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La Justice Refuse De Se Libérer De La Politique

Dans une analyse très soutenue notre concitoyen Pape Babacar Sow a tenté d’illustrer et de déplorer l’arrimage de la justice sur la politique dans un intitulé : « La politique refuse de libérer la justice ». Une lecture bien possible de ce que nous constatons avec regret et dépit dans ce label démocratique que fut le Sénégal. Toutefois, le négatif de cet intitulé pourrait aussi révéler d’autres vérités pour comprendre de façon plus globale ce mal citoyen que nous vivons. Et si la justice refusait elle-même de se libérer de la politique ?

« L’Etat ne développe pas, on se développe » écrivait le célèbre historien Joseph Ki-Zerbo. L’ État est une entité immatérielle dont le gouvernement est la représentation physique et provisoire. Sous cet angle le gouvernement est l’État dont des règles assurent le bon fonctionnement. Toutefois la règle, aussi bonne qu’elle est, est mis en application par l’homme. A ce propos, le président Abdou Diouf et le professeur Serigne Diop affirmaient en substances que la probité des acteurs qui animent les lois est essentielle à la manifestation d’un État de droit. Ainsi se comprend aisément que l’État ne développe pas mais, c’est plutôt l’acteur, le citoyen qui se développe.

Le développement dont il est ici question serait celui d’un État d’esprit épris de liberté, de probité, des valeurs, pour lesquelles nous avons défini les objectifs de l’éducation en général et ceux de l’enseignement supérieur en particulier. La liberté ne s’offre pas sur un plateau. Elle est partout pris en otage dans des combats entre forces antagonistes et contradictoires pour des desseins spécifiques.

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Le judiciaire, par la voix des magistrats, doit arracher sa liberté et son indépendance vis-à-vis de l’exécutif, du législatif et de tout autre pouvoir, fut il, religieux, coutumier ou social. Quand le magistrat n’a que faire de sa liberté, il serait illusoire de penser que la pertinence des textes puissent libérer la justice.

Partout, depuis la nuit des temps et jusqu’à la fin de ces derniers, le politique cherchera toujours à contrôler la justice. Il revient alors aux acteurs de celle-ci de s’arroger pleinement les pouvoirs que leur confèrent les textes et les lois qui nous régissent et garantissent notre équilibre.

« Les porteurs de pancartes , ils veulent leur indépendance. Qu’il la prenne » disait De Gaulle.

Magistrats, vous voulez votre liberté, prenez là.

 

Ousmane Sy

citoyen enchainé

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