérique de 26 ha.
La première plateforme, déjà terminée, est dotée d’un hangar de 7000 m2 et pourra recevoir 60 entreprises sur une superficie de 52 ha ;
– L’aménagement de plus de 200 espaces verts et de lacs artificiels pour donner un sens au développement durable avec le concept d’éco quartier ;
– Un complexe sportif multifonctionnel de 15 000 places avec des aires de basket-ball, volleyball, handball, boxe et patinage.
Aussi la connexion entre Diamniadio et le reste de l’agglomération est-elle déjà facilitée par la desserte de l’autoroute à péage qui sera renforcée par le prolongement de la VDN et la mise en place du Train Express régional(TER) Dakar-AIBD, ligne de chemin de fer électrique à écartement standard dont l’ouverture du premier tronçon est prévu pour la fin de l’année 2018.
Bref, Diamniado est en miniature le Sénégal émergent des horizons 2035 découlant du Plan Sénégal émergent, vision futuriste du Président Macky SALL, conçu et validé grâce à une vaste concertation avec tous les acteurs qui a abouti à des réformes dans les domaines économique et social.
In fine, l’idéal sera de sortir les populations de leurs besoins les plus vitaux en offrant à chaque Sénégalaise et Sénégalais les moyens de son autonomie grâce à son inclusion dans le tissu économique.
Toutefois ces importantes réalisations cachent mal des réalités beaucoup moins heureuses pour ces nombreux agents des ministères appelés à rejoindre, dans de brefs délais, les sphères ministérielles conçues pour accueillir progressivement les ministères du gouvernement, hormis ceux considérés de souveraineté que sont les Finances, la Justice, les Forces armées et les Affaires étrangères.
Si gouverner c’est prévoir on se demande pourquoi nos autorités étatiques ont attendu le tout dernier moment pour informer les concernés sur ce déménagement assimilable à tremblement de terre pour la plupart parce que aucunement préparée à faire face à pareille situation.
Quelles mesures d’accompagnement le gouvernement compte-t-il prendre pour alléger les nombreuses difficultés auxquelles seront confrontés ces agents de l’Etat ?
Avant la mise en circulation du TER, quelles mesures pour desservir cette zone pour le moment très enclavé ?
Quel traitement de faveur réservé à ces agents disposant de véhicules de fonction ou de véhicules personnels devant emprunter l’autoroute à péage deux fois dans la journée ?
Y’a-t-il des infrastructures scolaires pour accueillir les enfants des agents choisissant de résider dans le pôle urbain ?
Quelles facilités leur seront accordées dans l’octroi des logements au pôle ?
Voilà un certain de questions que se posent ces milliers d’agents qui, depuis l’annonce du déménagement sur Diamniadio, ne dorment plus du sommeil des justes et passent des nuits où les rêves ont cédé la place aux cauchemars.
Bref le déplacement d’un certain nombre de ministères n’est pas chose aisée et demanderait une préparation échelonnée sur un certain nombre de mois avec des mesures d’accompagnement déjà prises, ce qui est loin d’être le cas.
Espérons qu’il n’engendrera pas, les premiers mois surtout, des dysfonctionnements préjudiciables à la bonne marche de l’administration sénégalaise.
Fait à Thiès le 28 juin 2018
El Hadji Abdou WADE dit Mara.
Diamniadio: Du rêve à la réalité et de la réalité au cauchemar ! .